La deuxième vague de chaleur caniculaire de l’été a conduit à l’arrêt temporaire des deux réacteurs de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne (deux fois 1 300 MW). Le motif : une hausse potentielle de température de la Garonne, n’autorisant plus la centrale à prélever l’eau dans le fleuve. Cet arrêt est qualifié, par EDF, de programmé puisqu’il s’applique en raison de la réglementation en vigueur pour les centrales nucléaires prélevant, et rejetant l’eau dans les fleuves. A Golfech, la température fixée est de 28°C.
Une centrale nucléaire a en effet besoin d’eau afin d’assurer le refroidissement des installations. Cette eau peut être prélevée dans la mer ou les fleuves et rivières, puis rejetée après utilisation. La température de l’eau rejetée est supérieure à celle de l’eau prélevée, ce qui peut entraîner une élévation de la température des fleuves et rivières à l’aval des centrales pouvant être préjudiciable à la faune et à la flore.
Sur l’eau prélevée par une centrale nucléaire, 99 % de cette eau est restituée, soit en totalité pour celle qui est en circuit ouvert, soit pour un tiers, sous forme de vapeur d’eau, par les tours aéroréfrigérantes et pour deux tiers sous forme liquide dans la rivière ou en mer.
Pour les réacteurs en bordure de fleuves, le réchauffement causé par la centrale est inférieur à 0,3°C (parfois 0,1°C seulement). Le rejet thermique se fait sur la rive afin d’effectuer un mélange progressif du rejet d’eau « tiède » sur plusieurs kilomètres, afin d’éviter la création d’un « mur thermique » pouvant faire barrage à la migration des poissons.
Une étude thermique du Rhône montre que les effets des rejets thermiques des centrales nucléaires restent très faibles et spatialement localisés.
En revanche, la production des centrales situées en bord de mer n’est pas affectée par les épisodes de forte chaleur. Les rejets sont dilués par les puissants courants marins et l’eau « tiède » rejetée dans le fond marin remonte rapidement en surface par convection, réduisant son impact sur les organismes vivant au fond de la mer.
Dans le parc nucléaire d’EDF, 11 sites sur 19 sont dotés d’aéroréfrigérant, trois sites (Bugey, Saint-Alban et Tricastin) sont en prise d’eau directe.
Depuis la canicule de 2003, qui a « surpris » EDF par son ampleur, entraînant la fermeture de plusieurs réacteurs, et celle de 2006, EDF a adapté ses moyens de refroidissement, a concédé Cécile Laugier, directrice prospective et environnement du parc de production d’EDF lors d’une rencontre, le 9 juillet dernier, avec les associations des journalistes de l’énergie et de l’environnement (AJDE et AJE). Un plan « Grands Chauds » a vu le jour, pour un montant de 500 millions d’euros. Il s’accompagne de modifications qui concernent la sûreté nucléaire, par une augmentation des capacités des groupes froids de production d’eau glacée et des échangeurs eau/eau, ainsi qu’un rembobinage de certains moteurs. Ont également été engagés des travaux de réhabilitation des aéroréfrigérants, pour renforcer le refroidissement de l’eau utilisée, en « consommer » moins et ainsi produire plus avec la même quantité d’eau (ce seul poste a engagé quelques 200 M€ qui s’ajoutent aux 500 M€ du plan). La majeure partie de ces modifications sont réalisées notamment dans le cadre des visites décennales et dans le plan « Grand carénage » qui vise à augmenter la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans.
Ce plan « Grands Chauds » fait aussi partie de la stratégie globale d’EDF dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques. Cette stratégie se fonde sur une ré-interrogation tous les 5 ans des évolutions climatiques (températures de l’air et de l’eau, débit). Une rénovation complète des stations de surveillance des paramètres physico-chimiques de l’eau a aussi été menée afin de sécuriser les mesures dans l’environnement, notamment de la température, avec un objectif de prévoir très finement les évolutions à 8 jours et permettre une anticipation graduée des arrêts potentiels. En outre, EDF procède à une amélioration des connaissances sur les rivières (débits, etc.) et les éco-systèmes. Une étude fouillée a ainsi été réalisée sur les peuplements du Rhône. Et EDF possède désormais une excellente connaissance de l’influence des changements climatiques sur l’évolution des eaux de la Garonne. Ces études visent également à prendre en compte l’ensemble des usages de l’eau (agriculture, électricité, loisirs, autres).
En fonction des prévisions météorologiques dans les jours et semaines à venir, il n’est pas exclu que d’autres réacteurs soient arrêtés ou réduisent leur fonctionnement, en raison du réchauffement de cours d’eau.
A noter, a indiqué Cécile Laugier, que sur les dix dernières années, alors que la France a connu plusieurs épisodes caniculaires, en 2003, 2006 et 2018, l’impact sur la production électrique des centrales a toujours été inférieur à 0,5% (et plutôt 0,3% en moyenne), sauf en 2018, avec 0,7% de « manque à gagner en termes de production de courant.
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