Après des anomalies dans la cuve du réacteur, voici les soudures défectueuses. EDF vient d'annoncer un retard supplémentaire d'un an du chantier et une addition supplémentaire de 400 millions d'euros, portant le coût du projet à 10,9 milliards d'euros.
Dans le feuilleton de l’EPR de Flamanville, EDF fait désormais face à des soudures défectueuses du circuit secondaire principal de refroidissement. Ce circuit relie le générateur de vapeur à la turbine qui produit l’électricité. L’énergéticien a annoncé fin juillet avoir contrôlé 148 soudures sur les 150 que compte le circuit secondaire principal. Parmi elles, «33 soudures présentent des écarts de qualité et vont faire l’objet d’une réparation».
Des soudures plus fragiles que prévu
EDF avait décidé que les composants les plus essentiels à la sûreté de l’installation relèveraient du principe d’«exclusion de rupture». Supposés être résistants à toute épreuve, l’entreprise pouvait se dispenser d’en étudier les conséquences de rupture, celle-ci étant supposée impossible. 20 autres soudures ne respectent pas les exigences de «haute qualité» liée à ce principe d’exclusion de rupture et vont être réparées. Pour dix autres soudures, EDF propose à l’Autorité de sûreté nucléaire «une démarche de justification spécifique».
Dans ces conditions, le chargement du combustible est reporté d’un an. Il est désormais prévu au 4e trimestre 2019, pour une mise en service commerciale de l’installation en 2020. L’addition passe ainsi de 10,5 à 10,9 milliards d’euros. Au début du projet en 2007, la mise en service de l’EPR de Flamanville était prévue pour 2012. L’installation complète devait alors coûter 3,3 milliards d’euros. Avec 8 ans de retard dans le planning de livraison et un dépassement des dépenses de plus de 7 milliards d’euros, force est de constater que l’EPR de Flamanville n’est pas le fleuron promis de l’industrie française.
Réactions en cascade
Peu avant cette annonce, les ONG Greenpeace et le Réseau Sortir du nucléaire avaient porté plainte contre EDF, Framatome (ancien Areva) et contre X pour dix infractions relevées sur le chantier. Selon le Réseau Sortir du nucléaire, «les malfaçons, mais aussi les contrôles déficients, semblent revêtir un caractère quasiment systémique». Selon France Nature Environnement, «EDF s’embourbe à Flamanville». Pour sa part, le parti Europe-Ecologie-Les Verts est encore plus incisif et parle de «fiasco industriel du siècle».
Flamanville a également une incidence sur le dossier Fessenheim. C’était une promesse de François Hollande, maintes fois répétées : fermer la centrale Fessenheim avant la fin de son quinquennat. Elle n’a pas été respectée. L’ancien président avait cédé à une délibération du Conseil d’administration d’EDF. La fermeture de la centrale n’interviendra qu’à partir de la mise en service de l’EPR de Flamanville et si elle est « nécessaire » au respect du plafond de la capacité de production d’électricité d’origine nucléaire installée en France. Dans ces conditions, le gouvernement a confirmé qu’il entendait repousser la fermeture de la centrale de Fessenheim à 2020. Le Réseau Sortir du nucléaire juge «inacceptable de repousser ainsi indéfiniment l’arrêt de Fessenheim».
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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