Cette semaine dans la revue du Web :
- – Comprendre simplement le fonctionnement d’une serrure à goupilles (et comment fonctionne le crochetage d’une serrure) grâce a deux animations plutôt bien réalisées ;
- – Ultra Tech International Inc a mis en ligne une vidéo – depuis devenue virale – pour promouvoir son revêtement super-hydrophobe et oléophobe : « Ultra Ever Dry » ;
- – Plonger une bille de nickel incandescente, cette fois-ci dans de l’eau chaude, pour illustrer l’effet Leidenfrost ;
- – Le gadget (inutile ?) de la semaine : « Vomiting Larry », ou comment faire avancer la science par le vomi ;
- – Enfin, en bonus, une chaise au design plus que surprenant.
Crocheter une serrure ? Un jeu d’enfant !
Pour débuter cette trente-neuvième Revue du Web, voici deux animations illustrant le fonctionnement d’une serrure : la première nous montre d’abord le fonctionnement d’une serrure communément appelée « à goupilles » (le type de serrure le plus conventionnel aujourd’hui), lorsque la clé est introduite dans la fente. La seconde, sur le même principe, illustre plutôt comment crocheter une serrure à goupilles, à l’aide d’un crochet et d’un entraîneur.
Le principe de la serrure à goupilles trouverait ses racines dans l’Égypte antique, avec des serrures utilisant des goupilles de bois qu’il fallait soulever à la hauteur nécessaire pour pouvoir ouvrir la porte. Une classique serrure à goupilles moderne fonctionne sur le même principe : le cylindre de la serrure est percé de trous perpendiculaires au chemin parcouru par la clé, chacun laissant coulisser un piston. A chacun des trous du cylindre correspond un trou dans le barillet de la serrure, contenant un ressort hélicoïdal, un chasse-goupille et la goupille elle-même. Lorsque la clé correspondant à la serrure est introduite, elle repousse les chasse-goupilles de tailles différentes, qui vont chacun appuyer sur leur goupille et la positionner à la bonne hauteur.
Pour le crochetage, il suffit de réussir à aligner les goupilles à la bonne hauteur à l’aide du crochet, alors qu’on exerce un mouvement de rotation dans le sens de l’ouverture avec l’entraîneur.
Du point de vue de la législation française, il n’est pas interdit de posséder les outils nécessaires au crochetage, le crochetage lui-même n’étant pas interdit. Seul l’usage du crochetage peut tomber sous le coup de la loi, selon l’article 132-73 du code pénal : « L’effraction consiste dans le forcement, la dégradation ou la destruction de tout dispositif de fermeture ou de toute espèce de clôture. Est assimilé à l’effraction l’usage de fausses clefs, de clefs indûment obtenues ou de tout instrument pouvant être frauduleusement employé pour actionner un dispositif de fermeture sans le forcer ni le dégrader ».
Revêtement super-hydrophobe et oléophobe : « Ultra Ever Dry »
La société américaine Ultra Tech International Inc. a développé un revêtement super-hydrophobe et oléophobe dont la vidéo de présentation est tellement prometteuse qu’elle est rapidement devenue virale. Basés à Jacksonville, en Floride, les Américains sont loin d’être les premiers sur le créneau du revêtement super-hydrophobe, mais ils semblent bien décidés à se faire connaître rapidement et à supplanter leurs concurrents. Les revêtements traités par « Ultra Ever Dry » devenus super-hydrophobes et oléophobes, semblent repousser avec aisance aussi bien l’eau et l’huile que la boue ou encore le béton humide.
L’hydrophobie se définit assez simplement : l’angle de contact d’une goutte d’eau, lorsqu’elle est sur une surface plane (localement), doit dépasser les 90 degrés. Au-delà de 150°, la surface est alors considérée comme étant super-hydrophobe. Un angle de contact égal à 180° signifie que la goutte d’eau est complètement sphérique, repoussant la zone de contact jusqu’à un simple point. À titre d’exemple, le Téflon d’une poêle n’est qu’hydrophobe, l’angle de contact moyen étant de 95°.
La super-hydrophobie présente de nombreux intérêts : outre ses évidentes qualités d’imperméabilisation, elle permet de lutter assez efficacement contre le gel, souvent fatal pour les isolants électriques, les lignes à haute-tension, ou le revêtement des ailes d’un avion. Elle est également efficace pour lutter contre la corrosion.
Plonger une bille de nickel incandescente dans l’eau (suite) :
Nous vous parlions la semaine dernière, dans notre Revue du web #38, d’une expérience réalisée par un internaute illustrant à merveille un effet bien connu des scientifiques, à savoir l’effet Leidenfrost – du nom du premier chercheur à l’avoir décrit, l’Allemand Johann Gottlob Leidenfrost. Pour ce faire, une bille de nickel chauffée jusqu’à en devenir incandescente était plongée dans une tasse remplie d’eau froide, vaporisant l’eau qui l’entoure et créant une « chape » de vapeur autour de la bille.
Décidé à aller plus loin, notre internaute renouvelle l’expérience en plongeant une bille de nickel incandescente – dont le diamètre est cette fois-ci sensiblement plus grand – dans un verre d’eau chaude. Le principe est le même mais la réaction dure plus longtemps, l’eau chaude diminuant légèrement l’échange de chaleur et la réserve calorifique de la bille de nickel étant plus grande due à son diamètre plus élevé. Le métal rougi vaporise instantanément l’eau qui l’entoure, créant une « chape » de vapeur autour de la bille. Cet écrin de vapeur limite les échanges énergétiques entre le nickel et le reste de l’eau. Tant que la bille est suffisamment chaude pour faire bouillir et vaporiser à une vitesse suffisante l’eau qui entoure l’écrin de vapeur, l’effet est entretenu et retarde le refroidissement de la sphère métallique. Lorsque la bille n’est plus assez chaude pour renouveler assez vite la chape de vapeur, le bouclier s’effondre et laisse l’eau entrer en contact direct avec la bille, qui se refroidit très rapidement, alors que l’eau se met à bouillir violemment.
L’effet Leidenfrost s’explique assez facilement et est aisément observable en projetant des gouttes d’eau sur une plaque chauffante. En fonction de la température du support, la goutte va avoir un comportement différent : légèrement en dessous de 100°C, la goutte s’étale et s’évapore lentement ; au-dessus de 100°C, la goutte siffle en atteignant le support et s’évapore très rapidement ; lorsque le point Leidenfrost est atteint (autour de 160°C pour l’eau), la goutte ne s’évapore plus, mais glisse sur la plaque chauffante. En effet, la partie inférieure de la goutte se vaporise immédiatement, créant un film de gaz protégeant le reste de la goutte de la plaque, et assurant par la même sa suspension. La goutte peut alors rouler comme une bille et met plus de temps à s’évaporer que si la plaque était de température moins élevée.
En complément, une autre vidéo plus anecdotique mais au charme hypnotique, dont l’intérêt scientifique est cependant plus limité, postée par le même internaute. On y voit – toujours – une bille de nickel incandescente, qui cette fois-ci traverse un bloc de glace avec toute l’aisance que l’on peut supposer.
Le gadget (inutile ?) de la semaine : « Vomiting Larry », faire avancer la science par le vomi
Pour clore cette trente-neuvième Revue du Web, penchons-nous sur le cas de « Vomiting Larry » notre gadget (inutile ?) de la semaine, qui ne serait pourtant pas à proprement parler inutile. Réminiscence pour certains d’entre vous des joies du trop manger et du trop boire durant les fêtes de fin d’année, la vidéo ci-dessous nous présente « Vomiting Larry », la dernière arme engagée dans la lutte contre les Norovirus par les autorités britanniques. Les Norovirus, et le virus de Norwalk (virus type du genre Norovirus) sont responsables de certaines des plus virulentes épidémies de gastro-entérite à travers le monde, touchant depuis le début de l’hiver plus d’un million de personnes rien qu’au Royaume-Uni.
Pas de détour devant l’évidence : « Vomiting Larry » est un humanoïde simulateur de vomi, qui devrait pouvoir aider la communauté scientifique à analyser et à mieux comprendre les mécanismes de contagions lorsqu’une épidémie est en cours, et serait particulièrement utile dans le cas d’un Norovirus, « bestiole » pouvant vivre jusqu’à douze jours sur une surface contaminée, comme le rappelle l’agence Reuters.
Larry est essentiellement composé d’une tête de mannequin, une tête qui est généralement utilisée par les étudiants en médecine pour s’exercer à la pratique des laryngoscopies. Il possède une langue, une dentition standard constituée d’un autre matériau que celui utilisé pour la tête, ainsi qu’un ersatz d’œsophage relié à un cylindre contenant du fluide, faisant office d’estomac. Un piston déclenche la remontée du fluide, « dont le débit et la portée auraient été étudiés pour être réalistes » (sic). La pression nécessaire, de l’ordre de 800 kilopascals, fut calculée sur la quantité moyenne de fluide contenue dans un estomac humain ainsi que sur la distance à parcourir pour atteindre le sol.
Le protocole expérimental est simple : reculer dans un premier temps, puis laisser Larry vomir le fluide, composé d’eau et d’un marqueur fluorescent. Malgré la phase de nettoyage, il suffit d’éteindre la lumière pour constater que de très nombreuses particules fluorescentes sont toujours présentes un peu partout sur le lieu de l’expérience, et ce jusqu’à trois mètres de Larry, alors que seulement une vingtaine de ces particules suffisent à contaminer un adulte sain. Croisons les doigts pour que la recherche avance.
Bonus : ceci n’est pas une chaise (ordinaire)
En bonus cette semaine, nous vous présentons une vidéo se situant quelque part entre l’illusion d’optique et l’anamorphose. Le studio de design français Ibride se sert de l’illusion d’optique comme point de départ à sa nouvelle collection, laissant Benoît Convers réinterpréter librement « trois icônes de l’histoire de l’assise en dessinant des chaises qui troublent nos repères, heurtent la logique et flirtent avec l’absurde ».
Le résultat ? Une chaise au design surprenant, inversée par rapport à sa silhouette, dans le simple but de nous troubler et de parvenir à faire mentir nos sens…