À Budapest, les dirigeants de l’Union européenne viennent d’adopter un « Pacte pour la compétitivité » dans lequel les États membres doivent allouer 3 % du PIB à la recherche et au développement d’ici à 2030. Alors que la proposition initiale était que cette part atteigne 4 %, ce niveau risque de ne pas être suffisant, selon le rapport de Mario Draghi, pour permettre à l’Europe de rattraper son retard face aux autres grandes puissances mondiales. Dans celui-ci, l’ancien président de la BCE (Banque centrale européenne) préconisait en effet un investissement supplémentaire annuel minimum de près de 800 milliards d’euros, représentant entre 4,4 et 4,7 % du PIB.
Actuellement, les Vingt-Sept sont loin d’atteindre ces objectifs. En 2022, ils ont consacré en moyenne 2,27 % de leur PIB en R&D, d’après les derniers chiffres d’Eurostat. À titre de comparaison, les États-Unis sont à 3,59 % et la Chine à 2,56 % (hors Hong-Kong). Au sein de l’UE, les pays membres qui investissent le plus dans ce domaine sont la Suède (3,47 %), suivie de la Belgique (3,35 %), de l’Autriche (3,18 %) et de l’Allemagne (3,13 %). La France est proche de la moyenne européenne avec une part représentant 2,22 % de son PIB. Alors que l’objectif de la « stratégie Europe 2020 » de l’UE était d’atteindre 3,0 % du PIB sur la période 2010-2020, l’Hexagone n’a jamais réussi à le respecter.
Selon une note du site Fipeco, les entreprises françaises réalisent les deux tiers des dépenses en R&D en France, mais 29 % d’entre elles proviennent d’aides publiques à la recherche et de commandes publiques. Et au final, « En additionnant les dépenses des entreprises qu’elles financent (crédits d’impôts inclus) et les dépenses qu’elles exécutent et financent elles-mêmes, les dépenses des administrations publiques en faveur de la recherche et développement ont représenté 1,0 % du PIB en 2020 en France, ce qui est plus élevé que dans les autres pays du G7. »
L’État français figure donc en haut du classement en matière d’aides à la R&D. Dans un contexte de dégradation des finances publiques et de coupes budgétaires, il est difficile d’imaginer qu’il puisse augmenter ses investissements, en tout cas dans un avenir proche. Mais, comme le rappelle Fipeco, pour que ces dépenses publiques puissent se traduire en gains de productivité et en potentiel de croissance, « encore faut-il qu’elles débouchent sur la diffusion de connaissances nouvelles et que celles-ci permettent le développement de produits ou de procédés innovants. »
Un nombre de publications scientifiques tendanciellement à la baisse
Or, il apparaît que l’Hexagone est en difficulté dans ce domaine. Un indicateur peut en partie le mesurer : les publications scientifiques. Sur l’année 2022, la France se classe en Europe, derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, en matière de nombre de publications mondiales, avec une part s’élevant à 2,24 %. « La part des publications scientifiques mondiales détenue par la France, comme par l’ensemble des pays européens, diminue tendanciellement au profit des pays émergents », note Fipeco. Quant aux nombres de brevets, l’Hexagone se classe au sixième rang au niveau mondial, avec une part atteignant 3 % sur la période 2016-2021, tous domaines technologiques confondus, loin derrière l’Allemagne (9 %).
Dans un rapport publié en 2021, la Cour des comptes pointe également du doigt les carences de la France en matière de R&D. Sur l’année 2020, le pays se classe au dixième rang de l’Union Européenne et au douzième rang mondial en matière d’innovation dans les classements internationaux. Et il se situe seulement au 26e rang mondial en matière de synergies entre recherche académique et entreprises, ce qui pénalise ses performances globales sur les résultats de la recherche.
Les Sages de la rue de Cambon formulent plusieurs recommandations pour améliorer la stratégie du soutien public français à l’innovation des entreprises. Ils proposent d’améliorer « le suivi et la lisibilité des aides financières actuelles », de « mieux articuler les dispositifs de soutien à l’innovation avec d’autres interventions publiques », par exemple en facilitant les partenariats public/privé, et enfin de « renforcer la dimension européenne du soutien à l’innovation ».
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