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Décryptage

Salon Pollutec: le directeur technique de Wattway compare la route solaire à un Airbus à trois réacteurs

Posté le par Pierre Thouverez dans Énergie

Philippe Harelle, le directeur technique de Wattway-Colas, filiale du groupe Bouygues S.A., est intervenu au salon Pollutec 2016 le 30 novembre 2016 dans le cadre d'une conférence-débat animée par la journaliste Nathalie Croisé, spécialisée GreenBusiness. Voici une sélection des propos de cet ingénieur.

« On parlait pas la même langue au début (Philippe Harelle s’adresse à un représentant d’Enedis ex-ERDF ndlr). Nous on vient de la route, on fait de l’électricité certes mais on vient de la route à la base. On s’est retrouvé dans un marché qui est pas encore le notre totalement. Dans nos chantiers d’applications on faisait que des petits chantiers de 25, 50, 100 mètres-carrés parcequ’il n’y a pas lieu d’aller plus loin pour tester techniquement le sujet (…)

On est entre 2000 et 2500 euros du mètre-carré (ce qui fait, avec 115 W/m2, 17,4 à 21 €/W ndlr) (…) Ce qui est notre objectif, et ce qui est ma feuille de route, est qu’il faut que d’ici 2020 on soit à des coûts comparables aux autres énergies renouvelables (…) Suivant les configurations de chantiers on va avoir des installations plus ou moins simples, plus ou moins rapides à la pose par rapport aux cas d’usage que l’on a imaginé.

Ce qui est sûr c’est que par rapport au coût actuel on va avoir un diviseur à trouver entre 10 et 20 (sourire), pour vous donner un objectif (une personne du public réagit). Oui, diviser par 10 ou diviser par 20.

Mon patron me dit, c’est comme un airbus que l’on pilote avec trois réacteurs, et si on pousse que d’un côté et bien on va tourner un peu en rond (où en est le projet d’ «airbus du solaire» de François Hollande ? ndlr). Et il a raison j’aime bien cette image parce qu’aujourd’hui notre prix c’est 1/3 le module solaire, 1/3 la pose et 1/3 le raccordement (7 €/W + 7€/W + 7€/W ndlr). Donc si on ne travaille que l’industrialisation du module et que l’on regarde pas le reste, on est à côté de la plaque.

Coût: « la barre à sauter, elle est sympatique »

Donc on doit travailler les trois sujets, et j’ai pas la réponse aujourd’hui, parce que cela fait partie de la feuille de route des deux ans, mais, voilà, il faudra que l’on divise au moins par 10 notre prix. Donc cela donne quand même une… la barre à sauter elle est sympatique (sourire).  Mais sur la partie industrielle (modules ndlr) cela va rester assez facile, tout est relatif. Il n’y a pas de raison que notre panneau, industriellement parlant, coûte beaucoup plus cher qu’un panneau traditionnel (un panneau classique coûte aujourd’hui 0,5 €/W ndlr), à l’exception du volume. Avec des panneaux qui arrivent de Chine, made in China, des millions de mètres-carrés, nous on fait du made in France, avec nos dalles qui sont fabriquées à Tourouvre. 

Un choix de politique d’entreprise « qui ne va pas être super simple à gèrer »

C’est un pari qu’on a fait et c’est un choix politique également, politique d’entreprise, qui va pas être super-simple à gérer mais en tout cas on le tient pour l’instant (…) Ce sont nos chantiers d’applications qui vont nous permettre de définir si demain notre marché c’est un marché de volume ou un marché de niche. A l’heure actuelle on est pas capable de répondre.

Par contre ce qui est sûr c’est que c’est un projet mondial, la moitié de la centaine de projets pour tester nos cas d’usage sera en France, l’autre moitié à l’international (…) On ne s’interdit rien, tout ce qu’on peut faire en France, on va le faire. Après tout dépendra de l’évolution de Wattway.

« Du papier de verre »

Si un deux-roues tombe dessus qu’est-ce qui se passe ? Cela ressemble à du papier de verre. Grains fins sur les zones piétonnes, gros grains sur les routes pour avoir une bonne adhérence. »

L’intégralité de la conférence-débat est disponible ici. Des experts internationaux ont de leur côté livré leur analyse (en anglais) de cette route solaire. Un regard extra-national rafraîchissant.

Par Olivier Daniélo

Pour aller plus loin

Posté le par Pierre Thouverez

Les derniers commentaires

  • La transition énergétique est une course de vitesse, contre le réchauffement et l’augmentation du prix des fossiles.
    1 km de route à 5 M€ et 280 MWh à 0,1 €/kWh, ca fait 180 ans de retour sur investissement ! (Hors maintenance, nettoyage, usure, accidents…)
    Les coûts (proto) sont trop élevés d’un coeff 10 à 20 ! Sont-ils atteignables ? Jusqu’où et à quel rythme ?
    Soitec dans le photovoltaïque par concentration devait gagner un coeff d’environ 3 en industrialisation et ils ont fait faillite ! Business model&plan over !
    La règle est de prioriser les investissement renouvelables les plus rentables d’abord ! On ne va pas retoucher les routes et y rajouter des guirlandes de câblage électrique et de convertisseurs. D’abord les grandes toitures (orientées sud) : gymnase, usines, centres commerciaux… et les parkings avec ombrelles solaire.
    A moins de 10% des toitures on aura déjà résolu l’appro. en énergie électrique du pays ! Le stockage des intermittences se résolvant par les volants d’inertie.
    Le mieux étant aussi de consommer moins : isolation de l’habitat, pompe à chaleur, moins de déplacement, transport en commun, covoiturage.
    Nos élus et ceux qui affectent les subventions doivent prioriser et hiérarchiser selon les potentiels technico-économique et les retours sur investissement.


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