La volonté de Skyreal est de fournir des applications à leurs clients qui vont leur permettre de créer eux-mêmes leurs contenus immersifs. Un défi permanent pour la start-up dirigée par Hugo Falgarone, spécialisée dans le développement d’outils de visualisation pour de grands systèmes : avions, usines… Interview.
Editions Techniques de l’Ingénieur : Racontez-nous l’émergence de SkyReal dans le monde de la réalité virtuelle.
Hugo Falgarone : J’ai travaillé pendant 17 ans chez Airbus, où j’ai participé au développement des méthodes et outils destinés aux ingénieurs pour concevoir de grands projets ou systèmes complexes. Il s’agit de passer d’un modèle CAO à un modèle virtuel pour la visualisation et la prise de décision. Nous avons travaillé sur tous les outils numériques, immersifs et autres, qui permettaient de faire cela et nous avons pu valider ces technologies et l’apport de ces dispositifs sur tous les grands programmes d’EADS et d’Airbus ces dernières années.
Le projet Skyreal vient en fait de l’externalisation de ces technologies développées chez Airbus. L’équipe actuelle de Skyreal est composée pour l’essentiel d’anciens collaborateurs d’Airbus, et nos premiers clients sont en fait nos anciens collègues, avec qui nous avions déjà validé ces technologies.
Quel est le principe des modèles virtuels développés ?
Un des points importants pour nos clients est le fait de pouvoir se servir des données de conception CAO et de pouvoir le plus rapidement possible les utiliser à l’échelle 1. C’est particulièrement pertinent dans l’aéronautique où l’on conçoit des systèmes de grande taille.
L’exemple que l’on donne couramment va être celui de savoir si, dans un sous-marin, un outil amené à être utilisé à différents endroits du submersible pourra toujours donner satisfaction avec les configurations spatiales prédéfinies.
Cette capacité de vérification de l’opérabilité des outils est quelque chose qui prend d’habitude énormément de temps. C’est également un moyen de repérer les erreurs de conception, puisque nous pouvons simuler une quantité de situations impossibles à anticiper dans leur ensemble. Si ces erreurs existent dans tous les projets, il s’agit aujourd’hui de les détecter le plus rapidement possible. Toujours dans le but de réduire les temps de cycle.
Le traitement des données constitue un véritable défi pour visualiser des maquettes aussi massives.
Aujourd’hui, c’est la réussite d’Airbus d’avoir permis le développement de modèles capables de traiter une quantité de données très importante, pour fournir des outils immersifs capables de gérer la visualisation à l’échelle 1 d’un avion ou d’une usine par exemple. D’ailleurs, ces immenses modèles voient leurs données mises à jour quotidiennement, pour que les utilisateurs puissent évoluer dans un environnement immersif «à jour».
L’autre point clé est l’utilisation d’un moteur 3D issu du jeu vidéo, Unreal Engine, qui offre des performances très importantes, à la fois dans la partie collaborative mais aussi en termes d’évolution, puisque le secteur du jeu vidéo est extrêmement concurrentiel.
Quels types d’usages proposez-vous à vos clients ?
Ils sont au nombre de trois. Le premier usage concerne les revues de maquettes. C’est l’usage typique, qui peut concerner aussi bien les ingénieurs, les clients… D’ailleurs, nous constatons chez tous les types de publics un attrait immédiat pour la technologie et les rendus virtuels que l’on obtient. Il n’y a pas de phénomène de rejet lié à l’utilisation de cette technologie chez les clients, au contraire. Aussi, la revue permet de valider beaucoup plus vite les choix, ou au contraire de constater immédiatement les problèmes et les traiter.
Le second usage concerne la validation. On s’adresse là aux ingénieurs qui ont besoin, pour faire les gammes de montage, de maintenance, de pouvoir démonter un sous-ensemble et étudier les meilleurs biais pour le remonter, le modifier, le réparer… Ils vont alors se mettre dans la peau des opérateurs pour visualiser concrètement toutes les opérations à faire – et à prévoir – sur un ensemble. A quelle hauteur on opère, quel poids est soulevé, combien de temps met-on pour assembler tels ou tels composants…?
Quelle est la place de la formation, votre troisième usage ?
C’est un sujet important, qui est en train de se mettre en place. Il s’agit de former des personnels qui vont opérer et maintenir des équipements.
Le premier sujet mis en place est l’évaluation de la capacité d’un opérateur à suivre des instructions : est-ce que ces instructions sont suffisamment claires, y a-t-il des points de blocage… On va pouvoir également mettre l’opérateur dans des situations plus variées pour évaluer sa capacité d’adaptation : on n’opère pas de la même façon selon que l’endroit est sombre, que l’on est sur une échelle, que l’espace pour travailler est réduit… On va aussi pouvoir simuler des situations de panne, de danger, d’urgence, qui sont prévues dans la formation mais souvent complexes à mettre en situation sans dispositif de RV.
Le sujet principal aujourd’hui sur le domaine de la formation est le coût de génération du contenu. Nous, nous ne produisons pas de contenu. Nous fournissons uniquement l’applicatif qui permet au client de créer le contenu par lui-même à partir de ses données 3D. C’est ce que nous voulons également pour les formations, c’est-à-dire délivrer au client les outils nécessaires qui lui permettront de créer ses formations de manière autonome.
Propos recueillis par P.T
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