Cette semaine dans la revue du Web :
- « Mantabot », un robot mis au point par une équipe de chercheurs de l’université de Virginie, imitant le mouvement gracieux d’une raie manta pour pouvoir se déplacer sous l’eau ;
- le venin de la vipère de Russell, dangereux ? Découvrez une vidéo illustrant l’action ultra-rapide du venin de cette vipère du sous-continent indien, lorsqu’il entre en contact avec du sang ;
- une grue soulevant une grue soulevant une grue… soulevant une grue : mise en abyme orchestrée par le fabricant allemand d’engins de constructions et de machines-outils Liebherr, afin de prouver la fiabilité des grues mobiles sortant de ses usines ;
- des jambes robotiques « biologiquement exactes », mises au point par des chercheurs de l’université de l’Arizona, afin d’explorer plus avant les processus impliqués dans la locomotion humaine ;
- vidéo vintage : comment donner l’impression de réveiller un volcan, simplement avec un (gros) sac poubelle ? L’Erta Ale, volcan bouclier éthiopien situé dans la vallée du grand rift, riche en volcans, sert ici de cobaye ;
- le gadget (inutile?) de la semaine : « Yellow Jacket iPhone », le premier étui pour iPhone… avec pistolet à impulsion électrique intégré ;
- en bonus : « Blue Marble 2012 », photo de la Terre en très haute définition prise par le satellite américain Suomi NPP. Les Russes ne sont pas en reste, prenant une photo très haute définition de la Terre… toutes les trente minutes.
« Mantabot », le robot qui imite le mouvement d’une raie manta :
Pour débuter cette vingt-neuvième revue du web, voici « Mantabot » un robot ressemblant et imitant le mouvement d’une raie manta ou d’une raie pastenague pour pouvoir se déplacer sous l’eau. Le robot a été mis au point par une équipe de chercheurs et d’ingénieurs de l’université de Virginie, basée à Charlottesville. Le projet, initié par le professeur Hilary Bart-Smith, enseignant la mécanique et l’ingénierie aérospatiale dans cette université américaine, est fascinant à plus d’un titre.
L’équipe de scientifiques s’est fixée pour but de réussir à imiter les remarquables mouvements empreints de puissance et de grâce de ces poissons, à l’aide d’un robot qui en imite tout d’abord la forme caractéristique, un large corps plat muni de deux grandes « ailes », les nageoires pectorales. La forme du corps de la raie est un élément primordial dans le mouvement de celle-ci. « Les raies sont de merveilleux exemples d’optimisation mécanique réalisée par la Nature », explique le professeur Hilary Bart-Smith. Les raies sont de fantastiques et gracieux nageurs, sachant conserver leur énergie en parvenant à planer sur de très longues distances, une fois l’impulsion donnée.
« Nous en étudions un spécimen de très près, afin de mieux décoder cette magnifique nage, et nous espérons encore améliorer notre prototype. », continue Hilary Bart-Smith. Moulé directement sur le corps d’une raie de type « Rhinoptera Bonasus », le prototype est constitué d’un assemblage de silicone et de polymère. Les scientifiques ne se sont pas contentés d’observer l’animal pour en comprendre parfaitement les mouvements, ils ont aussi dû… disséquer un de ces majestueux poissons.
La raie robotique est capable de nager, de tourner, d’accélérer tout comme de planer gracieusement dans un battement d’ailes presque totalement silencieux. Le contrôle du prototype se fait à l’aide d’une console et d’un ordinateur, de manière relativement simple. Le but – avoué – du professeur Hilary Bart-Smith ainsi que de son équipe d’ingénieurs est de parvenir à une propulsion optimale et silencieuse, pour une consommation d’énergie minimale.
Les applications de ce robot sont extrêmement nombreuses et variées, selon les dires même des chercheurs derrière le projet « Mantabot » : la raie robotique pourrait tout d’abord servir à collecter des informations sur son environnement pour la communauté scientifique. Comme souvent, les applications militaires n’ont pas échappé à certains, voyant le prototype comme un possible outil de surveillance en territoire « ennemi ». Il pourrait enfin, si on en modifie les dimensions – en augmentant ou en réduisant la taille de la raie robotique – servir de plate-forme pour des instruments de mesure.
« Mantabot » est un exemple de plus parmi d’autres laissant entrevoir un avenir très prometteur à l’ingénierie bio-mécanique.
Le venin de la vipère de Russell, dangereux ?
Son petit nom : « daboia russelii » ou vipère de Russell. Ce serpent, dont l’habitat naturel se trouve partagé entre le Pakistan, l’Inde, le Sri Lanka et le Bangladesh, pouvant dépasser le mètre soixante de longueur, fait partie du terrifiant « Big Four », les quatre espèces de serpents venimeux responsables du plus grand nombre de décès par morsures de serpents en Asie du Sud (avec le cobra indien – le fameux « naja naja » -, le bongare indien et l’échide carénée).
Pour illustrer les effets dévastateurs du venin de ce serpent sur un organisme après inoculation, un journaliste collecta un échantillon de celui-ci à partir des solénoglyphes de la vipère (ses deux longs crochets mobiles) afin de le mettre en présence d’un autre échantillon, cette fois-ci du sang de souris. La réaction, impressionnante, ne se fait pas attendre : l’échantillon de sang coagule en seulement quelques secondes, laissant apparaître une gelée de sang dans la boite de Pétri.
Ces « moissonneurs de venin » collectent celui-ci pour son prix extrêmement élevé à la revente (plus élevé que le cours de l’or), notamment lorsqu’il est vendu en poudre. Bien que ce venin coagule très efficacement le sang des rongeurs, les effets sur le sang humain sont tout autres bien que tout aussi dévastateurs : le sang humain se liquéfie au point de provoquer des saignements à partir de toutes les zones dont la vascularisation est très proche de la peau (gencives, yeux…).
La récolte du venin de serpent sert généralement deux objectifs bien distincts : la recherche en pharmacologie et le développement de produits cosmétiques. Les nombreuses toxines et enzymes présentes dans les différents venins de serpent – les protéases, la hyaluronidase (qui augmente la perméabilité des tissus, facilitant la propagation du venin), les phospholipases et les phosphatases – ont des propriétés qui peuvent être exploitées dans ces deux domaines. Certains venins sont utilisés dans la lutte contre le cancer, d’autres entrent même dans la composition de certains médicaments : le Captotril, médicament contre l’hypertension, contenant du téprotide extrait du venin d’un serpent d’Amérique du sud, le Bothropoides jararaca ; le Tirofiban, médicament soignant l’angine de poitrine, dont le principe actif est extrait du venin d’un vipéridé asiatique, l’Echis carinatus.
Une grue soulevant une grue soulevant une grue soulevant… une grue
Le fabricant allemand d’engins de constructions et de machines-outils Liebherr, pour prouver la fiabilité des grues mobiles sortant de ses usines, et ce quelleque soient leursdimensions, a décidé de mettre les petits plats dans les grands. Rien de tel, pour ce faire, qu’une mise en abyme avec une grue gigantesque soulevant une grue non moins grande, soulevant une grue plus petite qui elle, soulève un jouet… qui n’est autre qu’une réplique de grue ! L’opération se fait étape par étape, la plus petite des grues étant arrachée du sol par une seconde grue. Cette seconde grue est elle-même tirée du sol par le modèle suivant, toujours plus grand. La dernière (et plus grande) des grues finit par soulever l’ensemble, sans réelles difficultés, malgré le poids et la longueur de l’ensemble. La vidéo, bien qu’intéressante, connaît quelque longueurs, n’hesitez pas àsauter quelques passages.
La plus grande des grues mobiles du constructeur allemand, le modèle « LTM 11200-9.1 », est un monstre de métal:c’est ni plus ni moins que la plus puissante grue télescopique présente sur le marché.Elle possede uneflèche télescopique composée de huit parties lui permettant un allongement maximal de 100 mètres, est la plus longue au monde. Sa capacité de charge est de 1200 tonnes, pour une portée de 2,5 mètres.
Il existe deux types de grues mobiles, dont les utilisations peuvent différer grandement : les grues mobiles à flèche télescopique et les grues mobiles à flèche en treillis. Elles peuvent, au choix, être montées sur châssis mobile ou montées sur châssis chenilles, pour un emploi mixte route / hors route sur les chantiers du monde entier.
Le constructeur allemand avait innové en fin d’année dernière, laissant sortir de ces usines une flèche à treillis s’élevant à une hauteur exceptionnelle : 150 mètres de hauteur, la partie inférieure de la flèche en treillis étant constituée d’une « double-flèche » parallèle, qui se transforme en simple flèche au niveau de la partie supérieure. Cette flèche innovante permettrait ni plus ni moins qu’une augmentation de la capacité de levage de plus de 50 %, car elle optimiserait la stabilité en direction de la charge, mais aussi latéralement.
Jambes robotiques « biologiquement exactes »
Mise au point par un groupe de chercheurs de l’Université d’Arizona, voici une paire de jambes présentées comme « biologiquement exactes », imitant les fonctions et les mouvements de vraies jambes humaines. Ce jeu de jambes robotiques présente des versions simplifiées des réseaux neuronaux, de l’appareil locomoteur et du système de réponses sensorielles humain.
Le but à atteindre ici par l’équipe de chercheurs est de recréer une démarche humaine la plus naturelle possible, « dans un souci d’exactitude sans précèdent, pour mieux cerner les processus impliqués lorsqu’un humain marche, et trouver une réponse à la question : comment les humains apprennent-ils à marcher ? ». Une fois leur but atteint, ces connaissances pourraient, selon les chercheurs, aider certains patients blessés à la colonne vertébrale à marcher de nouveau.
L’un des éléments clés de la démarche humaine est le réseau locomoteur spinal (« central pattern generator », CPG en anglais), réseau neuronal se trouvant dans la moelle épinière qui, une fois activé par le cortex moteur, permet de générer et de contrôler les signaux rythmiques musculaires responsables de l’activité motrice d’un sujet.
Vintage : réveiller un volcan… avec un sac poubelle :
La chute d’un être humain dans un lac de lave pourrait-elle provoquer une éruption ? Un être humain peut-il se « noyer » ou tout du moins s’enfoncer suffisamment dans un lac de lave ? Un groupe de chercheurs, dont le campement de base se trouvait près du volcan Erta Ale, en Éthiopie, décida de tester la susceptibilité de celui-ci en y jetant un sac poubelle. D’une trentaine de kilos, respectant approximativement les dimensions d’un cube d’une soixantaine de centimètres de côté, ces restes organiques ne présentent que peu de similitudes avec un être humain, mais le test tient. La chute, de près de 80 mètres, brise l’équilibre apparent du lac de lave, le volcan donne l’impression de se réveiller, peu à peu, la croûte solidifiée de lave se rompt et la lave liquide gagne du terrain en même temps que l’activité semble reprendre.
Alors qu’une partie de la communauté scientifique estime que la très grande densité de la lave empêcherait un homme de s’y enfoncer, la vidéo semble prouver le contraire. Le retour apparent de l’activité du lac de lave, un temps perçu comme la réaction entre l’eau contenue dans les déchets organiques contenus dans la poubelle et la lave (comme lors d’une éruption phréatomagmatique, rencontre explosive entre le magma ascendant et de l’eau superficielle, par exemple celle d’un cours d’eau, d’un lac ou encore d’une nappe phréatique), semble être plutôt dû à la perte de l’équilibre établi au niveau du lac de lave, le percement de la croûte permettant à nouveau la libre circulation et la remontée des gaz volcaniques.
La vallée du grand rift :
Niché en plein « berceau de l’humanité », l’Erta Ale est un volcan se trouvant au nord de la vallée du grand rift, zone d’extension intracontinentale coupant la Corne de l’Afrique en deux parties (la plaque tectonique nubienne, à l’ouest, qui s’éloigne petit à petit de la plaque somalienne, à l’est), s’étendant du sud de la mer Rouge au fleuve Zambèze sur un peu plus de 6000 kilomètres de longueur, d’une largeur d’environ quarante à près d’une soixantaine de kilomètres, pour une profondeur pouvant aller de quelques centaines de mètres à plusieurs milliers de mètres par endroits.
La vallée du grand rift connaît une activité volcanique intense de par sa position privilégiée sur la zone de fracturation : on y trouve – entre autres – le mont Kibo, dans le célébrissime massif du Kilimandjaro, très haut volcan éteint culminant à 5892 mètres, situé en Tanzanie et doté d’un glacier, symbole du pays ; le mont Kenya, volcan rouge aux mêmes caractéristiques, fierté nationale du Kenya dont les plus hautes cimes culminent à pres de 5200 mètres d’altitude ; le Dallol, site volcanique exceptionnel de l’Afar, au nord de l’Éthiopie, où les terrasses calcaires côtoient une multitude de petits geysers, des lacs acides ainsi que des étendues de sel et de souffre, l’ensemble se situant à plus d’une centaine de mètres en dessous du niveau de la mer ; l’Ol Doinyo Lengai, volcan tanzanien rejetant de la carbonatite, une lave fluide exceptionnelle qui blanchit en se refroidissant, créant des cônes de basalte blanc suintant de la carbonatite en libérant une épaisse fumée grise dans la caldeira du cratère ; et enfin, l’Erta Ale, volcan bouclier effusif à l’activité intense, situé en Éthiopie.
Éruption du volcan Ol Doinyo Lengai
Éclairages sur le volcan Erta Ale :
L’Erta Ale (« montagne fumante » en dialecte afar) est un volcan bouclier se trouvant dans la dépression Danakil, au nord de la vallée du grand rift, en plein pays Afar, au nord de l’Éthiopie. Un volcan bouclier est à la fois un volcan effusif et une très grande structure pouvant facilement atteindre plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre, caractérisépar des pentes plutôt douces (autour de 12°), dont la formation est le résultat de l’empilement de nombreuses coulées successives de lave basaltique et fluide. Culminant timidement à 613 mètres d’altitude, l’Erta Ale possède une caldeira à son sommet accueillant deux cratères, ainsi qu’épisodiquement des lacs de lave. Sa lave est basaltique, faiblement gazéifiée, et les roches affleurantes peuvent être vieilles de plus d’un million d’années.
Le gadget (inutile ?) de la semaine : « Yellow Jacket iPhone », le premier étui pour iPhone avec pistolet à impulsion électrique intégré
Pour conclure cette vingt-neuvième revue du web, rien de tel que le gadget (inutile?) de la semaine : « Yellow Jacket iPhone » est le premier étui de protection destiné aux iPhones comprenant… un pistolet à impulsion électrique intégré. S’inspirant d’une récente histoire de braquage lui étant arrivé, l’ayant laissé selon ses dires « traumatisé à vie », et dans une veine très américaine de self-défense, Seth Froom a pris la décision de devenir maître de son destin à l’aide de son nouveau joujou incapacitant.
Destiné aux jeunes filles comme aux cadres dynamiques, en passant par la mère de famille faisant ses courses tard le soir, « Yellow Jacket iPhone » n’offre pas seulement une arme de défense délivrant une décharge de près de 650 000 volts, supposément non-létale, ainsi que la protection « anti-choc » dudit téléphone à l’aide du hardcase : cet étui offre également près de vingt heures d’autonomie supplémentaires en mode veille. Reste la question de la sécurité : en dehors des controverses concernant la dangerosité de telles armes, rappelons nous qu’un téléphone se trouve très régulièrement… près de notre tête. Alors, qu’il y ait un dispositif de sécurité ou non…
N’ayant réussi à réunir qu’une quinzaine de milliers de dollars sur les 100 000 dollars attendus, le joujou de Seth Froom, dont le prix escompté serait de 125 dollars, est toutefois encore loin d’inonder le marché.
L’entrepreneur américain n’est pourtant pas le premier à avoir eu l’idée d’associer smartphone et arme d’autodéfense : « Smartguard », présenté comme un étui smartphone chic et à la mode, intègre un espace pour une bombe lacrymogène au piment rouge ; les Américains de Tiger Security font encore plus fort, avec un faux iPhone, camouflant en réalité… un pistolet à impulsion électrique. Vous avez dit absurde ?
Bonus : « Blue Marble 2012 », photo de la Terre en HD
En bonus de cette revue, voici une photo publiée par la NASA, baptisée « Blue Marble 2012 », fruit de plusieurs passages du nouveau satellite météorologique et d’observation Suomi NPP, le 4 janvier dernier, satellite lancé plus de deux mois plus tôt à partir de la base militaire de Vanderberg, en Californie. Les photos ont été prises par le VIIRS (« Visible Infrared Imaging Radiometer Suite »), un radiomètre vingt-deux bandes, mesurant l’intensité du flux de rayonnement magnétique, et permettant donc de collecter aussi bien la lumière visible que les infrarouges. Le radiomètre de Suomi Npp sert, entre autres à la surveillance et à l’observation des feux de forets, l’observation du mouvement des glaciers ainsi que d’autres changements terrestres tangibles.
« Blue Marble 2012 », la photo la plus étonnante… by Gentside
Les Russes ne sont pas en reste : leur dernier satellite météorologique, Elektro-L, en orbite géostationnaire depuis le début de l’année 2011, prend une image de notre belle planète bleue toutes les demi-heures, avec une résolution de… 121 millions de pixels.
Développé par l’entreprise russe de construction de matériel spatial NPO S. A. Lavotchkine, pour la FKA (l’agence spatiale fédérale russe), Elektro-L est le premier satellite météorologique russe opérant avec succès en orbite géostationnaire, et est le deuxième satellite météorologique russe opérationnel. Du haut de ses 1620 kilogrammes, le satellite russe a été conçu pour fonctionner autour d’une dizaine d’années. Il peut fournir des images de la Terre en collectant à la fois la lumière visible et les infrarouges, tout comme son homologue américain, Suomi NPP. Il fournit des données cruciales pour l’étude du changement climatique ainsi que pour la surveillance des océans, en sus de son rôle premier de satellite météorologique.
La consommation électrique du satellite, de l’ordre de 700 Watts, est couverte par ses panneaux solaires, fournissant près de 1,7 kilowatt. Bien qu’il soit conçu pour fournir des photos de notre belle planète toutes les trente minutes, l’intervalle peut être toutefois raccourci à une dizaine de minutes en cas d’extrême nécessité.
Par Moonzur Rahman, journaliste scientifique
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