Informé de la température directement dans son champ de vision, le sapeur-pompier équipé de la technologie Seephar pourra distinguer les zones les plus chaudes dans un incendie et anticiper le danger.
Parce qu’elle peut aider à analyser et à maîtriser un incendie, la réalité augmentée pourrait assister le sapeur-pompier du futur. Lui-même ancien sapeur-pompier volontaire et à la tête de la société Seephar, Jean-Paul Granier y travaille activement depuis 2015. «Il y a un besoin d’identifier les points les plus chauds dans l’environnement au travers des fumées les plus épaisses, explique-t-il. L’enjeu est d’anticiper le risque, afin d’éviter que le sapeur-pompier évolue dans les zones où les températures sont les plus élevées, et d’améliorer l’efficacité de l’intervention, afin de concentrer l’arrosage sur les points les plus chauds.»
Les caméras thermiques montrent leurs limites dans un tel contexte. «Elles sont utiles après l’incendie pour confirmer l’extinction totale et prévenir les nouveaux départs de feu, poursuit Jean-Paul Granier. Mais, pendant l’intervention, elles ne sont guère pratiques car elles obligent le sapeur-pompier à détourner son regard.» D’où l’intérêt de superposer ces informations pertinentes et le champ de vision.
Ces courbes isothermes ne dénaturent pas la vision réelle
«L’idée est née il y a 20 ans mais la technologie n’existait pas à l’époque, rappelle Jean-Paul Granier. J’ai fondé Seephar en 2015 pour développer ce projet. Architecte en système d’information, j’ai mis au point des algorithmes qui analysent les thermogrammes issus du capteur thermique et construisent des courbes isothermes, qui s’inspirent des courbes d’altitude en topographie ou des courbes isobares en météorologie. Cette représentation de l’échelle des températures a l’avantage de préserver tous les détails de l’observation réelle, comme la couleur des fumées.» Là est la principale innovation qui fait la différence par rapport aux solutions concurrentes d’Ektos et de Darix.
L’Internet des objets est également envisagé pour des applications de supervision. «Les données de pression provenant d’un appareil respiratoire connecté pourraient ainsi être communiquées hors du site de l’intervention» imagine Jean-Paul Granier. Si les fondations technologiques ont été posées, Seephar n’a pas encore de réalité commerciale, loin s’en faut. «Je suis à la recherche de partenaires, dont des fabricants de casques de réalité augmentée, indique Jean-Paul Granier. Je me suis rapproché d’Optitec (pôle de compétitivité spécialisé en imagerie et en photonique, NDLR) et de Safe Cluster (autre pôle de compétitivité consacré à la sécurité et à l’aérospatiale, NDLR). Bâtir un consortium serait un moyen d’adresser ce marché de niche sur un plan national et international.» Outre les sapeurs-pompiers, publics ou privés, le CEA du centre de Gramat a manifesté de l’intérêt pour Seephar et l’expertise autour de l’analyse de thermogrammes.
Par Frédéric Monflier
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