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Revue du web #36 : les vidéos de la semaine

Posté le 26 décembre 2012
par La rédaction
dans Informatique et Numérique

Toutes les deux semaines, la rédaction vous propose quelques vidéos glanées sur la Toile, présentant un intérêt scientifique certain, en lien – ou non – avec l'actualité des sciences. Certaines sont étonnantes, d'autres franchement loufoques.

Cette semaine dans la revue du Web :

« Pinokio », la lampe de Pixar crève enfin l’écran

Débutons cette trente-sixième Revue du Web avec un hommage, celui de Shanshan Zhou, Adam Ben-Dror et Joss Doggett. Les trois comparses, étudiants en design industriel à la Victoria Univesity de Wellington (Nouvelle-Zélande), fans inconditionnels des productions sorties du studio américain Pixar (depuis leur premier film, Toy Story, sorti en 1995, en passant par Le monde de Nemo en 2003, Ratatouille en 2007 ou encore plus récemment Wall-E) ont décidé de donner vie à la célèbre mascotte Pixar, une lampe de bureau répondant au doux nom de « Luxo Junior », dont la curiosité et les réactions semblent étonnamment humaines.

Programmée dans le langage « Processing » et s’appuyant sur pas moins de six servomoteurs, une webcam, et le fameux circuit imprimé en matériel libre « Arduino » pour l’animation, la lampe rebaptisée pour l’occasion « Pinokio » semble jouir d’un sens accru de l’interaction. Réagissant aux moindres mouvements et dotée d’un logiciel de reconnaissance faciale, la mascotte du studio américain possède également un capteur la rendant aussi sensible aux sons de son environnement. Son comportement, mélange habile de naïveté enfantine et d’un besoin maladif d’attention, en séduira ou en agacera plus d’un. La poésie douce heureuse du studio Pixar est en tout cas bien présente ici. La lampe vit tant qu’elle en crève l’écran, mais pour ce qui est de l’éteindre, c’est une toute autre histoire…

Le retour du robot quadrupède « Big Dog », de la Boston Dynamics

« Big Dog » est de retour, plus impressionnant que jamais… La mule-robot, qui fait les beaux jours de la très prolifique société américaine Boston Dynamics, nous revient avec plus d’un nouveau tour dans son sac, renforçant encore le prestige – mérité – dont jouit cette société dans la communauté scientifique. Le programme « Leader Follow » permet désormais de contrôler à l’aide d’une commande vocale le robot, qui suit alors presque au doigt et à l’œil son maître, nonobstant les difficultés du terrain. Le robot analyse les obstacles dont il doit se défaire, puis… s’en défait, méthodiquement, à son rythme.

Big Dog est une mule-robot quadrupède, ayant plus ou moins l’allure d’un gros chien trapu, développé par la Boston Dynamics en collaboration avec le fabricant de robots à usage militaire Foster-Miller, le Jet Propulsion Laboratory (coanimé par la NASA), la Harvard University Concord Field Station et financé par la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), agence affiliée au Département de la Défense américain, et chargée de la recherche et du développement des nouvelles technologies destinées à des fins militaires.

Big Dog a été conçu dans un but bien précis : transporter du matériel militaire sur des terrains impraticables pour des véhicules traditionnels sur roues, à l’aide d’un moteur deux temps à un cylindre activant les quatre pattes de la mule. Le moteur entraine une pompe hydraulique qui, à son tour, entraine les quatre actionneurs de chaque jambe, à raison de deux pour la hanche, une pour l’articulation du genou et une au niveau de la cheville. Le bon fonctionnement de chacun des actionneurs est assuré par un cylindre hydraulique, un servo-distributeur hydraulique, un capteur de position ainsi qu’un capteur de force.

Le poulain de la Boston Dynamics, en constante évolution, a d’ores et déjà essuyé le feu du conflit afghan.

Boston Dynamics : après Big Dog, Pet Proto n’est pas en reste !

Quand on vous dit qu’ils sont prolifiques et qu’ils ne manquent pas de poulains, chez les Américains de la Boston Dynamics… La mule robot Big Dog n’est pas la seule à connaitre des améliorations : après Cheetah, le robot sprinter si rapide qu’il dépasse même le recordman du monde du 100 mètres, le Jamaïquain Usain Bolt, c’est au tour de « Pet Proto » de connaitre quelques mises à jour substantielles. Ni la Boston Dynamics, ni le Pentagone, ni le DARPA (qui finance également le projet) ne communiquent sur les caractéristiques techniques de Pet Proto, sujet au combien sensible puisque touchant de près à l’armée américaine.

Pet Proto est un ambitieux projet de robot humanoïde bipède, proche cousin tout en muscles de Petman. Destiné aux champs de bataille, Pet Proto semble avoir été développé pour être capable d’effectuer des missions de reconnaissance sur le terrain, en éclaireur. La vidéo suivante nous montre comment le robot bipède se débrouille face à un parcours du combattant spécialement conçu par la Boston Dynamics pour tester ses robots, le « Robotics Challenge ».

On peut donc observer Pet Proto se défaire – bien qu’encore maladroitement – d’un obstacle en hauteur, d’un fossé ainsi que d’un escalier de quatre marches… L’autonomie n’est pas encore au rendez-vous, mais au train où progressent les petits protégés de chez Boston Dynamics…

L’hexafluorure de soufre, aux antipodes de l’hélium

Classique de la chimie récréative : inhalez de l’hélium et votre voix devient plus aiguë pendant un temps relativement court. Plus inhabituel : inhalez de l’hexafluorure de soufre et votre voix devient alors bien plus grave… La raison du changement de timbre temporaire est simple : la densité de l’hélium est peu élevée, la vitesse du son dans l’hélium est près de trois fois supérieure à celle de l’air, or la fréquence fondamentale d’une cavité remplie de gaz est proportionnelle à la vitesse du son. L’augmentation des fréquences de résonance de l’appareil phonatoire entraîne alors la hausse temporaire du timbre de voix.

Le contraire se produit avec l’hexafluorure de soufre : l’inhalation de ce gaz plus dense que l’air diminue les fréquences de résonance de l’appareil phonatoire, entrainant une baisse temporaire du timbre de voix, d’où découle cette impression de voix sortie d’outre-tombe. Les deux vidéos suivantes, l’une montrant un professeur de chimie devant sa classe, l’autre provenant de l’émission américaine à succès « MythBusters », illustrent plutôt bien ce qu’il se passe lorsque l’on inhale de l’hexafluorure de soufre (nous vous rappelons que l’inhalation de ces gaz peut être dangereuse). Jugez plutôt :

   Le gadget (inutile ?) de la semaine : Wiki Weapon, le « do it yourself » de l’arme à feu  

 La législation sur le port d’armes à feu aux Etats-Unis est l’une des plus permissives au monde. La succession de drames (le dernier en date a fait 27 morts – dont 20 enfants – dans une école de la petite ville de Newton, dans le Connecticut, le 14 décembre) est là pour faire office de piqûre de rappel, une piqûre de rappel pourtant bien inutile. Pour conclure cette trente-sixième Revue du Web, voici le gadget (inutile ?) de la semaine : un fusil d’assaut imprimé en 3D, issu du projet Wiki Weapon, chantre absurde et effrayant du « do it yourself » appliqué aux armes à feu.

Cody Wilson, étudiant en droit à l’université du Texas et à l’origine du projet, travaille à la mise au point d’un modèle open-source de fusil d’assaut dont chacune des pièces pourrait être imprimée à l’aide d’une imprimante 3D. La matière première de ces machines est le plus souvent un polymère thermoplastique relativement rigide répondant au doux nom d’acrylonitrile butadiène styrène, plus connu sous l’acronyme ABS, très utilisé par les industriels (il fait toujours les beaux jours du fabricant de jouets danois Lego).

Dans la vidéo qui suit, l’étudiant américain teste en plein air un fusil d’assaut de type AR-15 (équivalent du M-16 utilisé par l’armée américaine) dont seules la partie inférieure et la détente de l’arme sont sorties d’une imprimante 3D. Le reste du fusil d’assaut est composé de pièces standards que l’on peut se procurer séparément et sans licence dans certains Etats, contrairement à la partie imprimée. Le fusil aura tenu le temps de tirer six coups, avant que la pièce ne se brise, sans danger pour l’apprenti tireur car les tensions se trouvent en partie circonscrites aux niveaux du canon et de la culasse.

Une des raisons de la fragilité relative des pièces imprimées est que l’impression se fait couche par couche. Une pièce moulée d’un bloc dans le même matériau serait autrement plus résistante aux tensions. Gageons que l’on puisse souffler encore un peu.

Bonus : la toute première photo de la double hélice de l’ADN

En bonus de cette trente-sixième Revue du Web, la toute première photo d’un élément manipulé quotidiennement par de nombreux scientifiques, mais que l’on n’était encore jamais parvenu à photographier… L’équipe du Département des Nanostructures de Gênes, menée par le professeur Enzo di Fabrizio, a en effet réalisé le premier cliché de la structure en double hélice de l’Acide Désoxyribonucléique, depuis sa découverte par James Watson, Francis Crick et Rosalind Elsie Franklin il y a près de 60 ans.

La technique mise au point par l’équipe universitaire italienne est simple et complètement novatrice : après avoir isolé des fils d’ADN dans une solution diluée, il suffit alors de « les sécher et de les étirer sur un lit de colonnes nanoscopiques en silicone » provoquant une évaporation éclair de la solution, pour enfin observer les fils par le biais d’un microscope électronique. La technique en est encore à ses balbutiements, et nécessiterait quelques améliorations : les électrons provenant du microscope électronique cassent les molécules d’ADN, ne permettant pas l’observation d’un fil entier, mais seulement de fragments d’ADN. Voici la photo publiée dans la revue américaine Nano Letters, qui publie également leurs travaux :


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