Lors d'une réunion du Conseil de l'énergie qui s'est tenue à Bruxelles, le 7 décembre 2009, 9 pays européens auraient signé un accord proposant de développer un gigantesque réseau électrique offshore en Mer du Nord et Mer d'Irlande. Explications.
Lors d’une réunion du Conseil de l’énergie qui s’est tenue à Bruxelles, le 7 décembre 2009, 9 pays européens auraient signé un accord proposant de développer un gigantesque réseau électrique offshore en Mer du Nord et Mer d’Irlande.Selon l’EWEA et le media Wind Energy l’accord signé pour le Royaume-Uni par Lord Hunt l’aurait été aussi par les ministres et/ou représentants des pays suivants : Allemagne, France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Danemark, Suède et Irlande. Cette proposition de développement (il ne s’agit pour l’heure que d’une proposition) de réseau éolien offshore servirait à accroître la sécurité énergétique des pays signataires, tout en aidant à optimiser la production éolienne offshore d’électricité.Il aiderait également l’Union européenne dans son ensemble (qui en a visiblement bien besoin eu égard aux récentes déclarations entendues pendant la Conférence de Copenhague) à atteindre ses objectifs en matière de production d’énergie renouvelable pour 2020 et 2030. Bien que l’EWEA ait toujours porté et défendu l’idée d’un gigantesque réseau européen de distribution d’électricité produite par l’éolien offshore, un tel réseau relève pour l’instant plutôt du domaine du rêve que de la réalité (cf. notre article du 5/5/2009 sur le projet de super-réseau européen ICI).Le réseau de la Mer de Nord demanderait à lui seul, selon Justin Wilkes de l’EWEA interrogé par le Rikki Stancich de Wind Energy, desinvestissements de l’ordre de 20 à 30 milliards d’ici à 2030. On peut retrouver l’intégralité de cet intéressant entretien en anglais ICI. Par comparaison, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que le total des investissements dans les réseaux de transport européens d’électricité sera de 187 milliards pour la période 2007-2030.
Prendre des paris et des risquesLe financement du futur réseau européen impliquerait donc des investissements importants qui ne seraient pas consentis seulement par les autorités gouvernementales des Etats mais aussi et surtout par des investisseurs privés et des groupements financiers qui sauraient prendre des paris (et des risques) sur les perspectives commerciales futures. Comme je le signalais déjà dans l’article du 5 mai 2009, la Banque européenne d’investissement (BEI) a, dans ce sens, un rôle capital à jouer.Des fonds spécifiques existent déjà en son sein comme les fonds pour les réseaux trans-européens qui répondent au doux nom de « fonds Marguerite », mais cela n’est pas suffisant.Ce sont des instruments comme le « Mécanisme de financement avec partage des risques » (MFPR), créés par la BEI qui pourraient, selon l’EWEA, garantir le type d’investissements attendus dans le domaine de l’éolien offshore, le tout appuyé aux niveaux régionaux par des fonds structurels orientés vers le développement des infrastructures d’électricité.
Développer par étapes au fur et à mesure des besoinsVoilà pour le point de vue financier. Du point de vue technologique, l’EWEA pense que c’est l’utilisation de la technologie HVDC (High Voltage Direct Current) qui est la plus attrayante pour l’exploitation du réseau offshore car elle offre la maniabilité nécessaire dont a besoin ce type de réseau. Il existe à l’heure actuelle deux principaux types de liaison HVDC : – la HVDC-LCC HVDC (la technologie la plus conventionnelle et la plus largement utilisée dans le monde)– la VSC HVDC (Voltage Source Converter High Voltage Direct Current), d’apparition récente et qui, selon de nombreux experts, serait plus appropriée aux besoins spécifiques en mer, car elle permet des liaisons sur de longues distances (jusqu’à 600 km) avec des pertes minimes.Son faible encombrement minimise également son impact environnemental et ses coûts de construction. L’aspect modulaire de cette technologie permet aussi de la développer par étapes au fur et à mesure des besoins. Dernier avantage d’une longue liste détaillée par L’EWEA, cette technologie est directement compatible avec les réseaux à terre. Il existe deux grands fabricants de la technologie HVDC VSC. Le premier est le leader mondial des technologies de l’énergie et de l’automation, ABB, qui utilise le nom de marque HVDC Light.Le second est Siemens dont la technologie s’appelle HVDC Plus. Le but, à terme, est d’utiliser conjointement ces deux technologies sur le réseau offshore du futur, mais pour l’instant elles ne sont pas identiques et des efforts sont nécessaires pour les rendre compatibles.
Au-delà des intentions, les défis à relever restent toujours les mêmesToujours dans cet intéressant entretien, les questions de la réglementation et de l’autorité de gestion d’un tel réseau sont largement évoquées. L’intégration, par exemple, de ce super-réseau offshore dans l’initiative européenne est aussi abordée de même qu’une collaboration avec le REGRT-E est évoquée, ainsi qu’une collaboration avec le Pentalateral Energy Forum.Je rappelle que le REGRT-E (Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d’électricité) créé voici tout juste un an, le 19 décembre 2008, réunit 42 gestionnaires européens de réseau de transport, qui sont devenus ainsi responsables du plus grand réseau interconnecté, et ont créé de ce fait l’organisation GRT prévue par le troisième paquet « marché intérieur » de la Commission Européenne.En résumé, ce qu’il ressort de cet entretien, reflet de la situation actuelle de l’offshore en Europe, c’est qu’au-delà des intentions, les défis à relever semblent rester hélas toujours, mois après mois, les mêmes. Au-delà du défi technique (finalement presque le moins complexe à relever !), c’est la construction d’un réseau européen en mer qui intègre les 40 GW d’énergie éolienne offshore attendus d’ici à 2020, et les 150 GW d’énergie éolienne offshore attendus d’ici 2030, les défis principaux restent toujours ceux des implications.Un super-réseau européen ne pourra pas voir le jour sans une vision pan-européenne, impliquant plus qu’une contribution, un véritable engagement de la Commission européenne, du REGRT-E, d’intervenants tels que l’EWEA mais aussi une forte coopération entre les États membres (pour l’instant quasi inexistante), et bien sûr toujours, encore, surtout… un accès au financement.C’est pour cette raison que l’EWEA a proposé son Offshore Development Network Master Plan qui se déroule sur 20 ans. On en retrouvera les grandes lignes dans le document 2009 « Ocean of opportunity » téléchargeable sur le site de l’EWEA.Source :Les énergies de la mer
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