A l’occasion du premier Sommet mondial des régions pour le climat, de nombreuses personnalités politiques françaises se sont succédées à la tribune : Laurent Fabius, Anne Hidalgo, Serge Lepeltier, Michel Rocard, Nicolas Hulot... mais aussi : Arnold Schwarzenegger, le célèbre héros de films d’action et fervent militant de la lutte contre le changement climatique.
Arnold Schwarzenegger a fondé le R20, Regions of Climate Action, suite à l’échec du Sommet de Copenhague en 2009. Il s’agit d’une organisation internationale à but non lucratif engagée pour aider les Etats, les provinces, les régions, mais aussi les villes à développer et mettre en oeuvre des projets bas carbone. Cette ONG les aide aussi à mettre en oeuvre des politiques et des projets à même de stimuler la croissance verte au niveau mondial. »Les gouvernements subnationaux ont le pouvoir de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 80%, c’est pourquoi j’ai créé le R20″, a rappelé Arnold Scharzenegger à l’occasion de ce Sommet.
L’ambition de ce Sommet était de mobiliser tous les secteurs en partant du terrain, fédérer les régions, villes, entreprises et investisseurs autour d’une déclaration commune : la « Déclaration de Paris ». L’objectif? Les engager à oeuvrer concrètement pour le climat et presser les gouvernements nationaux à parvenir à un accord à Paris en 2015.
A présent, cette déclaration sera portée à travers le monde par le R20 et les organisations partenaires jusqu’à la COP21 pour collecter d’autres signatures. « Près de 2 900 régions membres de nos organismes vont, pendant un an, se mobiliser pour faire signer cette alliance des régions et des villes pour Paris-Climat 2015 », prévient Michèle Sabban, Présidente du R20. Cela représente « plus de 700 millions d’hommes et de femmes dans le monde », précise-t-elle. Cet appel sera remis aux chefs d’Etats et de gouvernements à l’ouverture de la COP21. Il s’agit d' »une démarche bottom-up pour influer sur l’avenir de notre planète », insiste Michèle Sabban.
Arnold Schwarzenegger, un « Visionnator »
En tant qu’ex-gouverneur de Californie, le constat d’Arnold Shwarzenegger est sans appel : il faut que toutes les régions entrent en action. « En Californie, on n’attend jamais le gouvernement fédéral ou un accord international : on ne croit pas en l’attente, on croit en l’action permanente », défend-il. »La Californie est devenue 40 % plus efficace en énergie que le reste des Etats-Unis, ce qui signifie que si le pays suivait notre chemin, nous pourrions fermer 75 % des centrales à charbon », prévient-il. L’Etat californien prévoit encore de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 85% d’ici 2050.
« Les derniers rapports des Nations Unies prédisent que le réchauffement climatique ralentira la croissance économique, accroîtra le pauvreté et menacera la sécurité alimentaire autour du monde. C’est plus inquiétant que n’importe quel film, c’est le défi de notre époque. C’est pour cela que je suis dans cette croisade pour créer un futur énergétique durable et annihiler le changement climatique une fois pour toute », insiste l’ex-gouverneur.
Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a quant à lui tenu à saluer l’engagement de l’acteur. « Le gouverneur Shwarzenegger, et il l’a dit lui-même, on le connait comme Terminator. Mais il est assez rare qu’un Terminator puisse être en même temps un Initiator et un Visionnator », a-t-il plaidé.
Mettre en mouvement les régions pour lutter contre le réchauffement
Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez a insisté sur le « rôle déterminant de l’échelon territotorial des régions dans la lutte contre le changement climatique ». « Les entreprises souhaitent ardemment que la Conférence de Paris soit un grand succès […], les entreprises ont besoin de cadre, de savoir où l’on va », a-t-il précisé.
Serge Lepeltier, ambassadeur français chargé des négociations sur le changement climatique, met néanmoins en garde les dirigeants. « Attention au « bottom-up », qui peut être une véritable excuse, avec pas de véritables engagements des Etats, mais simplement des exemples donnés, il faut un véritable accord global contraignant », a-t-il alterté. « Si l’on veut absolument aboutir à un accord, quelquefois on se donne une ambition minimale pour que cet accord soit pris et il y aura là un vrai risque ». « C’est peut-être quelque chose qui ne devrait pas être dit : prenons le risque d’un non accord, car si nous ne le prenons pas, nous ferons un accord minima qui ne luttera pas réellement contre les changements climatiques », a prévenu l’actuel Maire de Bourges.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique