Un extrait de « L’impression 3D dans une perspective de développement durable » par Laurent Molinari
L’économie actuelle est construite sur un modèle globalisé où les processus de production des biens sont éclatés tout autour de la planète. Cette « mondialisation » repose sur la recherche constante des plus bas coûts de production, ce qui amène des industries à délocaliser. Côté émissions de GES, les énergies utilisées dans les systèmes de production des pays à bas coûts ont, en général, une intensité carbone plus élevée, car comptant sur les énergies fossiles (charbons, pétroles…). Par ailleurs, les réglementations environnementales, et notamment les contraintes relatives à la gestion des déchets, y sont moins fortes. Enfin, la mondialisation de l’économie s’est construite autour d’une réalité d’un transport de marchandises performant et peu cher. Les émissions de CO2 de la supply chain des produits (transports et logistiques) constituent ainsi un élément important de son impact global.
Le raccourcissement de la durée de vie des biens de grande consommation, nommé « obsolescence programmée », correspond, lui, à une démarche volontaire de l’entreprise afin d’accélérer le taux de remplacement des produits. D’une part, il est quasi impossible de réparer les objets ou les biens qui sont diffusés, par manque de compétences et/ou des pièces nécessaires. D’autre part, se pose le problème de l’absence de rentabilité économique au maintien en vie des équipements, le coût de fabrication et de disponibilité de pièces détachées constituant un coût trop important pour les entreprises productrices. Les conséquences environnementales se retrouvent au niveau de la consommation d’énergie et de ressource, ainsi que sur la quantité de déchets à gérer.
L’impression 3D contre la délocalisation et l’obsolescence
Concernant la relocalisation, la diffusion de capacités de production de biens à un niveau individuel ou communautaire peut permettre de réduire la pression sur l’environnement. Si la production s’effectue dans le contexte local de l’utilisateur, celui-ci sera plus enclin à suivre et à développer les réglementations environnementales que dans un contexte où l’industriel pollue en grande partie « en dehors de chez lui ». La relocalisation de la supply chain promet également de réduire les grands flux d’échange de produits finis ou semi-finis. Enfin, les transports liés à la distribution dans un même pays peuvent être simplifiés, et donc économisés, puisque des produits peuvent être imprimés au plus près du lieu de vente/mise à disposition.
Les apports de l’impression 3D pourraient aussi être de rendre possible la production de petites séries de pièces, grâce à l’agilité et à la souplesse des systèmes de production. La production de pièces de remplacement (mécaniques, électroniques…) pourrait être rentable et donc permettre soit aux entreprises productrices, soit à des tiers (consommateurs autonomes ou entreprises spécialisées) de produire les pièces nécessaires à la réparation d’objets courants. Même s’ils sont encore balbutiants, et pour l’instant encore l’œuvre d’acteurs plutôt engagés dans le combat pour la défense de l’environnement, des exemples existent. Qu’il s’agisse de la réparation d’une bonde d’évier, d’une petite pièce en plastique permettant de faire fonctionner une imprimante, d’un verrou de baie vitrée…, le train de la réparation des objets semble bien parti. Signalons qu’au-delà de l’aspect environnemental, le maintien en condition de vie des objets peut aussi répondre à une contrainte financière, ce qui en fait un levier de développement très important.
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L’impression 3D dans une perspective de développement durable, par Laurent Molinari
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