La France accuse un certain retard dans le développement des énergies renouvelables. Mais le rythme des raccordements éolien s'intensifie. De quoi espérer une redynamisation de la filière pour atteindre les objectifs d'ici 2023.
En 2016, le parc de production électrique français a gagné 1.345 mégawatts (MW) d’éolien. Une croissance sans précédent. C’était 35% de plus qu’en 2015 (999 MW). À la fin de l’année, le parc éolien français atteignait 11,8 gigawatts (GW). Cette croissance record se poursuit en 2017.
Vers un nouveau record de raccordement en 2017 ?
Selon les statistiques du Ministère de la Transition écologique et solidaire, la puissance éolienne raccordée au parc de production durant le premier trimestre 2017 s’élève à 330 MW pour 34 nouvelles installations. Et il s’agit de « la plus forte jamais observée lors d’un premier trimestre », se félicite le ministère. C’est environ deux fois plus qu’au premier trimestre 2016 (141 MW pour 18 installations).
Au 31 mars 2017, la puissance éolienne raccordée au parc de production électrique s’élève donc à 12,1 GW. Il y a déjà plus de 8 GW de projets d’éolien terrestre en file d’attente, dont 2,5 GW ont une convention de raccordement signée. Pour l’éolien en mer, 3 GW sont en file d’attente, sans aucune convention de raccordement encore signée.
Malgré une hausse importante de puissance éolienne raccordée depuis le 31 mars 2016, les éoliennes françaises ont produit 6,9 terawattheures (Twh) au premier trimestre 2017. C’est 12 % de moins que lors de la même période en 2016. « Ce recul est imputable aux conditions de vent défavorables durant les mois de janvier et, dans une moindre mesure, de février », avance le Ministère. Les éoliennes ont néanmoins fourni 4,8 % de la consommation électrique nationale sur la période.
Des objectifs difficiles à atteindre !
La Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) prévoit une puissance éolienne raccordée de 15 GW fin 2018. Pour respecter cet objectif, la croissance annuelle du parc devrait être portée à plus de 1,6 GW en 2017 et 2018. Pour 2020, l’objectif fixé par le plan national d’action en faveur des énergies renouvelables (PNA EnR) est à 19 GW. Soit une installation de 2 GW par an entre 2019 et 2020. Ensuite, la PPE prévoit une trajectoire de développement basse à 21,8 GW et une haute à 26 GW pour 2023. De quoi ambitionner l’installation de 2,3 GW par an. Pour atteindre ces objectifs, le volume des raccordements doit réellement s’accélérer pour atteindre des niveaux sans précédents.
Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’est engagé à soumettre rapidement après son élection un calendrier d’appels d’offres pour donner de la visibilité à la filière. Son objectif : doubler la capacité en éolien et en solaire photovoltaïque d’ici 2022 et mobiliser 30 milliards d’euros d’investissements. Pour espérer atteindre les objectifs hauts de la PPE en 2023.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Des transactions récentes au Danemark, en Egypte, en Inde, au Mexique, au Pérou et aux Emirats Arabes Unis ont vu le coût de l’électricité chuter à 0,05 dollar/KWh. Ce chiffre est bien en-dessous du coût de l’électricité d’origine fossile ou nucléaire produite dans ces pays. Les lauréats de deux récents appels d’offre en Allemagne ont ainsi pu proposer de tels tarifs sur la base du prix de gros de l’électricité, sans subventions publiques, ce qui démontre de facto que les renouvelables sont l’option la plus économique.
La nécessité de disposer d’une « charge de base » (« baseload ») est un mythe. Intégrer au réseau une large quantité d’énergie renouvelable est faisable sans avoir recours à une « charge de base » d’origine fossile ou nucléaire, à condition de garantir suffisamment de flexibilité: interconnexions au réseau, – couplage électricité-chaleur, nouvelles technologies informatiques et de stockage, véhicules électriques ou encore pompes à chaleur sont autant de réponses. Ce type de flexibilité permet non seulement d’équilibrer les sources dites variables mais aussi d’optimiser le système et de réduire les coûts de production globaux. Il n’est donc pas surprenant que de plus en plus de pays puissent atteindre un niveau de 100% renouvelables. En 2016, le Danemark et l’Allemagne ont parfaitement géré des pics de 140% et 86.3%, respectivement.
Pour finir il est faux d’affirmer que le nucléaire est moins cher. Il l’est sur les anciennes centrales amorties (et encore en évacuant un certain nombre de coûts). Ces centrales continueront à fonctionner tant qu’elles le peuvent. Si l’on compare ce qui est comparable (nucléaire nouveau type « EPR » et nouvelles centrales éoliennes) c’est l’éolien qui est le moins cher, tous les rapports récents le démontrent.
Le nucléaire est décarboné certes, mais il ne sait pas adapter sa production aux pics de consommations hivernaux. C’est le thermique à flamme qui prend le relai (charbon, fioul, gaz). L’éolien est plus producteur sur ces périodes et peut soulager l’hydraulique en plus des centrales thermiques. RTE publie depuis plusieurs années des bilans qui démontrent une réduction des émissions de CO2. Il est vrai qu’au delà d’un certain niveau l’éolien pourrait avoir un effet pervers, nous ne sommes pas du tout rendu à cette limite.
A quoi sert de ruiner notre pays avec des outils aussi intermittents que le vent et dévoreurs de cuivre, d’aluminium et de terres rares pour remplacer des MWh nucléaire bien moins onéreux et également décarbonés. On décarbone de l’électricité décarbonée, c’est un comble. Ces outils peuvent être intéressants dans les pays ou leurs production décarbonée remplace une production carbonée comme en Allemagne.
En outre, la Commission Européennes a enfin compris qu’il n’y avait qu’un indicateur à prendre en compte à savoir la réduction des émissions de gaz carbonique de 40 % en 2030 par rapport à une référence 1990. Elle a abandonné l’objectif sur les EnRi qui n’était qu’un des moyens possibles.
La France doit impérativement réduire sa consommation de 130 Mtep de combustibles carbonés en ayant un véritable programme de rénovation énergétique des 27 millions de logements anciens et les m2 de tertiaire ainsi qu’en électrifiant avec de l’électricité décarbonée les véhicules individuels et de transports en commun. 2030, c’est demain et nous sommes loin des – 40 % de CO2.
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