SBTi s’est développé sous l’impulsion de quatre institutions : le Carbon Disclosure Project, le Pacte Mondial de l’ONU, le World Ressource Institute et le World Wide Fund For Nature. Son objectif est de proposer différentes méthodes aux institutions pour leur permettre de réduire leurs émissions, afin d’être en mesure de respecter les Accords de Paris, à savoir la neutralité carbone d’ici à 2050.
Pour réaliser ceci, STBi a notamment édicté une norme – SBTi Corporate Net Zero Standard – qui permet de guider les entreprises dans leurs stratégies de réduction, sur les 3 scopes qui englobent la totalité de leurs émissions directes et indirectes. En France la mesure précise de chaque scope s’effectue généralement via un bilan carbone de l’entreprise, première étape pour évaluer où se situent les sources d’émission de l’organisme concerné et être en mesure de mettre en place une stratégie cohérente.
Pour rappel, le scope 1 concerne toutes les émissions directes de gaz à effet de serre émises par l’entreprise, le scope 2 regroupe les émissions indirectes et liées à l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les processus de production. Enfin, le scope 3 regroupe toutes les émissions indirectes de l’entreprise, et représente souvent la majeure partie de l’empreinte carbone de l’entreprise. Il couvre les émissions associées aux activités en amont et en aval de la chaîne de valeur, comme le transport et la distribution ou l’élimination des biens chez le consommateur.
SBTi engage les entreprises à prendre en compte dans leur stratégie les scopes 1 et 2, et le scope 3 lorsque celui-ci représente plus de 40 % des émissions de l’entreprise.
En avril 2024, la direction de SBTi a fait polémique en expliquant qu’à l’occasion de la révision de sa norme Corporate Net Zero, l’organisme allait autoriser les entreprises à utiliser des crédits carbone pour réduire les émissions du scope 3.
Une trahison pour beaucoup, dénoncée par de nombreuses organisations, et même par une partie des membres de STBi, mettant en avant une porte ouverte au green washing, de nombreuses entreprises utilisant les mécanismes de la finance carbone pour compenser leurs émissions sans engager de réduction réelle de leurs activités. Dans l’esprit, les entreprises doivent mettre en place des stratégies de réduction de leurs émissions, les crédits carbones venant compenser les émissions, résiduelles, impossibles à éviter par l’entreprise.
Depuis, STBi a publié deux documents, une proposition de révision de la méthode de fixation des objectifs de réduction d’émissions, et une revue de littérature sur l’efficacité des crédits carbone dans le cadre des objectifs climat des entreprises.
A travers ces deux documents, et avant la publication en début d’année prochaine de la norme révisée, SBTi revient sur sa communication antérieure, allant plutôt dans le sens des entreprises, pour dire que les crédits carbone ne sont pas une solution pour réduire leurs émissions.
En ce qui concerne le scope 3 en particulier STBI a bien conscience qu’il n’est pas cohérent d’utiliser ce dernier comme principale donnée de pilotage, de par la difficulté de le calculer précisément, mais aussi parce qu’il agrège – en tonnes de CO2 – des enjeux en réalité très différents pour les entreprises.
Un porte-parole de STBi résume les enjeux : « La première étape cruciale dans la mise en place d’une approche efficace de réduction des émissions pour les entreprises du monde entier consiste à fixer un objectif fondé sur la science. Il constitue une étoile polaire en matière de décarbonation, conforme à ce que la science nous dit nécessaire pour éviter une catastrophe climatique. Lorsque l’on cherche à atteindre cet objectif, la priorité est, et doit rester, une décarbonation profonde de la chaîne de valeur. Dans le cadre de notre révision de la norme Corporate Net-Zero du SBTi, nous étudions actuellement comment les certificats d’attributs environnementaux – y compris les crédits carbone – peuvent montrer que les entreprises respectent les exigences de nos normes, voire les dépassent. Aucun des scénarios envisagés n’implique de compensation. La version révisée de notre norme Corporate Net-Zero sera publiée pour consultation publique en janvier 2025 ; nous encourageons toute personne intéressée à participer à la consultation. »
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