Ce gazoduc de près de 400 kilomètres n’est qu’un début. Il vise à répondre en urgence à la demande en gaz et électricité des habitants de Crimée. En novembre 2015, le gouvernement local s’est déclaré en état d’urgence à la suite du sabotage des quatre lignes haute tension qui reliaient la péninsule au système électrique ukrainien, provoquant un black-out. Depuis, Moscou mène plusieurs projets énergétiques pour relier la Crimée au circuit énergétique russe.
Gaz et électricité
La stratégie du Kremlin consiste à interconnecter autant que faire se peut la péninsule de Crimée au territoire russe pour y exporter gaz et électricité. Moscou a élaboré un plan d’investissement sur quatre ans ayant pour objectif de construire 2 500 km de gazoducs et deux centrales électriques fonctionnant au gaz de 480 MW chacune dont la mise en service est prévue pour 2018. A cela s’ajoute une première interconnexion électrique inaugurée par Vladimir Poutine en mai 2016. Elle permet d’apporter depuis le territoire russe jusqu’à 800 MW à la péninsule ce qui permet, avec les centrales sur place, de couvrir les 1 300 MW de sa consommation en pointe.
Symbole
Si ces investissements énergétiques répondent à un besoin réel, ils n’en représentent pas moins une superbe occasion pour Moscou d’affirmer son contrôle sur la péninsule de Crimée annexée illégalement en mars 2014. Les liens énergétiques tels que des gazoducs ne se détachent pas facilement et participent à la lutte d’influence. Mais ils ne sont pas les seuls. La construction d’un pont sur le détroit du Kerch est également à l’étude. Il permettrait de relier physiquement la Crimée à la Russie ce qui favoriserait les échanges et le tourisme, selon le Kremlin. Plus encore, son inauguration serait une occasion savoureuse pour Vladimir Poutine de faire un pied de nez aux membres de l’OTAN qui ont condamné en bloc, mais en vain, l’annexion de la Crimée. Une première depuis 1945.
Romain Chicheportiche
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