Shocking ! À Londres, la police métropolitaine (Metropolitan Police Service ou The MET) soutient que sa technologie de reconnaissance faciale ne commettrait qu’une seule erreur sur 1000 cas.
Mais selon un rapport du London Policing Ethics Panel – un groupe mandaté par le bureau du maire de Londres et indépendant de la police, la réalité n’est pas aussi positive.
La moitié (57 %) des personnes interrogées pensent qu’en termes généraux, l’utilisation de la reconnaissance faciale par la police est acceptable. Dans le détail, on constate que plus de 60 % des Blancs et des personnes de race mixte partageaient cet avis. Mais seuls 40 % des répondants noirs et asiatiques y sont favorable.
Et ils n’ont certainement pas tort. Car quatre personnes sur cinq identifiées comme suspects potentiels sont innocentes, selon ce rapport ! Le professeur Pete Fussey et le Dr Daragh Murray, qui ont évalué l’exactitude de la technologie lors de six des dix procès. Ils ont constaté que, sur 42 correspondances, seules huit ont été vérifiées comme correctes, soit un taux d’erreur de 81 %.
Leur rapport critique également l’utilisation par le MET de « listes de surveillance ». Il s’agit d’un registre des personnes « recherchées » que la reconnaissance faciale est censée aider à localiser. Mais selon cette enquête, les données utilisées pour créer ces listes n’étaient pas à jour.
Résultat, des personnes ont été arrêtées alors que leur affaire avait déjà été traitée. Dans d’autres cas, les raisons justifiant leur inscription sur ce registre n’étaient pas assez claires et explicites. Il y avait une » ambiguïté importante » selon les auteurs de cette étude.
Le professeur Fussey et le Dr Murray ont affirmé que l’utilisation par le MET de la reconnaissance faciale au cours de ces essais n’avait pas de « base juridique explicite » et ne tenait pas compte de la façon dont cette technologie portait atteinte aux droits fondamentaux de la personne.
Outre le taux d’erreurs élevé, cette technologie est intrinsèquement disproportionnée, car qu’elle est destinée à scanner des milliers, voire des centaines de milliers de personnes. Selon Liberty (un groupe de défense des droits de l’homme au Royaume-Uni), plus de 500 000 personnes ont été photographiées par une seule image caméra (10 images enregistrées par seconde) lors des expérimentations menées par la police, au Pays de Galles.
Selon la police, ce système ne stocke pas les visages s’il n’y a pas de correspondance avec ses bases de données. S’il y en a une, l’image est conservée pendant 24 heures.
Le London Policing Ethics Panel estime qu’il hautement « probable » que ce système sera jugé illégal s’il est contesté en justice. Après la publication de ce rapport, la capitale anglaise prendra-t-elle la même décision que San Francisco ? En mai dernier, elle a été la première ville américaine à interdire l’utilisation de la reconnaissance faciale.
Les géants dela technologie ont également commencé à prendre position contre cette solution, souvent au risque de mettre en danger leurs propres résultats financiers. Amazon a réclamé une réglementation fédérale sur son utilisation et Microsoft a fait valoir qu’elle avait un « potentiel d’abus ».
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