En janvier 2023, Maxime Mistretta, ingénieur à l’Institut Pasteur, et Amine Raji créent la start-up Spore.bio. « Je travaillais auparavant pour de grands groupes agroalimentaires comme Nestlé. J’étais très frustré des outils utilisés pour contrôler l’absence de contaminants dans les produits. Les tests pour quantifier les bactéries ou les moisissures nécessitent plusieurs jours, le temps de les cultiver dans des boîtes de pétri. Dans certains cas, quand les entreprises font appel à des prestataires extérieurs, les vérifications peuvent prendre 20 jours », remarque Amine Raji, CEO de Spore.bio. Forts de ce constat, les partenaires développent donc une technologie de microbiologie industrielle capable de réduire considérablement la durée d’analyse et ainsi éviter les 420 000 décès annuels attribués à des intoxications alimentaires dans le monde. Un troisième cofondateur, l’ingénieur Mohamed Tazi, expérimenté dans la gestion de start-up, s’est ajouté à l’équipe en tant que COO. Quelques mois après sa création, Spore.bio lève 8 millions d’euros pour le renforcement de son équipe. Aujourd’hui, elle regroupe 15 personnes dans deux laboratoires parisiens.
Associer microbiologie et IA
La technologie proposée par Spore.bio est à la croisée entre l’optique et l’intelligence artificielle. « On parle beaucoup d’IA à travers les chatbots par exemple, mais il existe des applications bien plus concrètes, qui mènent à la résolution de problèmes industriels », assure le CEO.
La start-up récupère des échantillons de différents industriels de l’agroalimentaire, de la cosmétique ou de la pharmacie. Certains sont contaminés, d’autres le sont artificiellement par les équipes de Spore.bio. L’échantillon passe ensuite dans l’instrument qui détecte le signal spectral des bactéries. En parallèle, il est cultivé dans une boîte de pétri pour obtenir des données de référence. Les résultats recueillis permettent d’entraîner un modèle d’intelligence artificielle basé sur le machine learning. « Notre technologie détecte des microorganismes en quelques secondes avec des niveaux de performances semblables, voire meilleurs que ceux des boîtes de Pétri », se réjouit Amine Raji. La start-up a déjà converti cette preuve de concept en un prototype industriel qui est en cours d’installation chez trois entreprises en Europe.
L’outil est compact et simple d’utilisation. « On peut le poser sur une paillasse et il ne nécessite qu’un raccord à l’électricité et une connexion internet pour être relié à notre base de données. L’industriel nous loue la machine et il peut réaliser autant de tests qu’il le désire », précise le CEO. Avec le déploiement de ces machines, l’entreprise va se qualifier sur le terrain, valider ses performances et enrichir sa base de données. Une première étape vers la commercialisation de leur instrument, qui permettra aux industriels de s’assurer de la qualité de leur produit de manière rapide.
Dans le domaine, les concurrents les plus proches de Spore.bio se basent sur des solutions biologiques comme la PCR qui recherchent l’ADN ou l’ARN des bactéries dans l’échantillon. Mais ces méthodes nécessitent au moins 48 h, avec d’importantes contraintes matérielles et techniques. « Nous sommes vraiment la première start-up à développer ce type de technologie pour ce genre d’application », se félicite Amine Raji. Il poursuit : « Nous cherchons à recruter quinze personnes pour faire avancer l’industrialisation et le suivi opérationnel de nos clients. Ceux qui ont un background technique sont les bienvenus ! »
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