Le 22 février, Météo-France alertait dans un communiqué : « la pluie n’est pas tombée en France depuis le 21 janvier, soit une série de 32 jours consécutifs (21 février inclus), du jamais vu durant un hiver météorologique ». Cela n’était pas arrivé depuis le début des mesures en 1959, devançant le record de 2020. La pluie tant attendue a fini par tomber le 22 février.
Mais les précipitations restent rares. « Le mois de février 2023 devrait se terminer avec un déficit pluviométrique de plus de 50 %, devenant ainsi l’un des mois de février les plus secs, jamais enregistrés depuis le début des mesures en 1959 », prévient Météo-France. Les sols connaissent un assèchement remarquable pour la saison hivernale, avec « un état qu’on rencontre habituellement mi-avril, soit deux mois d’avance », partage l’organisme. La pluviométrie de mars sera déterminante pour le rechargement des nappes phréatiques, celle d’avril et mai également dans une moindre mesure.
Planifier et anticiper un manque d’eau cet été
Après le plan de sobriété énergétique, le gouvernement devrait prochainement présenter un plan de sobriété sur l’eau. En déplacement au salon international de l’agriculture le 25 février, le président de la République Emmanuel Macron a appelé à « faire attention à cette ressource qui devient rare » et à adopter « des comportements de sobriété dans nos pratiques ».
Il est fort probable que l’eau manque cet été, donc autant anticiper. « Plutôt que de s’organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d’usage, on doit planifier tout ça », a prévenu le chef de l’État. Il a ainsi appelé à « mieux récolter l’eau de pluie », « avoir moins de fuites dans les réseaux d’eau » et « mieux répartir l’utilisation de l’eau potable selon les usagers », notamment en « continuant de produire et d’investir sur des rétentions (sic) collinaires ».
La France devrait rapidement se doter d’une planification sur le sujet. « On a, ces derniers jours, transmis au Conseil d’État un décret pour mieux réutiliser les eaux usées », a notamment annoncé Emmanue Macron. Invité la veille sur France 2, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, expliquait que ce texte vise la réutilisation des « eaux grises », soit les eaux usées domestiques faiblement polluées. « Nous sommes à 1,8 % d’utilisation de ces eaux en France, quand en Italie on est à 15 ou 17 %. […] La législation va changer pour assouplir et clarifier un certain nombre de choses, c’était des freins », a-t-il précisé.
« Tous les clignotants sont au rouge »
Dans une interview accordée au Journal Du Dimanche, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu appelle pour sa part à des mesures « extraordinairement précoces », estimant que « tous les clignotants sont au rouge ». Le ministre a ainsi reçu le lundi 27 février les préfets « qui coordonnent les sept grands bassins du territoire ». En substance, il leur adresse ce message : « Anticipez ! Prenez les mesures qui permettent dès à présent de faire des économies d’eau. S’il faut dès maintenant prendre des arrêtés de restrictions pour s’assurer que la ressource en eau soit préservée pour cet été, prenez-les. »
Début mars, la Première ministre, Élisabeth Borne doit mettre en place une cellule interministérielle « chargée d’anticiper les risques et mesures à prendre en cas de sécheresse, mobilisant l’ensemble des services de l’État concernés ». À ce jour, le 27 février 2023, cinq départements sont placés en alerte renforcée sur au moins une partie de leur territoire : Ain, Bouches-du-Rhône, Isère, Pyrénées-Orientales, Var, et un département est au niveau de vigilance : la Savoie.
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