Les mégots sont partout et polluent les terres et les océans. Pour remédier à ce problème majeur, deux ingénieurs ont l’objectif de recycler ces déchets toxiques en oreillers, doudounes et même filaments 3D. Focus sur Smoky, jeune start-up francilienne.
En juillet 2020, en pleine période de Covid, Alexandre Perret et Stefan Petrovic décident de lancer leur entreprise à la sortie de leur école d’ingénieur, l’École supérieure d’ingénieurs de Luminy. « Nous avons décidé de créer cette start-up, Smoky, car on voulait avoir un impact positif sur la planète et les mégots sont les premiers pollueurs de l’océan », explique Alexandre Perret. La start-up est basée sur un business model relativement simple : les sociétés paient un abonnement mensuel pour que Smoky leur fournisse des cendriers personnalisés, deux collectes par mois et la garantie que les mégots seront recyclés. « Nous avons observé que les cendriers sur mesure incitaient davantage les employés à se soucier de la fin de vie de leur cigarette. Pour l’instant nous ne travaillons qu’avec des entreprises privées, mais le public nous approche de plus en plus », constate le cofondateur.
Purifier les filtres
Une fois les mégots collectés par Smoky, ils sont acheminés dans leur usine en Île-de-France. Le papier et la cendre des cigarettes sont récoltés pour être transformés en compost. Reste le filtre, composé d’acétate de cellulose, particulièrement pollué par des métaux lourds, des goudrons, des produits chimiques, mais aussi des microplastiques. « On isole au mieux cette mousse grâce à un broyage. On fait ensuite une extraction de tous les déchets toxiques. Il nous reste, en plus de la mousse propre, un liquide pollué qui est traité par nos partenaires dans un laboratoire spécialisé », précise Giovanni Bellani.
L’acétate de cellulose est alors réemployé dans des rembourrages de coussins, de doudounes. Il peut également être compressé et chauffé pour le transformer en plaque plastique ou en filaments d’impression 3D.
De nouveaux horizons
En septembre 2023, Smoky va ouvrir une usine dédiée à la transformation de l’acétate de cellulose recyclé en Île-de-France. « Notre but est vraiment de créer une grosse filière de recyclage des mégots. Nous souhaitons ne produire que des filaments pour l’impression 3D qui ont une grande valeur ajoutée. Cela nous permettrait de financer tout le recyclage, sans demander aux entreprises de s’abonner », développe le cofondateur. Les clients actuels de l’entreprise comme LVMH, Lazard (groupe de conseil financier) ou même les villes, les collectivités et les musées pourraient ainsi disposer de cendriers et de la collecte des mégots de manière gratuite. « Nous trouvons cela plus sain de proposer le recyclage de manière gratuite », ajoute-t-il.
Opérant seulement en région parisienne, la start-up cherche à s’étendre dans tout l’Hexagone afin de récolter, d’ici fin 2024, cinq tonnes de mégots par an, contre 600 kg aujourd’hui.
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