L’Union européenne prévoit de relever son ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 de -40 % à au moins -55% par rapport à 1990. Dans son rapport Vision ou division ?, Ember a analysé les plans nationaux énergie-climat (PNEC) que doivent rendre les Etats membres et qui définissent les objectifs de mix électrique d’ici 2030, ainsi que les moyens alloués pour y parvenir.
Plus d’énergies renouvelables mais sept pays qui bloquent
La nouvelle analyse d’Ember montre que grâce aux bons élèves, la production d’électricité renouvelable est partie pour doubler dans l’UE d’ici 2030. Elle assurera alors près de 60 % de la consommation, contre 32 % en 2018. L’éolien et le solaire pourraient assurer 40 % de la consommation, contre 15 % en 2018. Le contenu carbone du kilowattheure serait divisé par deux sur la période, atteignant 150 grammes de CO2 équivalent (gCO2/kWh).
« Si notre analyse montre que de nombreux pays de l’UE ont déjà des plans ambitieux pour décarboner leur système électrique, nous avons également identifié sept pays clés qui bloquent les progrès de l’UE, partage Charles Moore, directeur du programme Europe de Ember et auteur principal du rapport. À moins qu’ils ne changent de cap, il sera extrêmement difficile d’atteindre une réduction des émissions de 55 %, sans parler de 60 %. »
Des énergies fossiles, toujours trop présentes, charbon en tête
Les sept pays pointés du doigt par Ember sont la Pologne, la République Tchèque, la Bulgarie, l’Allemagne, la Belgique, la Roumanie et l’Italie. Malgré des progrès, Ember estime qu’un quart de l’électricité européenne pourrait encore provenir de sources fossiles en 2030, contre 48 % en 2018. En Pologne et en Belgique, cette part tournerait même autour de 60 % en 2030. La Belgique est le seul pays où la part des combustibles fossiles augmente par rapport à 2018, suite à sa sortie du nucléaire.
En 2030, le charbon représentera encore au moins un tiers de la production totale d’électricité en Bulgarie, en République Tchèque et en Pologne. Les PNEC indiquent également des parts de charbon supérieures à 15 % en Allemagne, en Roumanie et en Slovénie. En Italie et en Belgique, la part élevée des combustibles fossiles en 2030 est presque entièrement constituée de gaz naturel.
Sept pays menacent les objectifs climatiques de l’UE
Divisée par deux, la production électrique à base de charbon serait alors concentrée à 90 % en Pologne, Allemagne et République Tchèque en 2030. L’intensité carbone du réseau électrique de ces pays serait ainsi respectivement de 566 gCO2/kWh, 248 gCO2/kWh et 425 gCO2/kWh. Ces pays pourraient alors concentrer ensemble environ 80 % des émissions liées au secteur électrique dans l’UE.
En 2030, la Pologne aura le réseau électrique le plus intense en carbone, devant la République Tchèque. Le pays sera le premier producteur de charbon, avec 40 % de la production électrique restante de l’UE à partir du charbon, l’Allemagne le second avec environ un tiers de la production. L’Allemagne sera pour sa part responsable d’environ 30 % des émissions du secteur électrique de l’UE, la République Tchèque de 22 %.
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