C’est en mai prochain que débuteront les premières livraisons de Rium, le détecteur de radioactivité connecté, inventé par la société Icohup. «La production commencera quand les partenaires industriels seront qualifiés, confie Gaël Patton, cofondateur de Icohup. Ce produit sera fabriqué à 80% en France. L’assemblage sera réalisé à Limoges, dans nos locaux, car nous voulons garder la maîtrise du produit fini.»
Développé depuis fin 2015, ce détecteur de 250 grammes compte les particules alpha/beta/gamma et fait office de dosimètre et de spectromètre gamma. La mesure du radon sera ajoutée dans une prochaine version. Rium fonctionne en relation avec une application mobile iOS/Android, qui sert à visualiser les données. C’est le fruit du savoir-faire accumulé par Gaël Patton jusqu’au terme de ses études. «Ma thèse, réalisée à l’Institut lumière matière de Villeurbanne, portait sur les matériaux scintillateurs à destination de l’imagerie médicale, explique-t-il. Est venue l’idée de rendre accessibles au grand public ces technologies de détection de rayonnements ionisants.»
Bientôt embarqué sur des drones ?
Des travaux d’ingénierie s’imposent. «D’ordinaire, une grande quantité de composants électroniques sont nécessaires pour traiter le signal avant sa numérisation, détaille Gaël Patton. Pour la conception de Rium, nous avons adopté le schéma inverse, ce qui a pour avantage de supprimer beaucoup de composants. La consommation énergétique et le coût baissent, la compacité augmente. Le rapport qualité/prix est meilleur que celui d’un compteur Geiger. C’est un outil citoyen et pédagogique. Nous avons du reste le projet d’équiper des lycées et des universités. Des collectionneurs de minéraux peuvent aussi en avoir l’utilité, car certaines pierres sont susceptibles d’être légèrement radioactives.»
Les particuliers ne sont pas le seul public visé, toutefois. «L’industrie exprime aussi des besoins de supervision et de contrôle, constate Gaël Patton. En version professionnelle, Rium forme un boîtier étanche livré avec un logiciel plus perfectionné et une formule d’abonnement pour la collecte de données. Nous sommes également à la recherche de partenariats avec des dronistes, car la cartographie des potentielles zones à risque est une application envisageable, dans un cadre civil ou militaire. Une preuve de concept sera mise en place d’ici à l’été. Enfin, nous discutons avec l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (Irsn), qui pourrait utiliser Rium dans son système de surveillance du territoire.»
Rium, dans sa version grand public, produit de l’open data, à disposition des ONG et des pouvoirs publics. Autant dire qu’il peut servir à la fois le camp des pro et les antinucléaires. «Les uns et les autres sont des clients possibles. Nous fournissons un capteur et c’est tout» tranche Gaël Patton.
- Prix : 399 € TTC pour la version grand public/590 € HT pour la version pro
Frédéric Monflier
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