Cela fut rude. Les nerfs ont été mis à rude épreuve. Les adversaires n’ont pas démérité. Mais c’est finalement Numéricable qui l’emporte, laissant Bouygues Télécom rageur. Car la défaite risque de lui couter cher. Désormais, Bouygues va devoir jouer des coudes face à trois concurrents très agressifs et plus gros, à la force de frappe plus importante. Tout d’abord Orange, numéro 1 des marchés des télécoms et opérateur historique, la nouvelle entité SFR-Numéricable qui compte bien capitaliser sur la complémentarité mobile/fibre optique via des offres quadriplay, et enfin Free, dont la stratégie de guerre des prix a siphonné une bonne partie des abonnées de Bouygues, contraint d’ajuster sa propre politique tarifaire et donc de rogner ses marges.
En 2013, Bouygues était en troisième place en termes de chiffre d’affaires, avec 4,7 millions d’euros. Devant Free avec « seulement » 3,7 millions, mais loin derrière Orange (20 millions) et SFR (10,2 millions). En intégrant au calcul les clients mobiles titulaires de cartes prépayées, Orange atteint 27 millions de chiffre d’affaires, SFR 21 millions, Bouygues Télécom 11,1 millions et Free 8 millions. En absorbant SFR, Bouygues pouvait prétendre faire jeu égal avec Orange et s’imposer comme nouveau n°1 des télécoms en France. Mais Vivendi en a décidé autrement, et c’est finalement Numéricable qui met un pied dans la téléphonie, anéantissant du même coup les ambitions de Bouygues Télécoms.
Après cette terrible défaite, rappelons qu’il y a encore quelques semaines Bouygues était grand favori pour rafler SFR, Bouygues Télécom n’entend pas baisser les bras. Tout d’abord, en mauvais perdant, Bouygues Télécom va tout faire pour ralentir et pourrir la mise en place du rachat en abusant de tous les leviers juridiques à sa disposition. En parallèle, il va profiter de cette période pour capitaliser sur l’indécision des clients SFR à grand renforts d’offres commerciales ayant pour objectif de débaucher un maximum d’abonnés.
Enfin, une association entre les pires ennemis Bouygues et Free devient pertinente. Bouygues avait d’ailleurs prévu, en cas de rachat de SFR, de céder une partie de ses fréquences à Free pour rassurer l’Autorité de la concurrence. Mais SFR n’étant plus d’actualité, pourquoi ne pas vendre la totalité de la filiale télécom à Free ? Cela englobe le réseau, les fréquences, mais aussi l’ensemble de sa base client ! D’après nos confrères du Parisien, Free proposerait 5 milliards alors que Bouygues en attend 8. Décidément, Bouygues n’a pas fini de négocier !
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