Cette semaine dans la revue du Web :
- Le retour de Nobumichi Asai et du « face hacking » ;
- Bill Gates sur tous les fronts, mais du bout des lèvres ;
- De bien beaux aimants permanents… oui mais « Will it blend ? »
- « Blooms », les très élégantes sculptures zootropes inspirées par Fibonacci ;
- Le gadget (inutile ?) de la semaine : la machine de Rube Goldberg virtuelle ;
- Et en bonus : des marshmallows en toute décontraction, au bord du cratère d’un volcan.
Le retour de Nobumichi Asai et du « face hacking » :
A l’avant-garde du mapping vidéo depuis quelques années – une technologie permettant de projeter de la lumière ou du contenu vidéo sur des volumes et des structures en relief – Nobumichi Asai finit par se lasser des commandes habituelles, les sempiternelles projections d’images sur des bâtiments ou dans une pièce pour les animer de manière digitale. Brillant et novateur, l’artiste numérique japonais s’était illustré il y a quelques mois déjà avec un premier projet de mapping vidéo dynamique, baptisé Omote, système alliant les techniques de détection de mouvement les plus novatrices aux dernières techniques de mapping vidéo. On avait pu admirer Omote à l’œuvre sur un support d’un nouveau genre : la toile n’était autre que le visage d’une mannequin japonaise (qui avait d’ailleurs dû se débarrasser de ses sourcils pour l’occasion). La vidéo, avait fait sensation, et nous vous en parlions ici.
C’est aux visages de deux acteurs qu’il s’attaque cette fois-ci, lors d’un show télévisé, accompagné de son équipe de designers, d’experts en images de synthèse et de maquilleurs professionnels. Une fois de plus, le résultat est absolument somptueux, et le public bluffé par le maquillage dynamique, sorte de seconde peau digitale. Peu de détails techniques du « face-hacking » ont pu filtrer, mis à part la nécessité de scanner le visage des deux acteurs au préalable, étape nécessaire pour la modélisation du moindre de leurs contours, et pouvoir réaliser la projection en temps réel.
Asai n’est pas un novice en la matière – il a déjà effectué des projections pour le constructeur automobile Subaru – et c’est désormais la seconde fois qu’il travaille sur un support non stationnaire. Il ne compte d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin… Prochaine étape en vue, le mapping vidéo sur tout le corps.
Bill Gates sur tous les fronts, mais du bout des lèvres :
Depuis qu’il se consacre à sa fondation, Bill Gates multiplie les combats, dans des domaines aussi variés que la santé ou l’acquisition de connaissances. Présent sur tous les fronts, le multimilliardaire américain donne de sérieux coups de pouce aux projets qui lui semblent plus que prometteurs. Parmi ceux-ci, l’« Omniprocessor » semble tenir le haut du pavé. Cette machine imposante, mise au point par Janicki Bioenergy, a pour délicate mission de transformer les boues d’épuration en cendres, en électricité et… en eau potable.
Les grandes lignes du processus sont assez simples : un tapis roulant emmène les boues d’épuration à travers un séchoir géant, dont la mission est de séparer l’eau des solides secs ; l’incinération de ces solides secs ne laisse que des cendres et alimente un moteur à vapeur, produisant l’électricité nécessaire au processus et envoie le surplus d’électricité vers le réseau, tandis que l’eau est filtrée pour être rendue potable.
Bill Gates y met tellement du sien qu’il va jusqu’à boire – il est vrai, du bout des lèvres – l’eau devenue potable. Bonne nouvelle, un programme pilote devrait être lancé courant 2015 au Sénégal, afin d’en faire profiter le plus grand nombre.
De bien beaux aimants permanents… oui mais « Will it blend ? » :
La franchise « Will it blend ? » reprend du service ! La série de petites vidéos old-school faisant l’apologie de la destruction des objets de notre quotidien, campagne de pub virale assez réussie pour le compte du fabricant américain Blendtec, a tant et si bien marché que cette petite phrase est devenue le mantra de toute une génération d’internautes turbulents. Replongeons tout entier dans le plaisir jouissif et enfantin du saccage pur et dur avec cette vidéo, démontrant (si toutefois il en était besoin) qu’une grappe d’aimants permanents en alliage néodyme ne fait pas long feu lorsqu’elle croise la route d’un blender. Leur chant du cygne ? Un joli feu d’artifices dans le récipient en verre, avant de finir pulvérisés, au sens propre du terme.
Pour rappel, un aimant permanent est souvent constitué d’un alliage de néodyme fer bore (structure cristalline tétragonale de formule Nd2Fe14B). L’alliage de néodyme fer bore est celui qui est le plus souvent utilisé pour les aimants en terres rares, car le néodyme augmente de manière significative les capacités électromagnétiques des aimants, mais est relativement fragile et trop malléable. On retrouve d’ailleurs de grandes quantités de néodyme dans les alternateurs des éoliennes à forte puissance.
« Blooms », les très élégantes sculptures zootropes inspirées par Fibonacci :
L’artiste et inventeur américain John Edmark a un petit faible pour Leonardo Fibonacci, passé à la postérité grâce à la suite qui porte son nom. Reprenant à son compte les travaux du mathématicien italien concernant l’angle d’or, le designer californien a conçu d’élégantes sculptures appelées « blooms », créations organiques sorties tout droit d’une imprimante 3D, et pièces centrales de zootropes de son cru – ces jouets optiques d’antan utilisant la persistance rétinienne pour donner une illusion de mouvement.
Placées sur une plate-forme rotative, ces « blooms » subissent les assauts synchrones d’une caméra réglée sur une très courte vitesse d’obturation, pour donner un effet stroboscopique, de telle manière qu’une image est capturée chaque fois que la sculpture effectue une rotation d’environ 137,5° – le fameux angle d’or, que l’on retrouve dans la nature, de la pomme de pin aux fleurons du tournesol. Le résultat : une vidéo absolument sublime, aux accents hypnotiques.
Le gadget (inutile?) de la semaine : la machine de Rube Goldberg virtuelle
Pour venir conclure cette soixante-quinzième Revue du Web, invoquons une fois de plus le génie de Rube Goldberg et l’une des fantastiques « machines » qu’il a inspirée, abonnées aux coups de pubs et aux gadgets (inutiles?) de la semaine. Cette fois-ci, c’est une jeune Hollandaise qui utilise cette figure imposée pour se faire un nom, avec une installation qui a le chic de passer du réel au virtuel, en s’invitant sur un bureau de type Windows.
Ce type d’installation s’inspire, on le rappelle, de l’œuvre prolifique et inventive de Rube Goldberg, un dessinateur et artiste américain mort en 1970, dont les installations avaient pour leitmotiv la transformation d’une tâche excessivement simple en une série de tâches complexes, impliquant la plupart du temps une réaction en chaîne. Chaque élément de la machine vient se frotter d’une manière ou d’une autre à l’élément suivant, remplissant humblement sa fonction, jusqu’à déclencher de fil en aiguille l’action finale, le but initial de la machine de Rube Goldberg.
Bonus : des marshmallows en toute décontraction, au bord du cratère d’un volcan
Pour le bonus de cette semaine, rien de tel que de partager un petit moment de douceur virile entre amis, à conter des histoires maintes fois ressassées dans la chaleur humble et conviviale d’un petit feu de camp, avec son cortège – attendu – de marshmallows à la braise. L’homme qui se met en scène dans la vidéo qui suit n’en a que faire de ces histoires, il n’a d’ailleurs plus d’amis. Mais ne vous en faites pas pour lui, rien ne l’empêche pourtant de profiter des mêmes petits riens que tout un chacun, en solitaire. Pour dynamiter son quotidien, notre héros vient se fourrer au plus près du cratère d’un volcan, afin de réchauffer ses marshmallows au dessus de la fournaise, tout en savourant sa bière. Comme à la maison.
Par Moonzur Rahman
Cet article se trouve dans le dossier :
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