Cette semaine dans la revue du Web :
- « DelflyExplorer », le drone libellule tout en légèreté ;
- « Full Turn », la 3D sans les lunettes et à 360 degrés ;
- Synchroniser Oculus Rift et un tour sur des montagnes russes ;
- Cheetah, robot-guépard de la Boston Dynamics, sans la laisse ;
- Le gadget (inutile?) de la semaine : la mitrailleuse à élastiques ;
- Et en bonus : le fabuleux secrétaire de David et Abraham Roentgen.
« DelflyExplorer », le drone libellule tout en légèreté :
Tout vient à point à qui sait attendre… Il aura fallu neuf ans de développement et de dur labeur pour que les chercheurs hollandais de l’université de Delft réussissent à mettre au point leur petit bijou. Pour débuter notre soixante-sixième Revue du Web, penchons-nous sur le fruit de ces neuf années de gestation, « Delfly Explorer », une libellule robotique ultra-légère capable de produire des images en 3D.
Semblant battre des ailes comme son alter-ego biologique, le mini-drone d’à peine 20 grammes embarque deux caméras miniatures basse-résolution qui lui permettent d’évoluer sans encombre dans son environnement, en créant des images tridimensionnelles traitées en temps réel pour guider le petit bolide. Pour affiner le calcul des trajectoires, un baromètre et un accéléromètre viennent parfaire la panoplie de notre drone-libellule, dont l’autonomie de neuf minutes est assurée par une petite batterie au lithium-ion polymère.
Bien que des applications militaires aient été envisagées, les concepteurs préfèrent imaginer des utilisations plus terre-à-terre, telles que le survol des champs pour surveiller le mûrissement des fruits, ou le survol de grands rassemblements (concerts, matchs) sans risquer de blesser qui que soit en cas d’avarie.
Ce n’est pas la première fois que la libellule inspire les scientifiques : au rayon biomimétisme, peut-être vous souvenez-vous de « BionicOpter », la très élégante libellule robot de la société allemande Festo dont nous vous parlions déjà ici.
« Full Turn », la 3D sans les lunettes et à 360 degrés :
Marre du diktat des lunettes stéréoscopiques pour pouvoir profiter d’images en trois dimensions ? Le plasticien suisse Benjamin Muzzin se propose de dynamiter ces conventions avec « Full Turn », une installation ingénieuse et élégante qui permet de profiter de séquences en trois dimensions sans lunettes, de surcroît visibles à 360 degrés. Le jeune helvète n’invente rien, mais parvient intelligemment à créer des volumes animés en jouant, une fois de plus, un tour à notre cerveau.
Montées sur un axe vertical, le Suisse fait tourner deux tablettes HD collées dos à dos à près de 200 tours/minute à l’aide d’un petit moteur contrôlé par un Arduino, ne laissant guère le temps au cerveau de décortiquer les images qui défilent à trop grande vitesse. Résultat : les écrans se fondent peu à peu pour laisser apparaître de superbes volumes, un ballet entêtant d’images autour desquelles on peut tourner à loisir. Fort de son succès, Benjamin Muzzin se prend même au jeu de la démesure en imaginant un dispositif « avec des écrans plus grands, quitte à ce qu’on se prenne des rafales de vent dans la tête ».
Synchroniser Oculus Rift et un tour sur des montagnes russes :
Oculus Rift n’est pas encore arrivé sur le marché qu’il fait déjà parler de lui presque toutes les semaines, tant l’attente et l’enthousiasme suscités par ce périphérique informatique de réalité virtuelle sont immenses. Dernière sortie du masque à image stéréoscopique déformée, conçu par une entreprise devenue filiale de Facebook : une équipe de chercheurs de l’université de Sciences Appliquées de Kaiserlautern, en Allemagne, a eu l’idée de synchroniser un tour en montagnes russes avec une virée virtuelle des plus impressionnantes, en portant les masques immersifs, remplaçant ainsi l’environnement « réel » par un environnement en réalité virtuelle.
Durant plusieurs mois, ces pionniers du virtuel ébouriffant ont effectué des batteries de tests sur les wagons seuls, puis en situation, afin d’assurer une synchronisation et une expérience optimales. Un assistant était au départ nécessaire à bord pour contrôler la synchronisation, qui est désormais prise en charge par un système automatique, aidé dans sa tâche par un capteur inductif placé sur la roue d’un wagon, afin de calculer la vitesse et de déterminer la position.
Détail intéressant : d’après les scientifiques, ce dispositif ne donnerait pas le mal des transports… L’une des pistes étudiée serait que le masque immersif pourrait éliminer le… vertige.
Cheetah, robot-guépard de la Boston Dynamics, sans la laisse :
Les éminences grises de la Boston Dynamics l’avaient promis, ils l’ont fait. La très prolifique société américaine, dont la réputation n’est plus à faire, s’est encore une fois associée au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour libérer Cheetah de ses câbles afin de le tester en conditions réelles et en environnement extérieur.
Vous vous souvenez forcément de Cheetah, le robot-guépard qui court plus vite qu’Usain Bolt. Les chercheurs se sont inspirés des mouvements de l’animal terrestre le plus rapide au monde, le guépard, pour concevoir leur bébé, allant jusqu’à baptiser leur robot du nom du guépard indien, animal maintenant présumé disparu.
Amélioré d’un algorithme lui permettant désormais de sautiller, Cheetah peut courir seul à une vitesse approchant les 16 kilomètres par heure, et se débarrasser d’obstacles d’une trentaine de centimètres de hauteur.
Cheetah a été développé par la Boston Dynamics sous la houlette de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), agence affiliée au Département de la Défense américain, et chargée de la recherche et du développement des nouvelles technologies destinées à des fins militaires. Une nouvelle batterie de tests serait en route, tests qui pourraient s’avérer concluants si l’on doit se fier au prestige dont jouit la Boston Dynamics dans la communauté scientifique, notamment grâce à Alpha Dog ou à Big Dog, des mules-robots particulièrement impressionnantes, – ou encore grâce à Petman, leur robot anthropomorphe. Les champs d’applications pourraient être assez nombreux, bien que le Pentagone pense évidemment à des débouchés… militaires.
Le gadget (inutile?) de la semaine : la mitrailleuse à élastiques
Si votre souhait ultime est de faire mordre la poussière à vos collègues de bureau qui ne respectent pas les deadlines, à votre voisin qui arrose ses plantes avec 200 litres d’eau, ou à votre sœur pendant que maman a le dos tourné, notre gadget (inutile?) de la semaine, une mitrailleuse à élastiques, semble être un bon compromis fait pour vous. Direction l’Ukraine où se trouve Alexander Shpetniy, brillant étudiant en art et design à l’université de Lugansk, dont la passion pour le modélisme lui aurait permis de conceptualiser et de donner vie à cet ersatz d’arme automatique, capable de tirer 672 « munitions » à la suite.
Équipée d’un simple petit moteur pour entraîner le cylindre et imiter le mouvement d’une bonne vieille mitrailleuse rotative Gatling, l’arme ne fait pas de cadeau dans la vidéo qui suit, balayant les disquettes comme autant de vulgaires fétus de paille. Disponible en quatre coloris (bois naturel, finition « bois brûlé », noir ou camouflage), nul doute que l’on va – enfin – vous respecter. Pour commencer à faire pleuvoir les élastiques, vous pouvez faire un tour sur la page kickstarter du projet ici.
Le très astucieux dispositif pour recharger la mitrailleuse :
Bonus : le fabuleux secrétaire de David et Abraham Roentgen
Pour conclure notre soixante-sixième Revue du Web, venez vous immerger dans le monde fabuleux d’Abraham et de David Roentgen, deux talentueux ébénistes allemands du XVIIIe siècle, ayant notamment fait leurs armes à la cour du roi Louis XVI. Jalousés par toute la corporation des ébénistes tant leur travail était à la fois inventif et soigné, le père Abraham et son fils David ont réalisé, parmi une pléthore de petites merveilles, ce fabuleux meuble – désormais exposé à Berlin – dont la marqueterie raffinée éclipse difficilement le côté hautement ludique.
A la fois secrétaire, cabinet d’écriture et horloge, ce joyau de l’ébénisterie est un véritable hymne à la facétie. Chaque compartiment semble multiple, chaque tiroir semble n’être là que pour en escamoter un autre, apparaissant ou disparaissant au gré des mécanismes que l’on actionne, à l’aide de petits boutons dissimulés ou de clés tournées à l’envers comme à l’endroit. Une multitude de rangements et de cachettes viennent réveiller notre âme d’enfant, mais attention : mieux vaut suivre le fil, si vous ne voulez pas perdre vos affaires pour toujours.
Par Moonzur Rahman