Fin 2022, l’introduction du bonus-réparation ravissait les amateurs de la récup’. Un an plus tard, le bilan de la CLCV dévoile un développement encore insuffisant par rapport aux objectifs, un maillage territorial déséquilibré et des réparations presque inexistantes sur certains types d’appareils pourtant éligibles.
Le bonus réparation lancé fin 2022 vise à inciter les Français à réparer leurs appareils électriques et électroniques, plutôt que de les jeter. Pour réduire le coût de la réparation, il consiste en une réduction immédiate de la facture de réparation, comprise entre 10 et 60 € (hors garantie), auprès de réparateurs labellisés QualiRépar (cf. toutes les nouveautés 2024). L’association nationale de consommateurs et usagers (CLCV) dévoile son deuxième observatoire du fonds réparation des équipements électriques et électroniques (EEE) sur la période du 15 décembre 2022 au 4 décembre 2023. Il soulève plusieurs avancées, mais aussi points de dysfonctionnements. Sur la période, le bonus réparation a permis de couvrir, en moyenne, 17 % du coût total de la réparation soit un bonus moyen de 23 € sur une facture moyenne de 136 €.
Un potentiel de labellisation sous-exploité
L’Agence de la transition écologique (Ademe) estime qu’il existe environ 30 000 sites de réparation répartis sur l’ensemble du territoire français. Au 4 décembre 2023, 806 entreprises étaient labellisées QualiRépar. Le réseau des réparateurs labellisés atteint désormais plus de 2 050 sites physiques où les consommateurs peuvent amener leurs appareils pour des réparations. « Ce chiffre met en lumière un maillage encore insuffisant et inégal des magasins labellisés, soulignant la nécessité d’élargir la présence de ces établissements sur l’ensemble du territoire », estime l’observatoire. En plus, le réseau labellisé comprend près de 2 600 techniciens itinérants.
En moyenne, un département comprend 46 points de réparation, sur site ou à domicile. Mais l’Observatoire souligne un déséquilibre dans ce maillage territorial. « Le Nord, Paris et les Bouches-du-Rhône présentent le nombre le plus bas de points de réparation par habitant : 0,39 point de réparation par 10 000 habitants dans le Nord, 0,38 à Paris et 0,44 dans les Bouches-du-Rhône », partage le rapport. Les départements de Lozère et de la Creuse présentent le plus de points de réparation par habitant : respectivement 2,06 et 2,46 pour 10 000 habitants.
Des acteurs de toutes tailles
Leclerc-Est, Boulanger et Wefix sont les trois plus importants acteurs du fonds réparation. « Parmi les 2 052 sites labellisés, SAV Leclerc-Est émerge comme l’acteur majeur avec 389 sites répartis sur l’ensemble du territoire français. Il est suivi de près par Boulanger, qui compte 210 sites, et Wefix, avec 138 sites », cartographie l’observatoire. Ces trois entreprises à elles seules totalisent 36 % de l’ensemble des sites labellisés.
Aux côtés de ces grands acteurs, les travailleurs indépendants et les petites et moyennes entreprises rejoignent le mouvement. Les petites structures, dotées d’un seul site composé d’une à deux personnes, représentent 56 % des entreprises labellisées.
Après un pic d’activité entre novembre 2022 et janvier 2023, autour de 600 sites labellisés par mois, le nombre de labellisations stagne autour de 100 par mois entre août et novembre 2023. Cette inertie proviendrait des coûts administratifs et du temps nécessaire pour obtenir la labellisation, présume l’Observatoire. Pour contrer cet effet, le processus pour les entreprises artisanales de moins de 10 salariés sera prochainement simplifié et le coût de labellisation passera de 447 € à 200 € HT pour un cycle de trois années.
Quels sont les appareils les plus réparés ?
Du 15 décembre 2022 au 4 décembre 2023, le fonds réparation a enregistré 158 132 réparations bénéficiant du bonus réparation. Cela reste bien en dessous des objectifs : les éco-organismes visaient plus de 500 000 réparations prises en charge d’ici fin 2023. Une stagnation des réparations mensuelles, autour de 20 000, est même observée à partir du mois de juillet.
CLCV relève que les appareils les plus réparés sont ceux pour laquelle la réparation reste plus avantageuse et ceux pour lesquels la couverture en réparateurs est la plus développée. « En ce qui concerne les équipements qui ont fait l’objet d’une demande de remboursement validée par QualiRépar, [on constate] une nette prépondérance des réparations de téléphones portables, de lave-vaisselle et de lave-linge. Ces trois catégories de produits représentent à elles seules près de 66 % des réparations effectuées avec le fonds. »
Depuis le 1er janvier 2024, 75 types de produits sont désormais éligibles au bonus réparation. Cela nécessite d’avoir des réparateurs labellisés ayant les compétences requises pour chaque catégorie. Toutefois, la réparation de plusieurs produits du quotidien reste quasi inexistante. C’est le cas des machines à café avec filtre, grille-pain, enceintes, fer à passer, bouilloire, presse-agrumes ou encore perceuses. Dans ces cas, CLCV souligne que « les contraintes telles que le coût (réparation plus chère que l’achat d’un appareil neuf) et le temps requis pour se rendre chez un réparateur peuvent être des facteurs influant sur les décisions de réparation ».
Le problème majeur est que la majorité du réseau de points de réparation français cantonne son activité à la réparation des équipements informatiques et de télécommunications, au gros et petit électroménager, aux TV et électronique grand public. Très peu de réparateurs demandent leur labellisation pour dépanner les outils électriques, comme les perceuses, les appareils photo, les jouets et autres équipements de loisir et de sport. Pour tenter d’inverser la tendance, depuis le 1er janvier 2024, les éco-organismes ont augmenté de 5 € le bonus de ces appareils.
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