Produire de l’énergie est dangereux, et source potentielle de dommages plus ou moins graves pour les personnes et pour les biens. Extraire du charbon dans une mine, par exemple, est un travail dangereux car des accidents peuvent survenir et conduire à la mort de personnes. Le risque, c’est-à-dire la probabilité pour que se réalise un dommage lors d’une exposition à un danger, peut être diminué en prenant des mesures appropriées.
Un des objectifs du progrès est d’essayer de réduire au maximum le risque d’accident, mais cela a un coût. Lorsqu’un accident arrive, malgré toutes les précautions prises, les conséquences sur l’opinion publique sont bien différentes selon la nature de la source d’énergie. Un accident dans une centrale nucléaire, par exemple, n’a pas le même impact que celui qui se produit dans une mine de charbon. Le charbon est une source d’énergie dont l’extraction souterraine est particulièrement dangereuse. Quand la France exploitait ses mines de charbon, de nombreux accidents sont arrivés. Le plus grave d’entre eux s’est produit le 10 mars 1906 à Courrières dans le Pas-de-Calais. Officiellement, 1.099 personnes ont alors péri, sans doute plus car un nombre indéterminé de travailleurs non déclarés travaillaient dans la mine, notamment de jeunes enfants.Les mauvaises conditions de travail et une direction qui ne pensait qu’aux profits ont conduit à ce lourd bilan. Il s’en suivit une grève importante férocement réprimée par les autorités. Malgré tout, ce mouvement social a conduit à l’instauration du repos hebdomadaire dont tout le monde profite aujourd’hui. Si le charbon ne tue plus en France, il le fait encore dans les pays qui l’exploitent.
Risques et conséquences sont très différents d’une source d’énergie à l’autre
Les autres sources d’énergie présentent aussi des dangers et des risques d’accidents. L’ENSAD (energy-related severe accident database) est une base de données élaborée au Paul Scherrer Institute, en Suisse, qui répertorie en particulier le nombre d’accidents ayant causé plus de 5 morts immédiats, entre 1969 et 2000, lors de l’exploitation d’une source d’énergie.
Le tableau ci-dessous montre quelques résultats pour les principales sources d’énergie. La comparaison entre les différentes sources est intéressante car elle montre que les risques et les conséquences sont très différentes d’une source d’énergie à l’autre, et souvent pas en rapport avec la perception que le grand public peut en avoir (la colonne 2 montre le nombre d’accidents ayant causé plus de 5 morts entre 1969 et 2000 lors de l’exploitation des sources d’énergie indiquées dans la colonne 1. La colonne 3 montre le nombre total de morts causés par ces accidents).
Source d’énergie | Nombre d’accidents (plus de cinq morts) | Nombre de morts |
charbon | 1 221 | 25 107 |
pétrole | 397 | 20 218 |
gaz naturel | 135 | 2 043 |
GPL | 105 | 3 921 |
hydraulique | 11 | 29 938 |
nucléaire | 1 | 31 |
TOTAL | 1 870 | 81 258 |
On observe que les combustibles fossiles dominent largement le nombre d’accidents ainsi que le nombre de morts. On remarquera le grand nombre de victimes dans le secteur de l’hydraulique, alors que le nombre d’accidents est faible. Cela vient de la catastrophe qui a eu lieu en Chine en 1975 : la rupture du barrage de Bangiao et d’autres barrages à Shimatan. On estime qu’il y a eu 26.000 morts lors de cette catastrophe. La France a connu deux catastrophes liées à la rupture de barrages : la première en 1895 au Bouvet (100 morts), et la seconde en 1959 à Malpasset (421 morts). Pour le nucléaire, il s’agit de la catastrophe de Tchernobyl qui a eu lieu le 26 avril 1986. Si l’exploitation des sources d’énergie est dangereuse, le risque n’est pas le même selon les conditions d’exploitation mises en place. La figure ci-dessous montre la répartition du nombre d’accidents et du nombre de morts dans des accidents d’exploitation de sources d’énergie entre 1969 et 2000 pour les pays de l’OCDE et hors OCDE : On constate que les accidents sont moins nombreux (26% du total) dans les pays de l’OCDE et que le nombre de morts est beaucoup plus faible (12% du total) par suite de meilleures conditions de travail et une meilleure prévention des risques.Malheureusement, exploiter l’énergie tue et tuera encore mais on peut réduire le nombre d’accidents et de victimes en améliorant la prévention. Cette énergie a toutefois aussi des effets positifs sur une grande partie de la population mondiale qui, sans elle, n’aurait pas le niveau ni l’espérance de vie qu’elle a aujourd’hui, même si cette ressource est souvent gaspillée.Par Christian Ngô, auteur pour Techniques de l’Ingéneiur En savoir plusAgrégé de l’Université et Docteur es sciences, Christian Ngô a fait de la recherche fondamentale en physique nucléaire pendant presque 20 ans à l’Université d’Orsay et au CEA/Saclay. En mai 2008, il a créé Edmonium Conseil.
Serait-il possible d’avoir une mise a jour du tableau incluant les energies dites renouvelables (solaire, solaire thermique, marin et eolien) par ailleurs le constat pour Tchernobyl semble ignorer l’augmentation de la mortalité due a l’augmentation du nombre de cancers de la tyroide et de fausses couches ou malformations de nouveaux-nes.
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