Les professionnels français montent au créneau. Chez nos voisins italiens, un appel d’offres a été lancé en Juin 2016 par le Gouvernement. Il vise la production de 120 mégawatts (MW) de projets d’énergie solaire à concentration. La sélection des projets devrait être annoncée d’ici la fin de l’année. Pendant ce temps, les acteurs français du secteur rappellent que la seule centrale actuellement en cours de construction est la centrale de Llo, située dans les Pyrénées-Orientales. Elle sera dotée d’une capacité de 9 MW. Mais il y a pire. La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) d’octobre 2016 ne contient aucun objectif pour la filière solaire thermodynamique. L’incompréhension règne alors que les objectifs précédents visaient 540 MW à fin 2020.
Contrairement au solaire photovoltaïque, cette technologie est encore loin d’être compétitive.
Le Gouvernement italien a annoncé que le prix d’achat de l’électricité pour les futurs projets sélectionnés s’élèvera à 345 €/MWh pour les projets inférieurs à 5MW et 329 €/MWh pour les autres. « Ce prix est conditionné à plusieurs critères de performance énergétique et environnementale, comme l’obligation d’un stockage minimum d’environ 4h à pleine charge qui permettra de produire durant la pointe électrique et l’interdiction de fluides toxiques pour ces moyens de stockage », fait savoir le syndicat des énergies renouvelables (SER) dans un communiqué.
Du solaire thermodynamique en France pour exporter
Le solaire thermodynamique requiert un puissant ensoleillement, d’au moins 2.000 kWh/m², pour offrir un bon rendement et être rentable. « La technologie est particulièrement adaptée dans les pays où l’ensoleillement direct est très élevé : il s’agit notamment de l’Afrique du nord, du Proche et Moyen Orient, de l’Australie, du sud-ouest des Etats-Unis, de l’Inde, de l’Asie Centrale, d’une partie de l’Amérique latine, notamment le Chili », relève Jean-Louis Bal, Président du SER.
Si cette technologie n’est pas une solution pour l’électricité française, la filière se développe dans le monde. Entre 2005 et 2015 les capacités installées sont passées de 355 MW à 4,7GW. Ce développement est tiré par l’Espagne (2,3 GW) et les États-Unis (1,7 GW). CSP Today, un cabinet d’études anglais spécialiste du CSP, prévoit un marché à 22 GW en 2025. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) prévoit même une contribution du solaire thermodynamique à hauteur de 11,3 % de la production d’électricité mondiale à l’horizon 2050. Soit 1.000 GW installés.
Les professionnels français sont donc unanimes : il faut développer une filière française d’excellence à l’export. « Dans le Sud de la France, nous avons quelques sites qui peuvent être exploités et qui peuvent constituer des références pour nos industriels », assure Jean-Louis Bal. Ces « projets-vitrines » permettront aux industriels français de se positionner sur de grands projets internationaux. Ils devront être « d’une puissance significative, de l’ordre de 50 MW », demande le SER. Faute d’appels à projet en France, les acteurs français se positionnent sur des démonstrateurs à l’étranger. Dans cette perspective, ils demandent à ce qu’une partie du programme des investissements d’avenir puisse financer le développement de démonstrateurs à l’étranger. Ces projets auraient lieu dans des zones à ensoleillement direct particulièrement élevé.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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