Une jeune femme engagée dans des études scientifiques et techniques, exposée aux discriminations raciales, et/ou résidant dans un quartier réputé difficile, et/ou venant d’un milieu modeste, a-t-elle potentiellement moins de chances de décrocher un stage qu’une autre ? Réponse : oui.
Une liste de raisons justifiées ?
L’AFIJ en a fait le constat. Cette association, financée par les pouvoirs publics et qui aide les jeunes diplômés à chercher leur premier emploi, un contrat en alternance ou un stage, a décidé de soutenir les étudiantes engagées dans des formations techniques et scientifiques. « Au fil des témoignages, nous nous sommes aperçus que ces filles s’autocensurent pour plusieurs raisons, explique Laetitia Bellagamba, chargée de mission insertion à l’AFIJ. Soit on leur dit que ces filières ne sont pas faites pour elles, soit elles s’aperçoivent qu’elles sont en minorité par rapport aux garçons et cela leur fait peur, soit elles méconnaissent les métiers relatifs à leur formation, soit elles anticipent des pratiques discriminatoires lors de leur recherche de stage, soit issues d’un milieu modeste et devant travailler pendant leurs études, elles font passer leur job alimentaire avant leur stage et leur formation, soit elles pensent que ces métiers sont trop durs pour se concilier avec une vie de famille. »
Un panel de 133 étudiantes
Face à ces freins, l’AFIJ lance début 2011 une action appelée « a-censure » auprès de 133 étudiantes engagées dans des études en Sciences/Technologies/Santé, IUT, universités (licence ou master), grandes écoles… Parmi elles, 126 sont exposées aux discriminations raciales, 45 résident dans des quartiers dits « sensibles ». Toutes suivent un module de formation de l’AFIJ sur la recherche de stage, mais 40 filles se disent prêtes à aller plus loin en intégrant un accompagnement intensif et expérimental.
Leur mettre le pied à l’étrier
« Nous les avons mises en relation avec des professionnelles du secteur scientifique et technique pour qu’elles puissent développer leur connaissance des métiers et leur réseau », raconte Laetitia Bellagamba. Nous avons organisé des rencontres avec le CIDFF pour discuter de la conciliation vie professionnelle-vie familiale, pour leur donner des notions légales et juridiques sur la discrimination, sur l’égalité professionnelle femme/homme. Nous voulions leur faire comprendre qu’il est possible d’accéder à des postes à responsabilité et qu’il existe des pistes pour pallier leur autocensure. Enfin, nous les avons mises en relation avec des recruteurs en recherche de stagiaires pour qu’elles aient l’opportunité d’un entretien et acquièrent ainsi plus de confiance en elles ».
Une action à poursuivre
L’expérimentation s’est terminée en août dernier et le bilan sera dressé prochainement. Il permettra de savoir combien de jeunes filles au final ont trouvé un stage, s’il était ou non de qualité, etc. Mais il est d’ores et déjà prévu de renouveler l’action et de l’améliorer. « Peut-être en faisant appel à des marraines, en nous rapprochant d’autres associations comme Elles bougent ». À suivre.
AFIJ, Association pour Faciliter l’Insertion professionnelle des Jeunes diplômés
55 250 inscrits dont 65% de filles et 35% de garçons
37% de filles sont dans des filières scientifiques et techniques
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