C’est 3,1 point de mieux qu’en 2012. L’année 2013 a pourtant été peu ventée au Danemark comparativement aux années antérieures. Ce chiffre danois est en fort contraste avec le niveau de l’éolien en France durant la même année: 2,9%.
Quand le vent alimente intégralement tout un pays
La part de l’éolien dans le mix électrique danois est même montée à 54% durant les 30 jours du mois de décembre 2013, et à 68,5% durant les 7 jours de la semaine 52, en période de Noël où l’activité industrielle tournait au ralentit.
Le 21 décembre (c’est-à-dire durant 24 heures continues), le niveau symbolique des 100% a été dépassé: toute l’électricité du pays provenait ce jour là du vent, et les 2% excédentaires ont été exportés vers les voisins, en particulier la Norvège qui peut stocker l’énergie en excès dans ses lacs de montagne. Le 1er décembre, entre 4 et 5 heures du matin (c’est-à-dire pendant une heure), l’éolien a même pesé 135,8%, record du pays. Et du monde.
Le Royaume de la Petite Sirène a consommé 33,5 TWh d’électricité en 2013, ce qui correspond à une puissance appelée moyenne de 3800 MW. La puissance éolienne installée totale fin 2013 était de 4792 MW. Contre 4166 MW fin 2012. Soit une augmentation nette de 626 MW en un an.
Le Danemark, pays de 5,6 millions d’habitants, a ainsi installé en 2013 autant de puissance éolienne que la France (630 MW en 2013 selon le bilan RTE), un pays pourtant presque 13 fois plus grand et bénéficiant de plusieurs régimes de vent. Et le Danemark un pays plus densément peuplé que la France.
Le rapport puissance éolienne installée / puissance électrique moyenne appelée par les consommateurs est au Danemark de 1,26, ce qui constitue un record mondial. Il est de 0.13 en France, où la puissance appelée moyenne en 2013 a été de 62 GW et où 8140 MW de puissance éolienne étaient installés fin 2013.
Une symbiose hydro-éolienne, clé de la réussite technique
Le pays d’Andersen s’est fixé un objectif clair : 100% de renouvelable à horizon 2050. Le niveau de 50% d’éolien pourrait être atteint dès 2020, conformément aux objectifs nationaux.
Le Danemark a mis en place un système de symbiose très intelligent avec ses voisins scandinaves riches en réservoirs hydrauliques. Quand le niveau de production éolienne est faible, la Norvège augmente la production de ses centrales-lacs. A l’inverse quand le niveau éolien est fort, alors la Norvège coupe une partie de ses centrales-lacs. Les systèmes de lacs seront optimisés dans le futur en y ajoutant une composante de pompage.
La Grande-Bretagne et l’Allemagne vont être connectées par câble HVDC sous-marin (courant continu haute tension) à la Norvège. Les Pays-bas le sont dès à présent.
La France, si elle décidait de faire monter son niveau d’ENR variables à plus de 25%, a également la possibilité de devenir reliée à la Norvège et bénéficier de cette grande batterie bleue. Le total de l’éolien et du solaire est de seulement 3% aujourd’hui dans l’hexagone, ce qui est tout à fait gérable par les outils de flexibilité déjà en place.
Danemark versus Royaume-Uni, le match européen
Martin Lidegaard, le Ministre danois du climat et de l’énergie estime que les ambitions de l’UE en matière d’ENR sont insuffisantes. Il déplore que l’objectif fixant à 27 % le pourcentage d’énergie issue de ressources renouvelables à l’horizon 2030 ne soit contraignant qu’au niveau européen, et pas au niveau des états individuels. Martin Ledegaard estime que le Royaume-Uni de David Cameron a joué un rôle particulièrement néfaste en la matière. « Le débat est houleux » a déclaré Martin Lidegaard à Euractiv le 28 janvier 2014.
David Cameron a accepté un tarif d’achat de 10,9 centime par kWh nucléaire EPR, c’est-à-dire supérieur au coût de l’éolien terrestre qui est d’ailleurs particulièrement bas sur l’île britannique compte-tenu de la qualité du gisement éolien. Cette décision a suscité de vives réactions Outre-Manche, y compris de la part d’intellectuels d’ordinaire favorables au nucléaire. La commission européenne « doute que l’aide puisse être déclarée compatible » avec les règles européennes. Le Danemark a de son côté fait le choix de ne pas développer cette forme d’énergie non renouvelable.
Par Olivier Danielo
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