Le groupe français, qui fait l’actualité ces dernières semaines, a décidé de céder sa filiale de médicaments génériques pour mieux financer le développement de nouvelles thérapies, plus rentables économiquement.
Médicament le plus vendu en France, le Doliprane va passer sous le contrôle d’un fonds d’investissement américain, CD&R. En effet, le groupe Sanofi a formalisé le 21 octobre dernier la cession de 50% de sa filiale Opella, qui produit ce médicament. L’Etat, en entrant au capital d’Opella – via Bpifrance – à hauteur de 150 millions d’euros, veut garantir le maintien des emplois sur le territoire, ainsi que la production en France de 250 millions de boîtes de Doliprane par an pendant les cinq prochaines années, au moins.
Il faut savoir que cette cession ne concerne pas que le doliprane, mais également l’Aspegic, le Mucosolvan, Maalox, entre autres.
Au-delà des réactions indignées du personnel politique, comparant cette cession à celle d’Alstom il y a quelques années, il faut tenter de comprendre quelle est la stratégie de Sanofi sur le long terme.
Depuis plusieurs années, Sanofi a affiché une stratégie claire, à savoir la volonté de regrouper tous les produits grand public au sein d’une même filiale. Avec la volonté d’être en mesure de développer ces produits, avant de finalement décider de cesser cette filiale à CD&R.
Le groupe Sanofi, qui est passé du troisième rang mondial au septième ces dernières années, veut se concentrer sur le développement de nouveaux médicaments d’immunothérapie ou pour la lutte contre le cancer par exemple, qui sont beaucoup plus stratégiques pour le futur du groupe que ne le sont les médicaments délivrés sans ordonnance. La vente d’opella vient illustrer cette stratégie, en permettant au groupe français de financer la recherche sur ces nouveaux médicaments, qui coûte très cher.
Il faut également avoir à l’esprit que la production de Doliprane en France n’est pas aujourd’hui stratégique pour le pays. En effet, le principe actif du médicament, le paracétamol, n’est aujourd’hui pas produit sur notre territoire, mais en Chine et aux Etats-Unis. Sur ce point, l’Etat agit, puisque la première usine de production de la matière première nécessaire à la fabrication du paracétamol ouvrira près de Toulouse, l’année prochaine.
Pour ainsi dire, les nombreuses gesticulations politiques observées ça et là dans les médias français au cours des jours qui ont suivi l’annonce de la cession d’Opella quant à la perte de souveraineté sur la production de Doliprane sont plus symboliques que pertinentes. Le besoin de Doliprane sur le territoire reste tributaire du bon vouloir de la Chine et des Etats-Unis, qui nous fournissent les matières premières. Le travail effectué sur le territoire consiste à encapsuler ces matières premières pour les vendre.
Sur la stratégie de Sanofi, à savoir se concentrer sur le développement de thérapies nouvelles, la décision apparaît nécessaire pour rester compétitif au niveau mondial, mais sans aucune garantie de pouvoir y parvenir. On se souvient que Sanofi avait interrompu ses recherches sur le développement d’un vaccin à ARN messager pendant la crise du COVID 19, dépassé dans la course par ses concurrents Pfizer et Moderna.
Reste désormais à savoir si le géant pharmaceutique français réussira son pari, au sein d’un contexte concurrentiel international infernal.
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE