Technip Energies est une société présente dans le management de projet et l’ingénierie pour l’industrie de l’énergie. Elle est issue de la scission, en début d’année, de TechnipFMC, une société elle-même créée en 2017 de la fusion entre le Français Technip et l’Américain FMC.
Arnaud Pieton, le CEO de Technip Energies, a expliqué à Techniques de l’Ingénieur la genèse de la société et les défis actuels et futurs qui attendent une société leader sur son domaine d’activité et présente sur tous les continents.
Techniques de l’Ingénieur : Pourriez-vous nous présenter la genèse de Technip Energies, la société que vous dirigez aujourd’hui ?
Arnaud Pieton : Technip Energies est une entreprise d’ingénierie et de technologies au service de la transition énergétique. Nous sommes une entreprise jeune, créée le 16 février dernier, mais qui s’appuie sur plus de 60 ans d’expérience ! Depuis cette date, Technip Energies est cotée sur Euronext Paris, et a attiré des investisseurs variés, aux premiers rangs desquels la BPI et une société d’investissement hollandaise, Hal Investments, qui a la réputation d’investir sur le long terme dans le domaine de l’énergie.
Comment sont découpées les activités de Technip Energies ?
Notre activité est organisée selon deux segments : la gestion de projets et les TPS (TPS pour Technologies, Produits et Services). Notre chiffre d’affaires 2020 est de 6 milliards d’euros, dont 5 milliards dans l’activité de gestion de projet. Nous sommes les architectes des infrastructures énergétiques de nos clients. Les projets sur lesquels nous sommes impliqués sont de tailles extrêmement variées, de quelques dizaines de millions d’euros à plusieurs milliards pour les plus importants : du projet de construction d’installation de production de biocarburants pour Neste aux Pays-Bas, aux installations GNL pour le projet North Field East au Qatar, le spectre d’activité est très large.
La plupart des projets sur lesquels nous sommes impliqués sont des projets stratégiques. Quand ils sont lancés, ils ne s’arrêtent pas facilement, parce qu’ils sont échafaudés sur du long terme. C’est une opportunité, pour nos 450 chefs de projets, qui ont des séniorités différentes, de travailler sur des missions variées, en termes d’échelle notamment, et de monter rapidement en compétences.
La seconde activité de l’entreprise, qui rapporte environ un milliard d’euros de chiffre d’affaires, concerne les TPS. Il s’agit de nos brevets, de nos équipements et de nos technologies propriétaires. C’est là aussi que l’on va retrouver l’activité de licencing, où nos technologies sont mises en œuvre par d’autres au sein de leurs ensembles énergétiques.
Cette seconde activité est-elle amenée à prendre une dimension plus importante dans le futur ?
Oui, c’est certain. La technologie est un vecteur de grands projets : les engagements avec nos clients démarrent souvent par une conversation technologique.
C’est d’ailleurs cette deuxième activité, plus petite en apparence, qui nourrit la première. Il est certain que nous n’aurions pas le même taux de réussite sur nos activités de projets si nous n’avions pas ces conversations très en amont avec nos clients, à partir des technologies que nous portons. L’activité TPS nous permet de développer ces technologies et de les valoriser.
La genèse des idées vient-elle de besoins que vous identifiez, ou alors ce sont plutôt les clients qui vont venir vers vous avec des besoins précis ?
Un peu des deux. Certains clients viennent nous voir avec des idées très claires sur le projet qu’ils veulent mettre en place. D’autres ont une vision plus vague et c’est notre rôle de les accompagner pour leur proposer des technologies en adéquation avec leurs besoins. Il s’agit avant tout d’un échange, pour trouver la meilleure solution pour nos clients. Ce type de demande est en augmentation : des entreprises viennent nous consulter autour de projets touchant à la décarbonation de leurs activités. Il s’agit de projets très larges, avec des scénarios d’actions très diversifiés. Le travail en amont est très important pour développer une vision macroscopique des solutions possibles : c’est quelque chose que nous faisons de plus en plus.
L’activité de Technip Energies ne se situe donc pas uniquement sur un plan technologique ?
Tout à fait. Nous avons une compétence de monétisation chez Technip Energies sur l’ensemble des chaînes énergétiques, ce qui nous permet de réaliser des simulations et études économiques d’infrastructures et de proposer des solutions pour améliorer l’ensemble des process de nos clients. Aujourd’hui, il y a dans tous les projets une dimension technique et une dimension économique ; négliger l’un ou l’autre serait une erreur.
La transition énergétique génère-t-elle un plus grand nombre de demandes de vos clients ?
Pour Technip Energies, il y a deux sujets d’actualité autour de la transition énergétique. D’abord, l’intégration en cours entre les chaînes énergétiques traditionnelles et les chaînes énergétiques futures nous amène naturellement à discuter de projets “adjacents”. C’est notamment le cas avec le gaz naturel aujourd’hui, qui génère de nombreux projets corrélés à cette ressource.
Le deuxième sujet concerne l’hydrogène : 30% des infrastructures de production d’hydrogène à travers le monde ont été installées par Technip Energies. C’est donc une expertise forte. Au-delà, les sujets autour de l’hydrogène et de la capture de carbone nécessitent de considérer ensemble plusieurs technologies. C’est aussi pour cette raison que les clients s’intéressent à nos services, et à notre capacité à appréhender une chaîne d’activité de façon globale, en intégrant différentes technologies dans les solutions que nous proposons.
Est-ce que vous travaillez sur les technologies d’énergies de synthèse ?
Nous nous y intéressons évidemment, car certains projets futurs sur lesquels nous travaillons intègrent des énergies vertes. L’incertitude pour le moment, c’est de savoir si ces énergies vertes vont se développer de façon globale ou locale. Il est probable que l’aspect local et la simplification des technologies seront deux facteurs très importants pour développer les bons produits au bon endroit. Cette vision locale, nécessaire aujourd’hui, est d’ailleurs relativement récente.
Comment appréhendez-vous la problématique de la transmission des savoirs au sein de votre société et de l’accueil des jeunes ingénieurs ?
Nous entrons à mon sens dans un âge d’or pour les ingénieurs : la remise au goût du jour de technologies anciennes, délaissées pour des raisons commerciales mais qui prennent du sens aujourd’hui, et le bouillonnement actuel autour des technologies innovantes sont des opportunités formidables. Pour Technip Energies, le challenge est important, et pour les futurs ingénieurs, il y a là la possibilité de participer à des projets ayant un impact réel sur notre avenir énergétique.
En ce qui concerne la transmission, c’est quelque chose qui habite les collaborateurs presque naturellement, au vu de nos métiers. Et aussi à travers les activités de projets qui nécessitent de transmettre. Il n’y a pas mieux en termes d’apprentissage et de transmission de compétences que de travailler concrètement sur des projets en équipe.
Nous avons également un réseau d’experts riche de plusieurs centaines de personnes, qui sont référents, et reconnus au-delà de la sphère Technip Energies. Ce réseau d’experts nous permet également de développer une veille technologique et sur l’innovation au niveau mondial, au vu de la dimension internationale du groupe.
Enfin, l’activité de Technip, qui touche entre autres à la construction, reste très masculine. Comment faire évoluer les choses ?
Il est vrai que sur certains métiers, les femmes restent sous représentées chez Technip Energies et dans notre industrie dans son ensemble. Depuis cette année, j’ai d’ailleurs rendu obligatoire le recrutement de 50% de femmes parmi les nouveaux diplômés qui nous rejoignent.
Dans notre secteur d’activité cela n’est pas évident, mais il est selon moi nécessaire aujourd’hui d’aller dans ce sens, et cela est inscrit sur la feuille de route de la société pour les années à venir. C’est souhaitable pour Technip Energies, et nous allons le faire.
Propos recueillis par Yves Valentin, directeur général de Techniques de l’Ingénieur, et Pierre Thouverez, journaliste
Image de une : Unité flottante de production offshore ©TechnipEnergies
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