Arthur Devouge a fondé Realitim en 2018. La société, qui propose des applications de réalité virtuelle aux entreprises et aux industriels, fait partie des pionnières françaises, sur un secteur encore jeune.
Les entreprises intègrent petit à petit dans leurs processus métiers des technologies de réalité virtuelle.
La baisse du coût de l’équipement est, selon Arthur Devouge, le point de bascule qui a permis à la réalité virtuelle de devenir une solution à valeur ajoutée pour les entreprises. Entretien.
Editions Techniques de l’Ingénieur: Racontez-nous la génèse de Realitim.
Arthur Devouge: J’ai d’abord travaillé pendant 10 ans dans des sociétés d’ingénierie et d’études informatiques. J’ai vu arriver les technologies de réalité virtuelle, qui existent depuis les années 70 mais dont le développement s’est accéléré drastiquement entre 2010 et 2017. Le nouveau modèle de casque déployé par HTC en 2016, le Vive, constitue pour moi un virage très important. On a remplacé des systèmes chers et volumineux par une solution beaucoup plus abordable financièrement et très ergonomique. Cela a permis de développer de nouveaux cas d’usages.
Voyant tout cela, j’ai décidé de travailler sur le déploiement de ces technologies début 2018. J’ai créé Realitim en avril. J’ai d’abord passé beaucoup de temps à rencontrer les clients grands comptes, les entreprises privées et publiques… l’idée étant de voir comment ils fonctionnaient et comment la réalité virtuelle pouvait s’intégrer dans leurs processus métiers.
Cela m’a permis de développer 6 offres métiers basées sur le secteur industriel, sur l’architecture, sur les RH, la communication, le marketing et la formation. Dans chacun de ces pôles métiers, on va retrouver des offres qui utilisent des technologies de réalité virtuelle et apportent des solution à valeur ajoutée à nos clients.
Quelles solutions spécifiques développez-vous pour les industriels ?
Le premier cas d’usage sur lequel nous avons un véritable retour sur investissement est constitué de maquettes virtuelles destinées à la revue de conception. On comprend bien l’intérêt de remplacer la multiplication des prototypes grâce à des applications virtuelles. La 3D avait déjà rajouté une couche entre la représentation 2D et la maquette physique. La réalité virtuelle vient aujourd’hui constituer une couche intermédiaire entre le modèle 3D et la maquette physique. Modèle virtuel sur lequel on peut bien sûr travailler avant de passer à la maquette physique.
Ces nouveaux outils de maquettes virtuelles ont je pense un potentiel très important pour les bureaux d’études et l’industrie, en tirant considérablement les coûts de production vers le bas.
Peut-on dire que la réalité virtuelle se généralise chez les industriels ?
Aujourd’hui, il y a encore peu de solutions techniques. Je dirais que les choses s’accélèrent depuis un an. Le déploiement est en cours, les plus grands groupes s’intéressent au sujet et ont parfois des projets pilotes, mais c’est encore loin d’être généralisé dans toutes les entreprises. Par exemple, lorsque nous nous déplaçons chez des industriels pour faire une démonstration, nous sommes souvent les tout premiers à leur faire expérimenter de la réalité virtuelle.
Que va apporter la réalité virtuelle dans des processus métiers préexistants ?
La plupart du temps, ce que nous apportons, ce sont de nouveaux outils, qui vont venir s’intégrer dans un processus métier. Ils vont parfois remplacer certaines étapes de ce processus, l’enrichir, le compléter.
Prenons l’exemple de la prévention des risques. Nous proposons toute une bibliothèque de formations sur la prévention des risques avec des outils immersifs. Les personnes qui vont être formées vont pouvoir vivre des expériences de risques, de dangers liés à la prévention des risques qu’ils n’auraient jamais pu ressentir autrement. On est donc là sur une amélioration de ce qui existe déjà.
Selon le besoin du client, nous allons proposer des applications «sur étagère» qui peuvent couvrir le besoin en question, ou alors développer spécifiquement une application, selon le budget et les besoins spécifiques.
La réalité virtuelle peut également être utilisée dans l’industrie pour l’organisation des chaînes de production. On se rapproche là de ce qui se fait avec le BIM. L’idée est de modéliser l’intérieur de l’usine ou de la chaîne de production et de déplacer les différentes machines / objets virtuellement pour optimiser l’espace, par exemple.
La réalité virtuelle semble aujourd’hui un média de formation à forte valeur ajoutée…
Aujourd’hui, les spécialistes estiment qu’on retient 10% de ce qu’on voit, 20% de ce qu’on lit, et 95% de ce que l’on vit ou ressent. La réalité virtuelle en tant que média est donc un outil de formation très puissant. L’impact cognitif lié à l’immersivité de la réalité virtuelle permet donc d’améliorer l’impact de la formation.
Considérons par exemple une grosse machine industrielle. Elle est composée de nombreux éléments, visibles ou cachés à l’intérieur de la machine. Pour pouvoir former les équipes de maintenance et répéter une maintenance avant qu’elle ait lieu, il est possible de créer un éclaté de cette machine, et de faire visualiser les différents éléments de cette machine en apesanteur à l’opérateur.
Envisagez-vous de développer une offre sur la réalité augmentée ?
On me demande souvent si nous avons une activité liée à la réalité augmentée. Ce n’est pas le cas. Pourquoi ? Justement parce que cette technologie n’est pas encore mature. Dès qu’on passe sur un casque, on est encore très limité technologiquement pour tout ce qui est réalité augmentée. La réalité virtuelle est une technologie beaucoup plus mature, même si elle reste jeune.
Propos recueillis par P.T
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