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Décryptage

Réchauffement climatique: une bombe pour la santé publique

Posté le par Matthieu Combe dans Environnement

Une nouvelle étude montre que le changement climatique pose déjà des problèmes de santé publique importants. Les enseignements, décrits dans le journal médical The Lancet, démontrent les différentes manières dont le changement climatique et les énergies fossiles affectent la santé des personnes à travers la planète.

C’est une nouvelle collaboration de recherche internationale qui va faire parler d’elle. Associant 24 institutions, dont l’OMS et la Banque mondiale, l’initiative Compte à rebours du Lancet : suivi des progrès sur la santé et la lutte contre les changements climatiques publiera désormais un rapport annuel de suivi des progrès en matière de santé et de climat dans le journal The Lancet. Cette initiative fait suite aux conclusions de la Commission 2015 du Lancet pour qui le changement climatique menaçait d’effacer tous les gains enregistrés en matière de santé publique depuis 50 ans. Et la première édition est riche d’enseignements.

D’abord, le réchauffement climatique n’est pas uniforme sur Terre. Et les populations sont malheureusement concentrées dans les zones où celui-ci est le plus important. Notamment en Inde, dans certaines parties de la Chine et en Afrique sub-saharienne. «Le réchauffement moyen auquel ont été confrontés les humains est de 0,9°C entre 2000 et 2016, soit plus du double de la hausse de la température moyenne mondiale sur la même période (0,4°C)», estime le rapport.

La population mondiale menacée par la chaleur

Ainsi, le nombre de personnes de plus de 65 ans exposées à des vagues de chaleur dans le monde a augmenté de 125 millions entre 2000 et 2016. Un nouveau record a été enregistré en 2015, à hauteur de 175 millions. Les experts s’attendent à ce que près d’un milliard de personnes supplémentaires soient exposées à des vagues de chaleur d’ici 2050.

Par ailleurs, la hausse des températures affecte particulièrement la productivité des travailleurs qui évoluent en extérieur en milieu rural. Le rapport estime que leur productivité a diminué de 5,3 % depuis 2000. En 2016, ce sont ainsi plus de 920.000 personnes qui ont été exclues du marché du travail, dont 418.000 en Inde.

Un air pollué qui condamne les plus pauvres

Dans le monde, 71% des 2.971 villes suivies par l’OMS présentent une concentration moyenne annuelle de particules fines (PM 2,5) dans l’air supérieure au seuil conseillé de 10 microgramme par mètre cube (µg/m3). L’exposition globale a augmenté de 11,2 % depuis 1990. Cela signifie que des milliards de personnes dans le monde sont exposées à des niveaux dangereux de particules fines. En France, cette concentration est en moyenne de 12 µg/m3, avec un pic national de 22 µg/m3 à Pantin.

La mauvaise qualité de l’air a des répercussions sur la santé en augmentant les taux d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de maladies cardiaques, de cancer du poumon et de maladies respiratoires chroniques et aiguës. Plus de 1,9 millions de décès prématurés ont été attribués à la pollution de l’air dans 21 pays d’Asie du sud-est en 2015. Deux pays, la Chine et la Corée du Nord, en ont comptabilisé plus de 700.000 chacun.

Sous-nutrition, dengue et dettes en perspective

Pour chaque degré de réchauffement climatique, les auteurs de l’étude estiment que la production mondiale de blé diminuera de 6 % et celle de riz de 10 %. La sous-nutrition serait ainsi l’une des principales menaces sanitaires liées au réchauffement. Dans un monde réchauffé, la dengue continuera aussi son expansion, alors que déjà 50 à 100 millions d’infections sont enregistrées chaque année. Deux types de moustiques ont en effet vu leur capacité vectorielle à transmettre la dengue augmenter de 3 % et 6 % depuis 1990.

Par ailleurs, plus d’un milliard de personnes dans le monde pourraient être forcés à émigrer d’ici 90 ans, en raison de l’élévation du niveau de la mer. Dernier enseignement et non des moindres : le monde aurait connu une augmentation de 46 % des catastrophes liées aux conditions météorologiques depuis 2000. Pour la seule année 2016, les pertes économiques causées par des événements climatiques se sont élevé à 129 milliards de dollars. Et 99 % de ces pertes ont eu lieu dans des pays à faible revenu et non assurés.

Malgré l’ampleur du défi, les auteurs restent convaincus que l’adaptation au changement climatique peut être l’occasion d’améliorer la santé publique mondiale. Les opportunités sont énormes : assainir l’air des villes polluées, offrir des régimes plus nutritifs, assurer la sécurité énergétique, alimentaire et hydrique, réduire la pauvreté, ainsi que les inégalités sociales et économiques. « Il est essentiel que les professionnels de santé fassent entendre leur voix afin de stimuler les progrès en matière de lutte contre le changement climatique et de tirer les bénéfices associés pour la santé », préviennent les auteurs.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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Posté le par Matthieu Combe

Les derniers commentaires

  • Pourquoi ne pas citer quelles sont les 24 institutions qui ont participé à cette étude ? L’OMS est cité, est une émanation de l’ONU dont dépend le GIEC et la Banque Mondiale est un gros investisseur dans les renouvelables. Toutes deux ont donc intérêt à faire régner l’alarmisme.
    L’article parle des menaces créées par la chaleur, alors qu’il est bien connu que la mortalité est plus importante en hiver durant les vagues de froid. Le froid tue bien plus que la chaleur et quelques degrés de plus en hiver permettraient certainement d’épargner des vies.
    L’article mélange également, de façon étonnante pour une étude dite scientifique, réchauffement et pollution par les particules qui sont deux choses qui n’ont pas de rapport direct.
    Les projections qui sont faites sur la production de blé sont en complète contradiction avec ce qui est constaté à l’heure actuelle. Le fait que l’élévation du taux de CO2 est largement bénéfique pour la croissance des plantes est oublié et que c’est un des éléments qui participe à l’augmentation des rendements agricoles, est oublié également.
    Concernant l’élévation du niveau des mers, avec une pente moyenne de 1,8 mm/an depuis 1 siècle et aucune accélération à l’horizon, dans 90 ans, dans l’hypothèse où l’augmentation actuelle se poursuit, le niveau aura monté de 16 petits centimètres !
    Quand au catastrophes naturelles, heureusement que l’article utilise le conditionnel, ‘aurait connu une augmentation de 46 % des catastrophes’, car dans ses plus récentes publications (Rapport sur les événements extrêmes de 2012 et le 5ème rapport d’évaluation de 2013) le GIEC admet lui-même qu’il n’y a pas de preuves d’une augmentation des phénomènes climatiques extrêmes ! Il suffit de se rendre sur le site weatherbell.com ou sur celui de météo France pour prendre connaissance des statistiques sur les tempêtes et les cyclones.
    En conclusion, je ne comprends pas pourquoi, une fois de plus, les TI publient un article aussi engagé et aussi peu crédible dans une rubrique sous-titrée en plus ‘décryptage’ !


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