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Remplacer les anciens ordinateurs portables serait néfaste pour l’environnement

Posté le 11 novembre 2012
par La rédaction
dans Informatique et Numérique

Il est plus efficace sur le plan énergétique d’améliorer les anciens ordinateurs portables que d’acheter de nouveaux modèles plus écologiques, ont affirmé des scientifiques allemands.

L’étude de l’Öko-Institut en Allemagne a révélé que le procédé de fabrication des appareils relevant des technologies d’information et de communication (TIC), comme les « notebooks » ou les ordinateurs portables, représentait une grande partie de l’empreinte carbonique de ces produits, en raison de sa nature hautement énergivore.

La phase de production, 56 % des émissions à effet de serre d’un ordinateur portable, a un impact clairement plus important que la phase d’utilisation, peut-on lire dans cette étude. En bref, si la durée de vie d’un portable est de cinq ans, 214 kilogrammes d’équivalent dioxyde de carbone sont générés par sa fabrication et 138 kilogrammes (36 %) par son utilisation.

D’autres études estiment même que la contribution de la phase de production aux émissions à effet de serre totales d’un ordinateur portable s’élève à 57-93 %.

Si un nouvel ordinateur portable est 10 % plus efficace sur le plan énergétique qu’un ancien modèle, les émissions générées par la production, la distribution et son élimination ne compenseraient cette efficacité qu’au bout de 41 années d’utilisation, selon ce rapport. Toutefois, si l’amélioration d’un nouvel ordinateur portable en matière d’efficacité énergétique dans la phase d’utilisation est de 70 %, la période d’amortissement peut être ramenée à environ 13 ans.

« En ce qui concerne l’environnement et le potentiel de réchauffement de la planète, il n’est pas opportun d’acheter un nouvel ordinateur portable au bout de quelques années seulement, même si l’efficacité énergétique supposée de ce nouvel appareil repose sur des technologies de pointe », ont ajouté les scientifiques.

Augmentation de l’empreinte carbonique

Les émissions de dioxyde de carbone du secteur des TIC devraient passer de 530 millions de tonnes d’équivalents CO2 en 2002 à 1,43 milliard en 2020, selon un rapport de la Global e-sustainability Initiative(GeSI), un consortium de sociétés de pointe dans le secteur des TIC.

La durabilité des TIC constitue donc un problème de plus en plus pressant, dans la mesure où les émissions de ce secteur sont désormais comparables à celles du secteur de l’aviation, réglementées à l’échelle européenne.

Les gouvernements européens ont déjà commencé à adopter volontairement des stratégies politiques à long terme à l’échelle nationale pour rendre les TIC plus écologiques et ainsi réduire leurs émissions de carbone et leur consommation d’énergie.

La Commission européenne examine en outre la possibilité d’imposer des règles sur le « verdissement » des TIC à l’échelle de l’UE.

Failles

Les consommateurs achètent de nouveaux appareils tous les trois ans en moyenne, alors que leurs anciennes machines pourraient être remises au goût du jour. Cette tendance découle généralement du taux d’innovation élevé des TIC et de la baisse des prix pour les nouveaux appareils, ce qui rend le cycle de vie des produits « extrêmement » court, ajoute l’Öko-Institut.

Dans le même temps, les nouveaux modèles d’ordinateurs portables deviennent de plus en plus efficaces sur le plan énergétique dans leur phase d’utilisation, ce qui encourage les consommateurs à les acheter. Cette étude montre cependant que pour l’instant, leur capacité d’économie d’énergie n’est calculée que pour la période d’utilisation, sans prendre en compte la phase de production.

La politique européenne actuelle sur l’écoconception des produits consommateurs d’énergie se concentre uniquement sur l’amélioration de l’efficacité énergétique ou la réduction de la consommation d’énergie dans la phase d’utilisation. Les auteurs du rapport exhortent les décideurs politiques de l’UE à adapter les règles sur l’écoconception aux problèmes qui affectent le secteur des TIC tout au long du cycle de vie des produits.

Ils proposent une série de mesures qui pourraient prolonger la vie des appareils, comme  :

« Les utilisateurs attribuent de la valeur à la durée de vie des batteries pour l’usage mobile des ordinateurs portables. Il est dès lors plus important de prendre des mesures visant à prolonger la durée de vie de ces appareils dans leur ensemble et de permettre une récupération plus efficace des matières premières », a déclaré Siddharth Prakash, directeur de projet et expert des TIC respectueuses de l’environnement pour l’Öko-Institut.

Une autre faille « cachée » résulte de la présence de certaines matières premières rares dans les ordinateurs portables. Le taux de recyclage peu élevé de ces matières, en plus de leur procédé d’extraction complexe, peut poser des risques environnementaux et sociaux.

« Le cobalt, par exemple, est surtout extrait des mines de la République démocratique du Congo dans des conditions dangereuses, avec des mesures de sécurité insuffisantes pour les travailleurs qui sont en partie des enfants », peut-on lire dans l’étude.

« Même dans un pays moderne à la pointe comme l’Allemagne, une grande partie de ces matières premières sont irrémédiablement perdues au cours du cycle industriel en raison des failles des infrastructures de recyclage, notamment pour la collecte et le prétraitement des déchets », a expliqué M. Prakash.

Source : EurActiv.fr