Malgré le blocage récent dans le port de Portland d'un brise-glace nécessaire à ses opérations, Shell vient de commencer à forer le puits Burger J, dans la mer de Chukchi en Alaska, tout proche de l'Océan Arctique.
Shell avait mis en suspens ses explorations en Alaska en 2013, suite à une série d’incidents et de défaillances techniques. Mais le groupe annonce avoir commencé ses opérations de forage sur un puits d’exploration ce jeudi autour de 17 heures en Alaska (vendredi à 3h, heure française). Cela intervient alors que le brise-glace finlandais de 116 mètres de long, le Fennica, quittait le port de Portland, après avoir été bloqué pendant 40 heures par des écologistes de Greenpeace.
Ce même jour, Shell a annoncé une réduction de ses effectifs de 6 500 employés et une baisse de ses investissements à hauteur de 7 milliards de dollars. Le PDG Ben van Beurden a néanmois fait savoir aux investisseurs que la société restait fidèle à ses plans dans les eaux au large des côtes de l’Arctique de l’Alaska, les qualifiant de « plan à long terme ».
Un premier forage commence au large de l’Alaska
Sur place, les deux plateformes de la flotte pétrolière de Shell (le Kulluk et le Transocean Polar Pioneer), partis de Seattle il y a quelques semaines, ont déjà commencé le forage de son premier puits. Selon les autorisations accordées au pétrolier, le forage de la zone supérieure du puits Burger J, celle ne contenant pas d’hydrocarbures, peut commencer en l’absence du Fennica. Il faudra attendre le navire pour aller plus loin, car il transporte du matériel de secours en cas de marée de noire. Une telle catastrophe est malheureusement à craindre. « D’après une étude d’évaluation d’impact menée par le gouvernement américain lui-même, les probabilités pour qu’au moins une marée noire importante se produise en Arctique sont de 75% », s’inquiète Greenpeace.
A son arrivée, dans quelques jours, le Fennica commencera à forer la partie supérieure du puits Burger J, l’un des 6 puits identifiés dans le plan d’exploration de Shell. Shell annonce qu’un deuxième puits, le Burger V, pourrait être foré d’ici la fin de l’année.
Greenpeace retarde le Fennica
L’action a été fortement médiatisée : Greenpeace avait orchestré un barrage humain, grâce à 13 activistes suspendus dans de petits hamacs au pont Saint-John à Portland. Des dizaines d’autres étaient rassemblées dans des kayaks empêchant ainsi le bateau de quitter le port. Les activistes ont finalement été délogés par la police ce jeudi. La justice fédérale avait imposé à l’organisation une amende de 2500 dollars pour chaque heure passée à bloquer le bateau du pétrolier Shell.
L’action de Greenpeace n’aura donc réussi qu’à retarder le Fennica. Ce bateau avait fait escale quelques jours à Portland pour effectuer des réparations sur sa coque, après avoir heurté un objet inconnu près des Îles Aléoutiennes, au sud-ouest de l’Alaska, plus tôt ce mois-ci. Ce bateau contient une pièce de forage essentielle pour forer sur toute la profondeur du puits.
Un travail en milieu hostile
Les ONG redoutent que ces forages mettent en danger l’écosystème du cercle Arctique, dans le pôle Nord. « Températures glaciales, conditions climatiques extrêmes et éloignement géographique constituent de sérieux obstacles aux opérations de forage et de dépollution dans les eaux glacées de l’Arctique », assure Greenpeace. « Or le navire de forage de Shell, le Kulluk, s’était échoué sur les côtes de l’Alaska lors de la dernière campagne de Shell dans la région. Et si le Fennica a pris du retard sur la route de la mer des Tchouktches, c’est parce qu’il a dû retourner à Portland pour subir d’importantes réparations et colmater une entaille d’un mètre de long dans sa coque», s’inquiète l’association.
Mi-juin, des militants en kayak avaient déjà tenté de bloquer une plateforme pétrolière de Shell à Seattle pour l’empêcher de mener des explorations pétrolières dans l’Arctique. Ces manifestations font suite à l’autorisation donnée à Shell par le président Barack Obama le 11 mai pour forer dans l’Arctique. Greenpeace appelle les internautes à signer une pétition en ligne demandant à Barack Obama de retirer son autorisation de forage, affirmant qu’« il n’est pas trop tard ».
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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