Les secteurs de la santé, de l’agriculture et de la grande distribution traversent, à différents degrés, des transitions qui vont offrir aux ingénieurs de nouvelles opportunités, dans les années qui viennent.
Alors que le monde sort doucement de la crise COVID, le secteur de l’industrie pharmaceutique français boucle cette période avec une certitude : il est nécessaire pour l’industrie hexagonale de relocaliser la production de certains médicaments et produits pharmaceutiques. Une ambition complexe à mettre en œuvre, puisqu’aujourd’hui, 80% des matières premières et des médicaments produits par l’industrie pharmaceutique le sont en Asie. Il s’agit donc de développer une supply chain et une chaîne logistique en capacité de permettre à la France, et à l’Europe, de retrouver un certain degré de souveraineté dans son approvisionnement en produits pharmaceutiques et en médicaments. C’est particulièrement vrai pour les antibiotiques et le paracétamol, en pénurie dans certains pays il y a quelques semaines encore.
L’innovation reste aussi au cœur des préoccupations des secteurs de la santé. Suite au développement express de vaccins ARNm contre le COVID pendant la crise sanitaire, les laboratoires planchent sur des nouveaux vaccins contre la bronchiolite chez le nourrisson par exemple, ou encore contre certains cancers. Cette tendance à l’innovation, inhérente au secteur, mais dont l’intensité augmente depuis la fin de la crise COVID, profite déjà aux jeunes diplômés, et va drainer la création de nombreux emplois dans le futur : en effet, le développement actuel de la télémédecine, de la robotisation, de la modélisation, nécessite le recrutement de jeunes ingénieurs qui pourront imaginer, développer, et utiliser ces nouvelles technologies.
L’agriculture en pleine modernisation
Le secteur agricole est également en pleine transition. Les nouvelles technologies – drones, connectivité des outils, intelligence artificielle – ont besoin, comme on vient de l’évoquer pour le secteur de la santé, d’ingénieurs capables de les développer et de les utiliser.
Aussi, la transition vers une agriculture plus durable, moins polluante, entraîne avec elle la création de nombreux nouveaux emplois pour les ingénieurs.
Le secteur agricole, dont plus de 70% de la production est transformée par le secteur agroalimentaire, entraîne ce dernier dans son sillage. Il faut se souvenir, comme ce fut aussi le cas pour le secteur pharmaceutique, que l’agroalimentaire a souffert de la crise sanitaire, puis de la guerre en Ukraine : en témoignent les récentes pénuries de moutarde ou de blé. Ces fragilités ont été mises en évidence et prises en charge, que ce soit au niveau européen ou national, à travers par exemple le plan France 2030. Ces financements et la volonté de relocalisation drainent déjà de nombreux nouveaux emplois.
Enfin, le sujet de l’adaptation du secteur agricole au changement climatique est un sujet majeur de la décennie à venir. En ce sens, le développement très rapide par l’industrie de technologies d’intelligence artificielle – pour permettre d’optimiser au mieux les rendements agricoles, anticiper les événements climatiques, limiter les consommations d’eau… – constitue un défi fondamental pour tout le secteur. Et ceux qui, comme l’agroalimentaire, lui sont intimement associés.
Enfin, dernier élément qui va booster les recrutements du secteur dans les années à venir, la nécessité d’innover et de mettre au point, au niveau agroalimentaire, la capacité du secteur à nourrir près de dix milliards d’habitants à l’horizon 2050. A noter que pour l’année 2023, on estime à 8 000 le nombre de recrutements dans le secteur agricole.
La grande distribution, rempart à l’inflation ?
Enfin, le contexte économique actuel, marqué par une forte inflation, oblige les secteurs de la grande distribution à innover pour limiter l’impact de l’augmentation du prix des matières premières sur le porte-monnaie de leurs clients. Pour se faire, priorité a été donnée au développement de filières courtes, et de circuits de distribution les plus locaux possible. En parallèle de ce mouvement, le développement de l’e-commerce, en plein boom depuis la crise sanitaire, concurrence les enseignes de grande distribution, mais crée dans le même temps de nombreux emplois. Que ce soit en ligne ou physiquement, la distribution, qui doit relever les défis de l’approvisionnement, de la logistique et de la transition écologique, va massivement recruter des ingénieurs dans les années à venir pour relever ces défis, même si ces derniers ne se tournent pas encore massivement vers ce secteur.
Par Pierre Thouverez
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