Les Gaulois aiment tenir tête aux empires. En matière de recherche sur le web, Qwant ambitionne de résister au rouleau compresseur de l’empire Google. Avec 93,5 % des requêtes effectuées en France (selon AT Internet) Google règne en maître dans la vie des internautes. La concurrence est très loin derrière avec Yahoo ! (2,6 %), Bing (2,4 %), Orange (0,4 %) et Ask (0,3 %).
Pour faire mieux que les concurrents et attaquer le marché européen avec des déclinaisons en différentes langues, Qwant bénéficie d’un nouvel actionnaire de poids. La Banque Européenne d’Investissement a en effet décidé d’investir environ 25 millions d’euros. Selon Qwant, « ce Financement s’inscrit dans le cadre de l’initiative Horizon 2020 et notamment du Programme « InnovFin – financement européen de l’innovation » qui offre des produits sur mesure pour le financement de projets de recherche et d’innovation (R-I), menés par des entreprises de petite, moyenne et grande dimension et par les promoteurs d’infrastructures de recherche ». La BEI rejoint ainsi le second actionnaire de Qwant, Axel Springer. En 2014, le groupe allemand avait décidé de prendre une participation de 20 % dans la start-up en y injectant cinq millions d’euros.
A cette époque, Eric Leandri expliquait que l’accord avec le Groupe Springer représentait « un super tremplin pour l’international. Cet important groupe allemand connait très bien les médias, l’Internet, les droits d’auteurs et il a un grand respect de la presse. Nous allons leur apporter nos compétences en sécurité informatique, en recherche… ».
« Tenter de faire la même chose que Google est un échec assuré »
Fondé en 2011 par Jean Manuel Rozan et Eric Leandri et officiellement lancé en 2013, Qwant est devenu aujourd’hui une sérieuse alternative à Google et aux autres moteurs de recherche américains. Avec un mot d’ordre : le respect de la vie privée des internautes. A la différence des géants du Web, l’Européen ne récolte pas de données sur les requêtes et la navigation des particuliers et des professionnels. Autre point fort : il assure la neutralité des résultats de recherche. Le principal reproche formulé par de nombreux sites à l’égard de Google est que ce dernier ne se prive pas de mettre en avant ses autres services comme Google Shopping.
« Tenter de faire la même chose que Google est un échec assuré. Avec Qwant, les internautes peuvent trouver des informations publiées sur des réseaux sociaux qu’ils n’auraient pas découvertes avec un moteur de recherche classique. Nous ne disons pas que nous fournissons des résultats plus pertinents que ceux de Google par exemple. Mais nous fournissons, grâce à notre interface, plus d’informations qui proviennent de différentes sources. Cela permet à l’internaute d’ouvrir ses options de recherche et d’être plus efficace », insiste Eric Leandri.
Annoncé lors d’une conférence franco-allemande sur le numérique, ce financement « démontre que les acteurs français, allemands et européens considèrent que Qwant a une place à prendre dans le panorama numérique européen. Cela ne fait pas de Qwant un succès planétaire en soi, nous en sommes bien conscients, mais c’est un signal très encourageant et cela va nous aider à grandir », a expliqué Eric Leandri.
Mais la route est encore longue avant que Qwant n’inquiète le géant Google. L’Européen revendique 6,1 millions de visiteurs uniques en septembre 2015 et se place à la porte des 5000 premiers sites les plus visités au monde.
Il faut espérer qu’il n’ait pas le même sort que Quaero. Présenté à l’époque comme l’Airbus du numérique, ce moteur de recherche réunissait entre autres Thales, Thomson, Deutsche Telekom et France Télécom. Malgré 198 millions d’euros de fonds, dont une large part de subventions, Quaero n’a jamais percé. Mais sa R&D a néanmoins été bénéfique à l’Europe.
Par Philippe Richard
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