Facebook a enregistré en avril des bénéfices records. Mais le réseau social a besoin de recruter de nouveaux membres, et d’intéresser les jeunes pour continuer à gagner de l’argent. Alors, il mise sur la réalité virtuelle, l’I.A. et un nouveau fil d’actu.
Fin avril, Facebook annonçait avoir triplé ses bénéfices (1,5 milliards de dollars) au premier trimestre 2016, avec un chiffre d’affaire de 5,4 milliards. Pourquoi le réseau social se porte-t-il si bien ? Parce qu’avec 150 millions d’utilisateurs gagnés en 1 an, la plateforme propose au total aux annonceurs quelque 1,65 milliards de cibles potentielles.
Des bénéfices, mais un réseau social vieillissant
Pourtant, tout n’est pas si rose. 75 millions de nouveaux utilisateurs, soit la moitié des 150 millions acquis en 2015, viennent en fait d’Asie et de cette zone géographique que Facebook appelle “le reste du monde”, et que nous connaissons sous le terme de “pays émergents” – autrement dit, des marchés pas encore “matures” où le réseau social commence enfin à se faire connaître.
Et si les bénéfices sont là, c’est surtout parce que l’ARPU (revenu moyen par utilisateur) est boosté par la publicité sur le mobile. Ainsi, ses recettes publicitaires ont grimpé de 57% pour atteindre 5,2 milliards de dollars, dont 4,2 milliards (82 %) encaissés pour des annonces regardées sur des smartphones.
Derrière ces chiffres, se cache une autre réalité : Facebook est de plus en plus annoncé comme vieillissant. Facebook ne semble plus avoir vraiment la cote, face à Instagram et Snapchat – et régulièrement, on entend parler d’ados décrivant un “réseau social de vieux”, sorte de “façade” où donner une belle image de soi, et où parents et adultes ne sont jamais très loin. Même si une enquête de ComScore montre que les 18-34 ans passent encore beaucoup de temps sur Facebook, devant Snapchat, Twitter, Tumblr ou Pinterest, une étude du Pew Research Center note “un enthousiasme déclinant des jeunes » pour la plateforme.
Facebook s’inquiète aussi d’une baisse progressive de la publication de statuts “personnels”, les internautes préférant de plus en plus partager des informations circulant dans leur “newsfeed”, plutôt que de risquer de partager des publications trop “personnalisées” avec le tout venant – dans un espace “public” laissant de moins en moins de place à la vie privée.
Des chatbots proactifs sur Messenger
Pour continuer à générer des profits, Facebook essaie de se diversifier, au maximum. D’abord, en se jetant la tête la première dans le grand bassin de l’intelligence artificielle. Ses applications de messagerie instantanée, Messenger (900 millions d’utilisateurs) et WhatsApp (plus d’un milliard d’utilisateurs), fonctionnent du feu de Dieu. Alors, Mark Zuckerberg s’est lancé dans la création (par son entreprise, mais aussi par des développeurs volontaires) de robots conversationnels, ou “chatbots”, avec l’idée de permettre à l’utilisateur d’être en relation directe avec les entreprises via Messenger, via une discussion.
Pour Facebook, il faut ainsi penser à “l’ère post-applications”, et tout rendre accessible au même endroit, afin de pouvoir commander des fleurs ou réserver une chambre d’hôtel avec un chatbot sur Messenger, sans avoir besoin d’installer une appli. Son idée est donc de créer des robots “intelligents”, des I.A. capables d’analyser nos demandes et d’anticiper nos besoins. “M”, l’assistant personnel “proactif” (en cours de déploiement) de Facebook sur Messenger, “exécutera des tâches pour vous, achètera des articles, fera livrer des cadeaux à vos proches, réservera un restaurant, un voyage…”, promet Mark Zuckerberg.
Pour l’instant, les chatbots se révèlent encore bien trop lents et peu efficaces, quand ils ne sont pas carrément agaçants lorsqu’ils ne comprennent pas nos requêtes. Mais l’idée est là et Facebook mise à fond sur le Deep Learning pour améliorer ses bots, qui permettront de monétiser Messenger. Car Facebook compte bien glisser de la pub et des “messages sponsorisés” dans les conversations des chatbots. Selon TechCrunch, “si les robots sur Messenger réussissent, Facebook pourrait introduire ses chatbots sur WhatsApp”. Et monétiser cette appli à son tour.
La réalité virtuelle pour garder les jeunes ?
Pour changer radicalement son réseau social, Facebook compte aussi sur la réalité virtuelle (VR), afin de permettre à ses utilisateurs de tout partager dans des “univers virtuels”.
Couplée aux chatbots, la VR est une future “plateforme sociale”, qui permettra à Facebook de “connecter les gens”, où qu’ils se trouvent dans le monde. Munis d’un casque Oculus Rift ou Gear VR, les utilisateurs pourront filmer ce qu’ils voient, et partager des “expériences” avec leurs proches. Pour cela, ils filmeront des vidéos, en live, à 360 degrés, avec la dernière caméra futuriste de la firme, la Facebook Surround 360, et créeront des “vidéos immersives”.
Pour Mark Zuckerberg, à terme, nous n’utiliserons même plus de casques, mais des lunettes, mixant la réalité augmentée des Google Glass et la réalité virtuelle. “Imaginez que vous visitiez un monument. Avec vos lunettes Facebook, vous pourriez découvrir qu’un ami s’est rendu au même endroit l’année précédente, voir flotter devant vous ses commentaires, ajouter les vôtres”, rêve Mashable.
Et si vous passez devant un resto, pourquoi ne pas imaginer un chatbot apparaître devant vous pour vous donner des conseils ? Une chose est certaine : “il y aura de la publicité dedans”, assure Mark Zuckerberg, qui planche aussi, à travers Oculus, sur un projet de “salons virtuels”, dans lesquels se retrouver entre amis pour discuter, regarder des vidéos et jouer, en direct – “Social Alpha”.
De nouveaux fils d’actu thématiques
Facebook n’oublie bien sûr pas sa plateforme en tant que telle, en préparant la refonte de son fil d’actu. Moins encombrée par les photos, les statuts, les vidéos et les news, la nouvelle interface (pour smartphones) serait mieux structurée, plus agréable à parcourir… et permettrait de dissocier les “news personnelles” et les informations (ciblées) émanant des sites “likés”. Une façon de faire de Facebook un “super-agrégateur” de contenus, tout en permettant à ceux préférant les status “personnels”, de mieux les retrouver.
Evidemment, Facebook compte continuer à draguer de nouveaux utilisateurs dans les pays émergents, afin de continuer à accroître sa base clients et donc ses bénéfices tirés de la pub. Ainsi, Mark Zuckerberg a-t-il confié à son laboratoire, le “Connectivity Lab”, la mission de “connecter le monde entier” grâce à des drones, des lasers et des satellites.
Par Fabien Soyez
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