La part de marché des véhicules électriques neufs a atteint 17 % en France en 2023, contre 2 % en 2019. France Stratégie pointe l’intérêt de continuer à mieux cibler les aides vers les ménages modestes pour développer le marché, notamment via le leasing social.
Pour une fois, la France fait mieux que la moyenne européenne. En 2023, la part de marché des véhicules électriques neufs a atteint 17 % en France en 2023, contre 15 % à l’échelon européen. Le marché commence à décoller, alors que les véhicules électriques neufs ne représentaient encore que 2 % des ventes en France en 2019. Mais le soutien au développement des véhicules électriques est-il adapté ? C’est la question à laquelle répondent deux économistes dans une nouvelle note d’analyse de France Stratégie.
Des subventions et un malus bienvenus
En France, le soutien public pour développer les ventes de motorisation électrique repose avant tout sur des subventions à l’achat. C’est notamment la prime à la conversion et le bonus écologique désormais réservés aux seuls véhicules entièrement électriques, et non plus hybrides même rechargeables, dont le prix d’achat n’excède pas 47 000 euros. Le dispositif de soutien prévoit aussi un malus progressif portant sur les émissions de CO2 (pour tout véhicule émettant plus de 117 gCO2/km) et un malus progressif au poids pour les véhicules thermiques (et hybrides rechargeables à partir du 1er janvier 2025) de plus de 1,6 tonne. En 2023, 37,7 % des immatriculations de véhicules neufs ont été soumis au malus.
« Le bonus-malus expliquerait 40 % de la progression de la part de marché des véhicules électriques de 2019 à 2021, et un tiers de la réduction des émissions des véhicules neufs, résume l’avis de France Stratégie. Le coût pour les finances publiques serait de 600 euros par tonne de CO2 évitée, voire 800 euros en tenant compte des pertes de recettes fiscales induites. »
Le surcoût à l’achat, un frein pour les ménages modestes
Le dispositif semble particulièrement séduire les particuliers. Les ménages représentent 47,5 % des ventes de véhicules neufs, mais 65 % des ventes de véhicules électriques. « Le surcoût à l’investissement entre des citadines électrique et thermique est rentabilisé par des gains à l’usage de trois à six ans pour un ménage modeste éligible au bonus et à la prime à conversion (contre dix ans pour un ménage “supérieur”) », calcule France Stratégie.
Pour autant, le surcoût pour l’achat d’un véhicule neuf électrique par rapport à un thermique reste un frein pour les ménages modestes. Malgré un bonus de 7 000 euros contre 4 000 euros pour les revenus plus élevés, ils ne représentent que 15 à 20 % des bénéficiaires du bonus. Le marché de l’occasion qui concentre la plupart des transactions des ménages (85 %) ne permet pas encore de démocratiser le véhicule électrique pour cette tranche de la population. Les véhicules électriques y demeurent particulièrement rares, puisque seulement 1,5 % du parc y est électrique.
En ce sens, France Stratégie voit dans le leasing électrique « une voie à poursuivre » pour éviter aux ménages un lourd investissement. Avec 50 000 dossiers déposés par les ménages modestes début 2024, c’est déjà plus que les 30 000 bonus écologiques demandés par cette catégorie de la population en 2023. France Stratégie ajoute : « Pour les ménages intermédiaires et supérieurs, il s’agira de trouver l’équilibre entre hausse du malus pour les véhicules thermiques et baisse du bonus pour l’électrique. L’intervention publique gagnerait également à cibler des véhicules de taille raisonnable et produits avec de l’énergie décarbonée. Le score environnemental constitue une avancée importante en la matière. »
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