Elon Musk a toujours vu les choses en grand. Le projet Starlink en est un exemple éclatant. Décliné en détail par Gynne Shotwell, la présidente de SpaceX, devant la télévision américaine en octobre, Starlink veut développer l’accès internet par satellite et le rendre opérationnel n’importe où sur Terre..
La constellation de satellites Starlink devrait ainsi fournir internet aux Américains dès l’année prochaine. In fine, ce sont au total 12 000 satellites qui doivent se retrouver sur des orbites relativement basses (entre 328 et 580 km). Le tout d’ici 2024 !
Pour l’instant deux lancements (voir la vidéo du dernier lancement ci-dessous) – 60 mini-satellites à chaque fois – ont permis de mettre quelques 115 satellites en orbite. En effet, 3 satellites n’ont pas réussi à se placer et deux ont été retirés.
Chaque satellite pèse 227 kilogrammes pour une taille semblable à celle d’une grosse machine à laver (0,7m x 0,7m x 1m).
24 lancements prévus en 2020
Starlink permettra à la société SpaceX de proposer une couverture correcte d’internet à travers la planète bien avant le placement des 12 000 satellites prévus. D’après la présidente de SpaceX, « Il faudra au moins 24 lancements pour proposer une bonne couverture. Nous espérons avoir procédé à ces lancements avant la fin de l’année prochaine ».
Mais ce n’est pas tout. Le 16 octobre dernier, Gynne Shotwell a également demandé l’autorisation à l’Union Internationale des Télécommunications de mettre en orbite 30 000 satellites (en plus des 12 000 déjà prévus pour Starlink) supplémentaires.
Si cette demande est acceptée, SpaceX va donc placer en orbite 42 000 satellites. Tous ne seront pas nécessaires au fonctionnement de Starlink, et certains seront consacrés à des demandes client spécifiques.
42 000 satellites. Un chiffre tout de même ahurissant, quand on sait qu’aujourd’hui, on compte en orbite environ 2 100 satellites actifs (un peu plus de 4 000 objets en tout orbitent autour de la Terre). Mais qui pourrait rapporter gros. L’objectif à court terme est de s’approprier 3 à 5% du marché mondial de l’internet, soit environ 30 milliards d’euros.
Une certaine dose de scepticisme
Au-delà des chiffres, la mise en place de Starlink, à laquelle nous assistons et qu’on verra encore se développer l’année prochaine, pose des questions.
Celle qui vient le premier à l’esprit concerne l’encombrement spatial. Les astronomes craignent entre autres que les observations par télescope soient plus compliquées, la visibilité étant moindre. Déjà les premières plaintes se sont faites entendre. Au mois de novembre, l’astronome Clarae Martinez-Vasquez, travaillant à l’observatoire interaméricain de Cerro Tololo au Chili, a tweeté : « une énorme quantité de satellites Starlink a traversé notre ciel cette nuit @cerrotololo. Notre exposition DECam a été lourdement compromise par 19 d’entre eux ! Le train de satellites a duré plus de 5 minutes ! ! Assez déprimant… ». D’autres plaintes, émanant d’autres astronomes à travers le monde ont émergées, les mini-satellites d’Elon Musk n’étant in fine pas toujours responsables des manques de visibilité !
Autre problème, le risque de collision entre satellites, qui va mécaniquement augmenter au fur et à mesure des placements de nouveaux satellites en orbite. Cela fait déjà quelques années que la problématique de l’encombrement spatial et des risques de collisions inhérents sont évoqués. Aujourd’hui, même si les estimations varient, on estime que les débris spatiaux sont extrêmement nombreux :
- 5 000 objets mesurant plus d’un mètre ;
- 20 000 objets entre 10 cm et 1m ;
- 150 000 000 de fragments de quelques millimètres.
Alors que penser ? Les satellites de Starlink vont-ils créer un encombrement spatial supplémentaire qui va rendre le risque de collision trop important ? La réponse est non, puisque l’Union Internationale des Télécommunications, qui attribue les orbites aux satellites, a donné son feu vert en connaissance de cause. Notre ciel est-il déjà pour autant encombré par trop d’engins et de débris spatiaux ? La réponse est oui. Au vu de l’autorisation donnée à SpaceX pour la mise en orbite de ses 12 000 satellites, il apparait important de continuer le développement de projets pour “nettoyer” les orbites proches, même si cela n’est envisageable que pour des débris d’une certaine taille pour le moment. Cela fait d’ailleurs plusieurs décennies que des projets de ce type sont mis en place, sans succès caractérisé pour le moment.
Et Elon Musk dans tout ça ? Pour le milliardaire sud-africain, Starlink est une manne financière, qui devrait lui permettre de financer un projet encore plus fou et éloigné de notre vieille terre… il s’agit bien sûr de l’exploration de Mars.
P.T
Cet article se trouve dans le dossier :
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