L'énergéticien allemand RWE a accusé jeudi Berlin de préparer "la sortie désordonnée du charbon" et agité le spectre de "dizaines de milliers d'emplois" en péril, alors qu'un débat fait rage en Allemagne sur l'avenir de cette source d'énergie.
« Si les plans du ministère de l’Economie sont mis en oeuvre comme prévu, cela va conduire à des changements structurels considérables », a prévenu lors de l’assemblée générale des actionnaires de RWE à Essen (ouest) le patron du numéro deux allemand de l’énergie, Peter Terium.
Il a prédit « une sortie désordonnée du charbon », qui coûterait « des dizaines de milliers d’emplois » directement et indirectement liés à la filière charbon et poserait une hypothèque sur la sécurité d’approvisionnement, alors que le pays doit déjà d’ici 2022 fermer toutes ses centrales nucléaires.
Berlin veut pénaliser la production d’électricité au charbon, afin que le pays puisse atteindre ses objectifs de réduction de CO2, à savoir une baisse de 40% d’ici 2020 par rapport à 1990.
Selon le plan d’action du gouvernement, la production d’électricité doit arriver à une réduction de 22 millions de tonnes de CO2 d’ici 2020 en sus des efforts déjà consentis. Le ministère de l’Economie et de l’Energie, tenu par le social-démocrate Sigmar Gabriel, veut faire reposer le gros de la contribution de la branche électricité sur les centrales à charbon, qui représentent quelque 40% du courant brut produit en Allemagne.
Son projet suscite une véritable levée de boucliers chez les producteurs, soutenus par le syndicat de la chimie et de l’énergie IG BCE. Les plans du gouvernement conduiraient à la fermeture des centrales au charbon les plus âgées, à savoir 10% du parc selon le gouvernement, jusqu’à 40% selon RWE.
Selon IG BCE, c’est par ricochet toute la filière qui est menacée. L’Allemagne exploite du lignite, et la pression est forte sur Berlin pour préserver les emplois dans ce secteur.
Parmi les conservateurs de la chancelière Angela Merkel, qui gouvernent avec les sociaux-démocrates, beaucoup sont critiques des projets du ministère de l’Economie.
Samedi quelque 10.000 salariés de l’énergie sont attendus devant la chancellerie à Berlin pour protester contre les projets du gouvernement. Le même jour les nombreux opposants au charbon, parmi eux d’influentes associations écologistes comme Greenpeace ou Bund, ont appelé à une manifestation contre l’utilisation de cette énergie polluante. Une chaîne humaine de 7,5 kilomètres est prévue à Garzweiler, dans l’ouest de l’Allemagne, gigantesque mine à ciel ouvert exploitée par RWE.
Pour le groupe, l’un des plus gros pollueurs européens avec son gros parc de centrales au charbon, la concrétisation des plans de M. Gabriel serait un nouveau coup dur. Comme ses concurrents, il est déjà très mis à mal par le recul des prix de gros du courant et la concurrence des renouvelables subventionnés, et M. Terium a prévenu les actionnaires jeudi que les choses n’allaient pas s’améliorer très vite.
Le groupe public suédois Vattenfall pour sa part a mis en vente ses actifs allemands dans le charbon, suscitant l’inquiétude sur l’emploi dans la région qui les abrite en ex-RDA.
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