Lorsque l'on parle de la consommation énergétique liée à l'usage d'Internet, on se focalise souvent sur les data centers. Mais selon l'étude « Web energy archive », la consommation électrique chez les utilisateurs liée à la consultation des sites web est de loin le premier poste de consommation électrique.
A chaque fois que vous réalisez une tâche sur votre ordinateur, ouvrez ou fermez un programme ou un nouvel onglet dans un navigateur, la consommation électrique de votre ordinateur fluctue. La consommation électrique de votre ordinateur n’est pas fixe !
Le projet « Web energy archive » s’est intéressé pour la première fois au surplus de consommation électrique des ordinateurs des utilisateurs dû à la consultation de sites internet. Mené par Green Code Lab, association spécialisée de consultants dans l’éco-conception des logiciels, il a obtenu le soutien de l’ADEME.
Les 100 sites les plus visités étudiés à la loupe
Pour les 100 sites les plus visités en France selon ODJ/Médiamétrie, la consommation électrique moyenne est estimée à 60 milliwattheure (mWh) par page vue sur un ordinateur*. Mais la consommation est très inégale en fonction des sites : elle varie ainsi de 10 à près de 250 mWh. Cela peut paraître peu. Mais en prenant en compte le nombre de pages vues de ces sites, les auteurs estiment que, côté utilisateur, la consommation électrique des 100 sites web les plus visités en France est de 8 gigawattheure (GWh) par an. Cela correspond tout de même à la consommation de plus de 3000 foyers.
Les auteurs parlent ici d’impact dû à la consultation d’un site web. Ces 8 GWh constituent le surcoût de consommation électrique côté client créé par la consultation du site, alors que l’ordinateur est déjà allumé. En prenant en compte la consommation électrique de base du PC, avant ouverture de la page, la consommation est alors estimée à 68 GWh, soit la consommation de 25 400 foyers !
Surfer avec une tablette ou un téléphone portable consommerait près de 5 fois moins d’énergie que sur PC. Mais là encore, la consommation varie de façon importante selon les sites consultés. Ainsi, si la consommation moyenne est de 9 mWh par page, les sites le plus légers consomment 5 mWh et les sites les plus lourds 13 mWh. Cela a un impact non négligeable sur la batterie ! « Sur une hypothèse de 1 heure de consultation par jour, on pourra avoir une différence de 10,6% d’autonomie en moins soit quasiment un cycle de décharge en plus tous les 10 jours », précise le rapport d’étude. Pour le bien de votre batterie, il faudrait donc en théorie privilégier les sites les moins énergivores.
En réalité, «l’utilisateur ne peut pas faire grand-chose, c’est aux développeurs de sites de changer leurs pratiques pour plus d’éco-conception », estime Olivier Philippot, membre de Green Code Lab. Selon lui, ils peuvent notamment remplacer le java par du htm5, réduire la taille des images et le nombre de requêtes lancées vers des serveurs à chaque connexion, simplifier les liens avec les réseaux sociaux, etc.
En bref, « l’impact des sites web sur la consommation des ressources des postes clients peut fluctuer en fonction de la plate-forme matérielle, du navigateur et du site web », peut-on lire dans le rapport. Chrome est ainsi la « Ferrari » des navigateurs, consommant près d’un tiers d’électricité en plus que Firefox et Internet explorer.
Serveurs ou utilisateurs : qui consomme le plus ?
Du côté des serveurs des sites, les chercheurs n’ont pas pu faire de mesures. Mais, en prenant en compte les caractéristiques de la page (taille des éléments, nombre de requêtes) et la provenance des éléments, ils ont tout de même pu estimer la consommation moyenne par page du serveur, soit 2,7 mWh. Pour les 100 sites les plus visités en France la consommation des serveurs est ainsi estimée à 0,58 GWh, soit nettement moins que la consommation des utilisateurs.
L’association travaille désormais sur le développement du Label smartweb, une sorte d’étiquette énergie pour les sites Internet. « Un site web pourra afficher cette étiquette pour se prévaloir d’un effort qu’il a fourni sur l’écoconception et la moindre consommation de ressources », prévoit Olivier Philippot. Green code lab compte lancer prochainement une opération de crowdfunding pour financer le projet.
Pour voir les sites utilisés dans l’étude ou inscrire le vôtre et suivre sa consommation énergétique tous les 15 jours, rendez-vous sur http://webenergyarchive.com
*Les mesures ont été réalisées sur 2 plateformes PC (Intel P4HT/Windows XP et Intel Core 2/Windows 7) et sur un téléphone LG Optimus 5 II (LG-E460) fonctionnant sous le logiciel OS Android 4.1.2
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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