En matière de santé au travail, REACH est synonyme de progrès, même si tout n'est pas encore parfait. Ulrick Bronner, médecin du travail chez Alcan Aérospace, revient sur les conséquences de la mise en place de REACH, et sur l'opportunité que cette petite révolution représente.
L’adoption de REACH en décembre 2006 vise à responsabiliser les producteurs, et les importateurs de produits chimiques. Cette avancée a également des conséquences au niveau de la médecine du travail. Ulrick Bronner, médecin du travail chez Alcan Aérospace, nous explique les conséquences de la mise en place de REACH, et l’opportunité que cette petite révolution représente.
Techniques de l’ingénieur : une réforme comme REACH était elle selon vous nécessaire ?
Ulrick Bronner : Cette réforme était nécessaire, cela ne fait aucun doute, mais elle n’est pas pour autant suffisante ! L’adoption de REACH en décembre 2006 constitue une avancée conceptuelle réelle en tant que cadre réglementaire qui se veut responsabilisant et harmonisé tant pour les producteurs que pour les importateurs de produits chimiques, avec comme finalité louable une amélioration sensible du niveau de protection des populations et de notre habitat. On attend malgré tout des réponses aux insuffisances présentes dans cette règlementation et connues de tous (principe de « maîtrise valable » des substances extrêmement préoccupantes, sécurité des consommateurs vis-à-vis des produits de consommation comme les médicaments, cosmétiques, produits labellisés, pesticides… issus des autres grands marchés mondiaux.)
REACH est-il la réponse que vous attendiez aux problèmes de santé au travail ?
Non, dans la mesure où la santé au travail déborde largement la seule problématique « produits chimiques » qui n’est qu’un des défis actuels (TMS, pénibilité, risques psycho-sociaux, addictions…) du monde du travail, face auxquels les médecins du travail, disposant d’une expertise transversale unique dans l’entreprise, doivent faire valoir leur compétence. Toutefois REACH offre une opportunité réelle de plus large collaboration (devenue incontournable au niveau européen et toujours contractualisée au niveau national) entre les industriels et les médecins du travail, sur la thématique gestion du risque chimique, de l’origine (R&D et risques bruts) au consommateur ultime (bioaccumulation) qui n’a souvent plus aucun lien direct avec l’entreprise utilisatrice du produit.
Comment REACH va-t-il changer vos missions auprès des entreprises ?
En amenant davantage le médecin à mieux collaborer avec les entreprises et réciproquement. Dans une entreprise idéale où le médecin du travail aurait les moyens matériels, humains (collaborateurs) et organisationnels de mener à bien l’ensemble de ses missions de tiers-temps (situation envisageable pour certains services autonomes et quasi inatteignable pour la majorité des services inter-entreprises), REACH devrait lui permettre de crédibiliser sa présence dans l’entreprise par son association incontournable à une gestion responsable des produits chimiques (homologation, substitution, veille réglementaire, stratégie R&D, élaboration du plan Hygiène Industrielle site, validation des FDSS, avis en terme de protection et de métrologie d’ambiance, délivrance des attestations d’exposition…).
REACH marque-t-il le début d’un nouveau type de rapports entre les médecins du travail et les entreprises ?
Je le souhaite, afin qu’on passe d’une relation où parfois la méfiance est de mise vers un partenariat dans lequel toutes les parties prenantes collaborent dans un esprit de pluridisciplinarité pour une gestion intégrée de la santé, de la sécurité et de l’environnement au travail.Propos recueillis par Pierre Thouverez
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