Des chercheurs viennent de démontrer, grâce à une nouvelle approche, que la « responsabilité climatique » de la Chine n’est pas aussi importante qu’initialement estimée.
La « responsabilité » de ce pays pourrait cependant croître rapidement dans les années à venir, assez paradoxalement en raison de futures politiques visant à améliorer la qualité de l’air dans le pays. Les chercheurs tirent ces résultats d‘une nouvelle méthodologie mise au point pour déterminer les impacts, sur le climat d’un pays, de ses émissions de gaz à effet de serre, d’aérosols et de composés chimiquement actifs dans l’atmosphère. Ces travaux sont publiés dans Nature le 17 mars 2016.
Les chercheurs ont quantifié la contribution actuelle de la Chine au « forçage radiatif » planétaire (le déséquilibre d’origine humaine du bilan de rayonnement de notre planète), en en distinguant les contributions des gaz à effet de serre à longue durée de vie, de l’ozone et de ses précurseurs, et des aérosols. Pour cela, ils ont établi un modèle couplant :
- les grands cycles biogéochimiques de la Terre (cycle du carbone, chimie atmosphérique des gaz à effet de serre) ;
- une reconstitution 3D du transport et de la chimie des particules dans l’atmosphère ;
- des reconstructions d’albédo provenant de données satellitaires.
Ils ont ainsi estimé que la Chine contribue à hauteur de 10 % en moyenne, au forçage radiatif global actuel. Sa contribution au forçage réchauffant (induit par les gaz à effet de serre, l’ozone troposphérique et le « carbone suie » 3 ) est de 12 % en moyenne. Sa contribution au forçage refroidissant (induit par les aérosols dispersant le rayonnement solaire, tels que les sulfates ou les nitrates) est de 15 % en moyenne.
Cette « responsabilité climatique » de la Chine, premier consommateur d’énergie dans le monde, est moindre que ne le laissaient présager sa consommation énergétique et ses émissions de CO2, pour deux raisons. La première est le fort effet masquant (refroidissant) des aérosols émis par la Chine – aérosols également à l’origine de la mauvaise qualité de l’air dans le pays. La seconde est que la méthode développée intègre les effets de toutes les émissions depuis 1750 (le début de l’ère industrielle), prenant ainsi en compte le fait que la Chine est un pollueur relativement récent.
Les contributions principales de la Chine démontrées dans l’étude sont :
- 0,16 Wm-2 (watt par mètre carré) en moyenne pour le CO2 issu des énergies fossiles ;
- 0,13 Wm-2 en moyenne pour le méthane (CH4) ;
- – 0,11 Wm-2 en moyenne pour les aérosols sulfatés ;
- 0,09 Wm -2 en moyenne pour les aérosols de « carbone suie », produits par les combustions incomplètes de combustibles fossiles et de la biomasse.
Le but, affiché par la Chine, d’améliorer la qualité de l’air dans les années à venir modifierait ce forçage radiatif, avec l’effet – assez contre-intuitif – d’augmenter la contribution chinoise au réchauffement. En effet, réduire les émissions de précurseurs de particules polluantes (telles que le dioxyde de soufre) diminuerait l’effet masquant des aérosols chinois, et accélérerait le réchauffement, à moins que cet effet ne soit compensé par ailleurs, par exemple en réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre de longue durée de vie et du « carbone suie ». Cette nouvelle méthodologie pourrait donc constituer un outil intéressant pour réévaluer l’impact climatique des pays.
Références : “The contribution of China’s emissions to global climate forcing”, Bengang Li et. al., Nature, DOI: 10.1038/nature17165.
Source : cnrs
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