Stephen Hawking, c’est un cerveau parmi les plus performants du siècle et – cruelle ironie – un corps rendu inapte à tout mouvement en raison d’une maladie dégénérative connue sous le nom de maladie de Charcot. Frappé à 21 ans, condamné par les médecins à une paralysie progressive de toutes ses fonctions motrices en un temps record et à deux ans de vie maximum, l’astrophysicien anglais, dans le malheur de son handicap, a la chance que son cerveau soit indemne. Il a contredit les pronostics puisqu’il est aujourd’hui âgé de 73 ans, a eu trois enfants, deux femmes et a produit l’une des théories les plus ingénieuses de son temps, celle des trous noirs.
James Marsh, réalisateur qui alterne fictions et documentaires (Le funambule, soit le voyage de Philippe Petit sur un fil tendu entre les Twin Towers, ou Le projet Nim, chronique de l’échec de l’adoption d’un chimpanzé élevé comme un homme), a une marque de fabrique : dresser le portrait d’hommes extraordinaires. Des héros. Parfois des fous. Des hommes qui se démarquent par leur génie, leur excentricité, leur force de vie, leur propension à relever des défis.
Le temps du titre, c’est celui de vingt-cinq ans de la vie d’Hawking, celui de son mariage, de son combat contre le handicap, mais aussi celui du temps auquel il a consacré toutes ses recherches consignées dans le best-seller Une brève histoire du temps.
Le film s’inspire du livre de Jane Hawking, épouse que Stephen rencontra à l’université de Cambridge. Une femme amoureuse dévouée corps et âme à son mari, et un personnage complexe. Subtilement, le film interroge ce qui peut animer Jane : une amoureuse consciente de vivre aux côtés d’un être exceptionnel, génie dont les travaux allaient faire franchir à l’astrophysique un pas de géant. Une infirmière à temps plein aussi, donnant la becquée, soignant, assistant à chaque instant son mari pour tous les gestes quotidiens.
Tant d’abnégation, tant d’amour pendant vingt ans pour un Stephen Hawking au charme, il est vrai, bien réel, est-ce que c’est une vie ? Surtout que le film, à en croire Jane Hawking, a gommé les sautes d’humeur de Stephen, totalement dépendant et néanmoins orgueilleux (et oui, c’est Hollywood face à l’Histoire). Jane avait-elle trouvé une raison d’être tandis qu’en retour elle offrait au scientifique de quoi mener le plus possible une vie normale, celle-là même qui donna à Hawking le courage de continuer ?
Depuis leur rencontre à Cambridge, c’est au travers du regard de Jane que l’histoire merveilleuse nous est contée. En cela, le film ne colle pas aux codes habituels du biopic, il se concentre sur cette histoire d’amour à part, révélant tant le caractère d’Hawking et l’objet de ses travaux de chercheur que le portrait de Jane, une femme exemplaire à sa façon. Mention spéciale pour le comédien Eddie Redmayne qui prête au personnage sa gueule d’amour – il est un peu trop beau mec quand le vrai Hawking ne l’était pas mais c’est plus agréable pour les yeux !
Sa performance est d’une grande justesse, le défi était pourtant de taille. Drame romantique, le film de James Marsh évoque un amour, un combat qui est une sacrée leçon (à méditer chaque matin où l’on se lèverait du mauvais pied), et parvient à contourner le pathos d’une histoire aussi incroyable que vraie dans une mise en scène élégante. Parfois, oui, la vie offre des drames romantiques. Celui d’Hawking et Jane en est un.
A bon entendeur.
Source : La Revue Bancal, Par Claire Chevrier
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