Dans le cadre de la transition énergétique, la rénovation complète et performante des bâtiments anciens est une priorité, car elle va permettre de baisser fortement les consommations d’énergie du parc. Elle doit simultanément voir se développer un parc de logements neufs très performants. La dernière réglementation thermique de 2012 a été revue et élargie : la nouvelle réglementation environnementale 2020 (RE2020) commence à être mise en place progressivement.
Tous les acteurs du bâtiment, en particulier les fabricants de solutions de chauffage, s’interrogent sur la pertinence de leurs produits pour satisfaire les exigences de la RE2020. C’est le cas de ceux qui fournissent des composants et des systèmes intégrés, notamment du plancher chauffant/rafraîchissant par eau basse température (PCRBT). Le syndicat qui regroupe 80 % des acteurs de ce marché, Cochebat, a missionné le bureau d’études spécialisé Pouget Consultants pour en avoir le cœur net.
Analyse des indicateurs de la RE 2020
L’étude de Pouget s’est focalisée sur le résidentiel collectif qui est un marché à développer (cf. encadré). Un bâtiment type de 32 logements a été retenu (60 m² en moyenne), en structure béton, avec isolation intérieure et volets roulants manuels. Trois quarts des logements de l’immeuble sont traversants et le ratio baie vitrée/surface habitable est de 17 %.
L’étude a analysé le confort d’été, un aspect important après les périodes de canicules vécues en France, et d’autant plus crucial pour les décennies à venir. L’indicateur repose sur un calcul des degrés-heures (DH) d’inconfort estival : au-dessus de 1 250 DH, le bâtiment n’est pas conforme ; en dessous de 350 DH, il l’est ; entre les deux, il est conforme mais il nécessitera probablement une climatisation à l’avenir, ce qui le pénalisera. Globalement la solution PCRBT permet, selon les régions géographiques, d’être autour de 500 DH sauf en Bretagne (environ 200 DH) et dans le Sud-Est (1 000 à 1 500 DH). Si les solutions passives (persiennes, brasseur d’air) peuvent améliorer la situation dans le Sud, la solution idéale s’avère être le couplage du PCRBT avec du géocooling (pompe à chaleur sur sondes géothermiques verticales). En effet, toutes les zones climatiques affichent alors moins de 50 DH (cf. graphe). De plus, le rafraîchissement par plancher se fait sans bruit et sans courant d’air frais.
Sur deux autres indicateurs, le plancher chauffant/rafraîchissant apparaît aussi profitable. Du côté de l’énergie (coefficient d’énergie primaire non renouvelable de la RE2020), le recours à une pompe à chaleur (PAC) air/eau collective est le plus efficace par rapport aux chaudières gaz et au chauffage électrique. C’est aussi la solution idéale pour respecter un autre indicateur qui traduit l’impact environnemental (ICénergie). Par ailleurs, le couplage de la PAC avec un PCRBT permet une hausse des performances des PAC de 40 % en mode chauffage (grâce à la basse température), par rapport à des radiateurs.
Enfin, l’analyse de tous les impacts de l’ensemble des composants d’un bâtiment (de leur fabrication à la fin de vie) montre que le PCRBT est dans le même ordre de grandeur que les autres technologies pour un bâtiment en béton, mais fait partie des solutions à l’impact carbone le plus faible (autour de 840 kgCO2/m² sur 50 ans). L’impact est encore moins fort si la structure du bâtiment est en bois (605 kgCO2/m²).
En conclusion, Cochebat estime que le plancher chauffant/rafraîchissant est une solution clé pour respecter la RE2020, d’autant plus qu’il pourra facilement se raccorder sur les solutions innovantes de production d’énergie à basse température dans l’avenir.
Plancher chauffant/rafraîchissant : un marché à fort potentiel
Le marché du plancher chauffant/rafraîchissant par eau basse température est fortement lié à celui des constructions neuves. Très malmené (-23 %) en 2020 à cause de la pandémie qui avait freiné fortement le nombre de constructions, il a repris des couleurs (+26,9 %) en 2021. L’année dernière, ce sont donc 5,2 millions m² de systèmes PCRBT qui ont été installés. En moyenne, plus d’une maison neuve sur deux est équipée d’un tel plancher, souvent couplé avec une pompe à chaleur air/eau.
Parmi les atouts du plancher chauffant/rafraîchissant, les économies d’énergie (5 à 10 %) sont complétées par une économie de matériaux lors de la construction (-3 %) et par un gain de surface (7 à 8 %) auquel les propriétaires sont sensibles vu la tendance à la baisse des surfaces habitables.
Les marchés du tertiaire et du collectif sont plus faibles (respectivement 15 % et 5 % de parts de marché) et pourraient être plus développés, ainsi que celui de la rénovation des logements.
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