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Recyclage des éoliennes : où en est-on ?

Posté le 15 octobre 2024
par Pierre Thouverez
dans Énergie

Le boom du secteur depuis de nombreuses années pose aujourd’hui la question du recyclage des éoliennes, et notamment des pâles.

Une éolienne a en moyenne une durée de vie de 25 ans. Ce chiffre varie selon le type d’éolienne bien sûr, mais reste valable pour la majeure partie de la structure, et particulièrement vrai en ce qui concerne les pâles. 

Ces dernières étaient fabriquées, pour les plus anciennes, dans des matériaux difficiles à recycler. En effet, les premières générations de pâles d’éoliennes étaient majoritairement constituées de résines époxy ou de polyesters renforcés de fibre de verre ou de carbone. Cela les rend compliqué à recycler, car il est difficile de séparer ces matériaux

D’où leur entreposage ou leur enfouissement – en Chine par exemple – qui sont très polluants, et d’ailleurs interdits dans de nombreux pays, dont la France.

En France justement, les premiers parcs éoliens ont été démantelés en 2017, dans le but de rendre les installations plus performantes et productives, en les modernisant. Mais depuis le 1er juillet 2020, la loi anti gaspillage fixe des objectifs de recyclage pour les parcs éoliens démantelés après le 1er janvier 2022. Ainsi, 90% de la masse de l’aérogénérateur et 35% de celle du rotor doivent être recyclés ou revalorisés. Dès 2025, l’ADEME table sur 3 000 à 15 000 tonnes de matériaux composites issus du démantèlement d’éoliennes à traiter chaque année, avec l’objectif, dès 2024, d’être en capacité de recycler 95% de la masse des éoliennes hors d’usage.

Ce calcul inclut les fondations, avec l’ambition de recycler 100% des matériaux constituant les éoliennes à horizon 2040.

De quoi est composée une éolienne ?

Les matériaux composant les éoliennes ont évolué depuis leur première génération, pour devenir de plus en plus simples à recycler. 

Les différentes parties d’un éolienne sont aujourd’hui composées des matériaux suivants : 

Parmi les composants cités ci-dessus, l’acier, le béton, l’aluminium et le cuivre sont aujourd’hui recyclables à 100%. Les autres composants, électriques et électroniques, peuvent être reconditionnés et revendus à hauteur de 30 à 50% de leur prix neuf.

Ces pièces reconditionnées ont permis l’émergence d’un marché des éoliennes de seconde main, à destination des pays de l’est de l’Europe et de l’Afrique.

Restent les pales, qui constituent aujourd’hui le nerf de la guerre du recyclage des éoliennes. 

Lorsqu’elles sont composées de fibre de verre, les pales peuvent être broyées et revalorisées sous forme de combustible dans la cimenterie par exemple, en remplacement des combustibles fossiles. Les fibres de carbone vont quant à elles plutôt être valorisées via la pyrolyse.

Les broyats intéressent également la recherche de par leurs qualités en termes de résistance, avec de nombreuses applications industrielles à la clé. 

In fine, l’objectif de la filière éolienne est bien sûr de mettre en œuvre des pales 100% recyclables, comme c’est déjà le cas pour certaines éoliennes offshore. Cela devrait être le cas d’ici deux à trois ans.

Quoi qu’il en soit, la constitution d’une filière de recyclage éolienne rentable économiquement, si elle constitue une obligation au regard des dernières évolutions de la loi, est également une nécessité environnementale. En effet, la quantité de matériaux, et notamment les fondations, qui représentent parfois plus de 1000 tonnes de béton, constituent une empreinte écologique indiscutable, au-delà de la problématique des pales.


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