Entretien avec Yves Roquelle, ingénieur civil expert en pathologies du béton, dessinateur-projeteur de formation, et co-animateur du cycle de formation Spécialiste Pathologies béton et structures.
Techniques de l’Ingénieur : Yves Roquelle, vous êtes ingénieur civil et expert en prévention, détection et réparation des pathologies du béton. Vous co-animez chez Techniques de l’Ingénieur un cycle de formation sur ce thème. Dans quel contexte s’inscrit-il ?
Yves Roquelle : Le métier d’expert en pathologies du béton est encore très confidentiel, comptant une cinquantaine de personnes ou bureaux d’études en France compétents dans ce domaine. D’une part parce que peu de gens y sont formés, et d’autre part car c’est un métier qui amène à traiter de gros marchés, de gros ouvrages d’art, où l’on n’a pas le droit à l’erreur.
Jusqu’à récemment, la pratique voulait qu’un ouvrage détérioré était détruit et remplacé. Sous l’impulsion de l’État, la tendance actuelle veut que l’on répare plutôt que l’on détruise. Et ce suivant un raisonnement simple : un ouvrage détruit voit sa valeur réduite à néant, et l’ouvrage le remplaçant représente un coût souvent lourd à payer à un instant T. Alors qu’un ouvrage réparé coûtera peut-être tout aussi cher, mais de façon étalée dans le temps.
L’intérêt de maitriser des pathologies du béton est donc d’apprendre à reconnaitre un béton malade, à le réparer en choisissant le meilleur process, mais surtout en amont, à le protéger.
Or, il n’existe aujourd’hui aucun diplôme pour l’instant, et il faut pourtant bien former des spécialistes.
Techniques de l’Ingénieur : Qui sont les publics potentiellement concernés par ces problématiques, et donc par ce cycle de formation ?
Yves Roquelle : Toute personne concernée par la maintenance d’ouvrage, qu’il s’agisse de bureaux d’études, d’architectes, d’ingénieurs territoriaux ou des DIR, ou encore d’agents techniques sur sites industriels.
Mais en priorité, les prescripteurs de travaux sont concernés, puisque c’est eux qui vont décider comment réparer tel ou tel ouvrage d’art, ravaler telle ou telle façade. Pour eux, les risques d’une mauvaise décision ne sont pas anodins : il y a eu beaucoup de sinistres dus à un manque de maitrise dans la réparation du béton. En génie civil, il n’y a pas d’assurance Dommages ouvrage, et si l’entreprise réalisant les travaux traite mal l’ouvrage d’art puis ferme boutique, le client n’a plus que ses yeux pour pleurer.
Techniques de l’Ingénieur : Quel est le programme de ce cycle de formation ?
Yves Roquelle : Il s’étale sur trois sessions de trois jours. Lors des trois premiers jours, on revient aux fondamentaux : la fabrication du ciment, l’histoire du ciment et du béton, qui sont les bases pour comprendre les attaques de la pâte cimentaire, et ce qu’on appelle la matrice cimentaire.
Ensuite, nous attaquons les pathologies elles-mêmes, puis, lors des trois derniers jours, la réparation du béton, le choix des produits, les problèmes de compatibilité entre les produits, comment réparer tel ou tel type d’ouvrage, le tout en se basant sur des cas particuliers d’ouvrages, et éventuellement des cas concrets proposés par les participants eux-mêmes.
A l’issu des trois premiers jours, ils auront déjà compris l’importance de la pathologie. A la fin du cycle de formation, ils seront de véritables spécialistes en traitement des pathologies du béton.
Mais attention, il s’agit véritablement d’une formation haut de gamme, qui nécessite que les participants soient réellement motivés et attentifs, et aient quelques prérequis. Il ne s’agit pas d’une formation où l’on traite de différents thèmes dont certains peuvent vous concerner et d’autres non. Ici, l’on traitera des pathologies du béton et uniquement des pathologies du béton, ce cycle s’adresse donc à des personnes véritablement concernées par ce sujet.
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