La société américaine Google se hisse ainsi sur la première marche du podium pour « être devenu un géant de 350 milliards d’euros ayant fait émerger presque trop d’innovations pour qu’on puisse les compter ». Suivent dans le désordre, l’organisation caritative Bloomberg Philanthropies « qui fait le bien, de façon méthodique » et le fabricant de téléphones chinois Xiaomi « pour avoir réinventé le business model des Smartphones ».
Dans la suite du classement, de nombreuses entreprises liées à Internet ont également été distinguées, comme Dropbox (4e), Airbnb (6e), Yelp (10e), Twitter (13e) ou Amazon (18e).
Contrairement à l’an passé, où une entreprise française (le groupe Kering) avait été mise en avant, aucune n’a été retenue en 2014. Cela ne nous semble pas étonnant au regard des différentes analyses effectuées depuis le début de cet ouvrage.
La Suisse est de nouveau en tête du classement de l’innovation en 2014, qu’effectue l’Union européenne avec Innovation Union Scoreboard (IUS) chaque année. Ce classement est basé sur 25 critères dans huit catégories, allant du nombre de doctorants formés aux revenus des brevets acquis à l’étranger. Ce classement distingue la Suisse en particulier pour :
- l’ouverture ;
- l’excellence et l’attractivité de son système de recherche ;
- les dépenses des entreprises pour l’innovation ;
- les actifs intellectuels (brevets, marques, design).
La raison de ce classement est également à chercher dans les citations de ses articles scientifiques (facteur d’impact) et la formation d’étudiants venant de pays non membres de l’UE. Les dépenses pour de l’innovation non liées à des programmes de recherche et développement, l’innovation interne des PME, le nombre de publications scientifiques résultant de collaborations public-privé, de même que les revenus de la propriété intellectuelle pour des brevets acquis à l’étranger sont aussi à mettre du côté des points forts.
La première place de la Suisse dans le classement 2014 des pays innovants (cf. schéma plus haut) repose sur une politique sociale particulière. La rémunération est importante avec un salaire moyen de 3 280 euros et un médian à 5 000 euros. Il n’y a pas de salaire minimum, il a été refusé par les électeurs en 2014. La durée moyenne du travail est de 42 heures, à condition de bénéficier d’une convention collective (49 % des salariés sont concernés), mais la durée peut être portée à 45 heures voire 50 heures dans certaines branches, telles que le commerce et l’industrie. Avec quatre semaines de congés payés, les salariés suisses sont parmi les plus gros travailleurs de l’Europe de l’Ouest. La grève, si elle est licite, est « tabou » dans les faits. La retraite est fixée à 65 ans depuis 1948. Il n’est pas besoin de motif pour licencier un salarié, le salarié quitte l’entreprise le jour même, avec en moyenne trois mois de préavis. Il n’y a pas de statut de fonctionnaires qui ont un contrat de travail proche du privé. Il n’y a pas de Sécurité sociale, l’assurance maladie est obligatoire ; il est à noter que 18 % des Suisses ne vont pas chez le médecin. Les impôts sont proportionnellement plus élevés qu’en France, mais le différentiel de revenus a comme conséquence une plus grande aisance financière.
Le chômage est estimé à 2,9 % de la population. Les chômeurs perçoivent une indemnité dégressive pendant 400 jours afin de les inciter à retrouver rapidement un emploi.
L’innovation est le fait des entreprises ayant leur siège social en Suisse : Glencore, ABB, Nestlé, Novartis, Roche, Richemont, Swatch Group, Adecco…, qui investissent une part importante de leurs bénéfices dans la recherche, puisque les impôts sur les sociétés ont un taux de 14,5 % en moyenne (33 % en France) et que les charges sociales sont comparativement 30 % plus importantes en France (42 % contre 28 % pour les charges patronales et 22 % contre 14 % pour les charges salariales). La Suisse fait donc un choix différent de la France, des impôts plus bas pour les entreprises, des salaires plus élevés pour les salariés et une souplesse dans les contrats de travail.
Le rapport publié par l’Insead et l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) établit un indice annuel mondial de l’innovation. Si la Suisse est en tête du classement pour la deuxième année consécutive, la France ne pointe qu’au 24e rang du classement, avec une note de 51,8 sur 100.
Nous allons fournir quelques exemples avant d’évaluer les raisons du développement et du soutien à l’innovation permanente pour certaines entreprises. Chacune des entreprises présentées a innové dans un domaine particulier et a réussi, pour certaines, à conserver la capacité à se positionner parmi les meilleures de sa catégorie. Ces entreprises, françaises pour la plupart, ont peu de points communs et sont très anciennes pour certaines. L’innovation n’est heureusement pas seulement présente dans les grandes entreprises, des PME peuvent également être mises en avant pour leurs innovations, soit de rupture, c’est-à-dire une innovation totalement en rupture avec les autres produits ou services, soit de changement, c’est-à-dire une innovation qui apporte une évolution (le Smartphone par rapport au téléphone).
Selon les analyses vues précédemment, seulement 41 % des entreprises françaises cherchent à innover et 1 % réussissent effectivement. Nous présentons dans le sous-chapitre suivant le cas de quelques entreprises particulièrement intéressantes à suivre dans leur démarche.
Roland ROBEVEILLE © GERESO Édition 2015
Manager l’innovation autrement
Comment relancer l’innovation dans les entreprises françaises
Date de parution : 24 septembre 2015
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