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Revue du Web #48 : les vidéos de la semaine

Posté le par La rédaction dans Informatique et Numérique

Toutes les deux semaines, la rédaction vous propose quelques vidéos glanées sur la Toile, présentant un intérêt scientifique certain, en lien – ou non – avec l'actualité des sciences. Certaines sont étonnantes, d'autres franchement loufoques.

Cette semaine dans la revue du Web :

  • Réaliser un quadruple salto arrière pour le meilleur robot gymnaste au monde ? Facile !

  • Supraconductivité : « lévitation quantique » sur un ruban de Möbius ;

  • « Never Wet », le spray super-hydrophobe pour les professionnels ou les petits souillons ;

  • Deux expériences en une seule : combiner la combustion du dichromate d’ammonium et celle du thiocyanate de mercure ;

  • Le gadget (inutile?) de la semaine : « Outback B-Day Chair », la chaise qui vous câline lorsque vous recevez un message d’anniversaire sur Facebook ;

  • Enfin en bonus : filmer l’équilibre délicat d’une bulle de savon, à 18 000 images par seconde.

Réaliser un quadruple salto arrière pour le meilleur robot gymnaste au monde ? Facile !

On ne sait pas grand chose du robot qui vient débuter en fanfare cette quarante-septième Revue du Web, mais force est de constater qu’il a de la ressource et un certain sens de l’équilibre, bien qu’il ne paie franchement pas de mine.

Baptisé Hinamitetu, notre champion de gymnastique, est un petit robot humanoïde qui gère avec panache l’un des six agrès de la gymnastique artistique masculine, la barre fixe. Évoluant dans ce qui semble être la chambre / atelier / cave de son concepteur, Hinamitetu ne tremble pas un instant. Bras tendus, il fixe ses petites mains à la barre puis donne de nombreuses impulsions pour avoir l’élan nécessaire à la bonne exécution des figures. Après avoir effectué une petite dizaine de rotations autour de la barre fixe, il entame pied au plancher une figure difficile : un quadruple salto arrière qu’il déroule avec une facilité pour le moins déconcertante. La réception est parfaite, le robot peut alors se redresser dans un mouvement de fierté digne.

Dans la vidéo suivante, notre champion exécute avec brio  un certain nombre de figures imposées, alternant réceptions au sol parfaites ou se rattrapant à la barre après quelques acrobaties.

Hinamitetu a dû s’entraîner d’arrache-pied pour parvenir à un tel niveau. On ne doute pas un instant que le timing, la coordination, l’équilibre ont nécessité des réglages d’une grande précision. Cette dernière vidéo, telle une casserole datant de fin 2009, nous permet d’apprécier l’évolution du petit robot gymnaste, avec ses ratés.

Supraconductivité : « lévitation quantique » sur un ruban de Möbius

La supraconductivité peut, elle-aussi, tenir le haut du pavé. Andy, membre éminent de la Royal Institution of Great Britain – l’une des plus anciennes sociétés savantes britanniques, située à Londres – n’a pas hésité un seul instant à mettre la main à la pâte pour nous le démontrer, dans cette vidéo présentant son expérience favorite – expérience ayant déjà eu lieu en fin d’année dernière dans l’enceinte de ce même établissement.

Le pitch est plutôt alléchant : faire entrer en « lévitation quantique » un petit palet en oxyde mixte de baryum de cuivre et d’yttrium sur un circuit de type « modèle réduit », construit à l’aide de près de 2000 aimants permanents en alliage de néodyme fer bore (Nd2Fe14B, aimant très puissant et moins fragile que le néodyme seul). L’oxyde mixte de baryum de cuivre et d’yttrium (YbaCuO) n’a lui non plus pas été choisi au hasard : ce composé chimique cristallin est connu pour avoir été le premier matériau supraconducteur à une température supérieure à celle de l’azote liquide. Pour couronner le tout, l’équipe de la Royal Institution of Great Britain a eu l’idée d’un circuit dont le tracé épouserait celui d’un ruban de Möbius, ce célèbre ruban n’ayant « qu’une seule face ».

Le palet de céramique n’a pas de propriété supraconductrice à température ambiante, mais une fois la température de -185 degrés Celsius atteinte (immersion dans de l’azote liquide), toute sa supraconductivité peut alors librement s’exprimer. Le disque conduit l’électricité sans résistance ni déperdition d’énergie. Contrairement à l’effet Meissner (exclusion totale de tout flux magnétique à l’intérieur d’un supraconducteur), le champ magnétique pénètre le supraconducteur en raison de sa grande finesse, sous forme de tubes de flux magnétique. À l’intérieur de chaque tube de flux magnétique, la supraconductivité est détruite localement, raison pour laquelle les tubes sont circonscrits au niveau des points faibles du disque. Chaque mouvement du disque fait bouger les tubes, ce que le supraconducteur essaie d’éviter en restant bloqué, piégé en l’air, donnant cette impression de lévitation.

Pour que le palet puisse rester à la bonne température suffisamment longtemps et éviter que les effets s’estompent, il s’est vu agrémenté d’un petit réservoir d’azote liquide, le transformant en véritable petit bolide supraconducteur en « lévitation quantique », aussi bien au dessus qu’en dessous du ruban de Möbius.

« Never Wet », le spray super-hydrophobe pour les professionnels ou les petits souillons

Nous vous parlions déjà dans une précédente Revue du Web de « Never Wet », le spray super-hydrophobe conçu par les Américains de Rust-Oleum. Ils sont désormais de retour avec une petite vidéo promotionnelle devenue virale en très peu de temps, où l’on voit notamment que « Never Wet » serait capable de ruiner, en un clin d’œil, le moindre concours de tee-shirt mouillé.

L’hydrophobie se définit assez simplement : l’angle de contact d’une goutte d’eau, lorsqu’elle est sur une surface plane (localement), doit dépasser les 90 degrés. Au-delà de 150°, la surface est alors considérée comme étant super-hydrophobe. Un angle de contact égal à 180° signifie que la goutte d’eau est complètement sphérique, repoussant la zone de contact jusqu’à un simple point. A titre d’exemple, le Téflon d’une poêle n’est qu’hydrophobe, l’angle de contact moyen étant de 95°. Les surfaces traitées par « NeverWet » offrent un angle de contact généralement supérieur à 160°, d’après les chiffres fournis par les concepteurs.

Près de cinq ans auparavant, cette société américaine avait pour mission de réduire la corrosion sur des produits en acier, initiant alors l’aventure de la création de ce spray. Le concept, plus vraiment nouveau, a le mérite d’être particulièrement bien illustré par la vidéo de présentation, où moutardes, sirops et sauces en tout genre viennent se casser les dents sur un tee-shirt traité avec le spray super-hydrophobe.

La super-hydrophobie présente de nombreux intérêts : outre ses évidentes qualités imperméabilisantes, elle permet de lutter assez efficacement contre le gel, souvent fatal pour les isolants électriques, les lignes à haute-tension, ou le revêtement des ailes d’un avion. Elle est également efficace pour lutter contre la corrosion : « NeverWet » serait jusqu’à quatre à six fois plus efficace qu’un revêtement en polyuréthane classique, généralement utilisé sur de nombreuses infrastructures. Elle permet de préserver plus facilement une surface ou un milieu des moisissures et des bactéries, l’eau accélérant la prolifération de celles-ci. Elle transforme enfin n’importe quelle surface en surface auto-nettoyante. Le fonctionnement de la grande majorité des matériaux est évidemment optimisé lorsqu’ils sont propres.

Deux expériences en une seule : combiner la combustion du dichromate d’ammonium et celle du thiocyanate de mercure

Pour faire plaisir à un enfant, pourquoi ne pas combiner deux expériences emblématiques pour les chimistes en herbe ? Que se passe-t-il lorsqu’un petit tas de dichromate d’ammonium dissimulant quelques morceaux de thiocyanate de mercure prend feu ?

La réaction de décomposition du dichromate d’ammonium, que l’on trouve sous forme de cristaux de couleur orangée, est relativement simple :

(NH4)2Cr2O7 (s) → Cr2O3 (s) + 4 H20 (g) + N2 (g)

Lorsqu’il est confronté à une source de chaleur élevée, le dichromate d’ammonium se décompose en oxyde de chrome – un oxyde vert foncé (couramment utilisé dans les encres et les peintures) – , en vapeur d’eau et en azote. L’oxyde de chrome résultant de la réaction forme assez rapidement un cône qui grandit et s’élargit peu à peu, et dont le dichromate d’ammonium au centre continue de réagir, laissant apparaître ce qui ressemble à s’y méprendre à un petit volcan en éruption.

Connue des amateurs de pyrotechnie sous le nom de « serpent du pharaon » ou encore « serpent noir », la combustion du thiocyanate de mercure a, elle-aussi, de quoi surprendre les non-initiés. Le thiocyanate de Mercure (II) est un composé chimique de formule Hg(SCN)2, généralement obtenu par réaction entre un sel de mercure (II) et un sel thiocyanate. Une faible quantité de ce composé – sous forme d’une poudre blanchâtre – se trouve dissimulée à l’intérieur du cône, expliquant la combustion tardive. Il suffit d’un rien pour que le composé produise habituellement des flammes bleutées et une cendre spectaculaire qui s’allonge, ressemblant à de nombreux tentacules qui n’en finissent pas de grandir, chacun étant assimilé au fameux « serpent ».

Rappelons que cette dernière partie de l’expérience, bien qu’amusante et grand classique chez les chimistes, est pourtant dangereuse : en effet, les vapeurs de mercure émises sont fortement toxiques. Cette toxicité a conduit les apprentis sorciers à utiliser des composés moins dangereux pour continuer à réaliser ce « tour de magie ». Deux variantes existeraient notamment : la première de ces variantes fait entrer en réaction la 4-nitroacétanilide (un composé nitro de l’acétanilide) et de l’acide sulfurique, moins toxiques mais très nocifs et corrosifs. La seconde variante est par contre sans danger, et nécessite de l’hydrogénocarbonate de sodium, du sucre glace et de l’éthanol.

Le gadget (inutile?) de la semaine : « Outback B-Day Chair », la chaise qui vous câline lorsque vous recevez un message d’anniversaire sur Facebook

Lorsque la vacuité et le narcissisme entrent en collision, on peut s’attendre à un résultat proche de la catastrophe industrielle. Le gadget (inutile?) de la semaine est un monument d’inutilité, sanctifiant le paradoxe de la solitude de l’utilisateur des réseaux sociaux – ici, le plus grand de tous, facebook. La chaîne de restaurants Outback Steakhouse et l’agence de publicité brésilienne Lew’Lara TBWA ont mis leurs efforts en commun pour créer la « Outback B-Day Chair » (« birthday chair » ou chaise d’anniversaire), dans le but de matérialiser sous forme de câlin (un « hug ») les petites marques d’affection que peuvent nous laisser nos amis virtuels le jour de notre anniversaire.

« Internet vous a donné des milliers d’amis, mais a mis fin au câlin d’anniversaire, remplaçant la chaleur de ces accolades par de froids messages », nous explique au début de la vidéo une voix empreinte de la gravité de l’homme résigné. Regrettant le côté désincarné des réseaux sociaux même lorsqu’on y reçoit quelques marques d’attention, l’agence de publicité et la chaîne de restaurants ont installé cette chaise câline dans neuf des franchises de la chaîne au Brésil, afin de répandre la bonne parole de l’amour.

Le fonctionnement est rudimentaire : une personne dont c’est l’anniversaire prend place sur le trône, puis se connecte à son compte facebook via une tablette reliée à la « B-Day Chair ». Chaque fois qu’un ami laisse un message d’anniversaire sur le mur facebook de l’heureux cobaye, deux petites mains cartoonesques sortent de part et d’autre du dossier et vous étreignent dans une manifestation des plus fraternelles. Pour donner encore un peu plus d’épaisseur à l’ensemble, une photo est prise au moment où le cobaye reçoit l’accolade, photo immédiatement postée sur… facebook. Un accessoire pour passer l’une de vos plus belles soirées ? Jugez plutôt :

Bonus : filmer l’équilibre délicat d’une bulle de savon, à 18 000 images par seconde

Terminons notre Revue du Web de cette semaine avec les « Slow-Mo Guys », un peu de douceur… et quelques bulles de savon. Derrière les « Slow-mo Guys » se cachent le réalisateur anglais Gavin Free et son ami Daniel Gruchy, deux compères rigolards prêts à se lancer dans toutes sortes d’expériences (impliquant souvent des destructions en tout genre) qu’ils ont pris la – bonne – habitude de filmer, juste pour le plaisir de décomposer la scène au ralenti.

Pour ce faire, rien de tel qu’une « Phantom Flex », l’incontournable caméra numérique très haute définition capable de filmer jusqu’à 18 000 images par seconde. La jouissance primaire de la destruction couplée à la beauté des images rendent souvent ces scènes… hypnotiques.

Les « Slow-Mo Guys » filment ici quelques bulles de savon qui éclatent, pour le bonheur de vos mirettes. Rappelons qu’une bulle de savon est un ensemble à la stabilité relative, composé d’une paroi d’eau à laquelle se sont fixées les phospholipides du savon. C’est un ensemble extrêmement fragile puisqu’elle elle n’est composée que d’une seule molécule de savon d’épaisseur (on dit alors qu’elle est monomoléculaire).

On peut aussi les laisser se défaire d’un ballon d’eau géant, dont la résistance aux assauts répétés de Gavin ne peut que forcer le respect.

Par Moonzur Rahman

Posté le par La rédaction


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